Laïcité : les principes (1)

La laïcité : principes, crispations, application pratique (1)

L'application pratique ne peut pas aller de soi quand on ne s'est pas d'abord accordé sur les principes, sur la finalité, et quand on n'a pas bien repéré la cause des crispations qui peuvent exister.

1. Les principes

L'étymologie ne règle pas tout, mais elle éclaire un peu tout de même. Le mot laïcité vient du mot grec laos qui signifie le peuple. En situation de chrétienté, le laïc n'est pas l'incroyant, mais le croyant non religieux, c'est-à-dire qui ne fait pas partie du clergé. Par dérivation, le mot a fini par définir ce qui n'a rien à voir avec le religieux¹.

Selon le sociologue protestant Jean Baubérot, la séparation de l'Eglise et de l'Etat (1905) n'est qu'un moyen au service d'un objectif principal qui se décline en deux points : la liberté de conscience et l'égalité entre tous les citoyens. Cette séparation implique la neutralité de l’Etat, des collectivités territoriales et des services publics, pas celle de des usagers. Cette neutralité implique une impartialité, pas une opposition.

Pour servir ces deux objectifs conformes à la Déclaration des droits de l'homme de 1948², il fallait, en France,la séparation de l'Eglise et de l'Etat, l'Eglise et l'Etat ayant été trop imbriqués pendant des siècles. La Réforme protestante (XVI^ème s.) a préparé la venue du principe de laïcité, puisqu'il n'y avait plus une seule manière de vivre la foi chrétienne³, mais deux ! On connaît les soubresauts que cela a entraînés⁴.

L'objectif, avec la loi de séparation de 1905, n'est pas l'évacuation du religieux hors de l'espace public ; c'est la non-ingérence du religieux dans les prérogatives de l'Etat et de l'Etat dans le domaine religieux⁵, tout en garantissant la liberté de croire et de le dire, publiquement comme en privé. La neutralité de l'Etat implique la non-ingérence, pas l'opposition, encore moins la neutralisation du religieux.

Selon l'Observatoire de la laïcité, celle-ci repose sur trois principes :

- la liberté de conscience et celle de manifester ses convictions dans les limites du

respect de l’ordre public

- la séparation des institutions publiques et des organisations religieuses

- l’égalité de tous devant la loi quelles que soient leurs croyances ou leurs convictions.

La laïcité n'est pas une religion, c'est la liberté d'en avoir une !

(à suivre)

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Notes :

1Par exemple, quand ma collègue aumônier hospitalier se présente aux élèves infirmiers, elle précise qu'elle est une laïque, c'est-à-dire un membre de l'Eglise et non un membre du clergé.

2Voir en annexe 1 : les articles 10 et 11 de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789 et les articles 18 et 19 de la Déclaration des droits de l'Homme.

3 Un roi, une Foi, une loi” dixit Louis XIII

4Huit guerres de religion en France entre 1562 et 1598, la promulgation de l'Edit de Nantes en 1598 et son abrogation en 1685, avec la tentative d'extermination du Protestantisme pendant tout le XVIII^ème siècle.

5N'oublions pas que pendant 104 ans (1801-1905), le Concordat a fermement régenté la vie des Eglises, en France.