Le blog de Charles Nicolas

24 mai 2023

Nos légères afflictions

 

43. Nos légères afflictions

Pourquoi l'apôtre Paul dit-il : Nos légères afflictions du temps présent ? (2 Co 4.17). Ces afflictions étaient-elles légères ? Pas du tout ! Il vient d'écrire : Nous sommes pressés de toute manière, dans la détresse, abattus, persécutés (4.8-9). Il va dire juste après : C'est pourquoi nous gémissons dans cette tente, désirant revêtir notre domicile céleste (5.2). Non, les souffrances de Paul et de ses compagnons n'étaient pas légères. Elles étaient simplement légères comparées de la gloire à venir (4.17).

Cela nous montre le changement qu'opère le fait d'avoir ou pas une espérance, cette ancre de l'âme, solide et sûre, qui pénètre au-delà du voile, où Jésus est entré pour nous comme précurseur (Hé 6.19).

Cela confirme aussi que, comme pour la température extérieure, le ressenti peut varier d'une personne à l'autre, en fonction de divers paramètres (la force du vent, l'état de faiblesse...). Il en est ainsi pour le ressenti de la douleur (ou du sentiment de solitude). La même douleur sera notée à 4/10 par une personnes bien portante et à 8/10 par une personne dépressive.

Il y a quelques jours, l'émission Répliques (Alain Finkielkraut sur France-Culture) avait pour thème : La vertu du courage. Je retranscris les trois premières phrases en introduction de l'émission : Par la grâce d'une naissance tardive, selon la formule d'Helmut Kohl, nous n'avons pas connu ce que Georges Perec a appelé ''l'Histoire avec une grande hache''. Quand je dis 'nous', je veux parler des boomers, de leurs enfants et de leurs petits enfants. Ces générations, par delà les conflits qui les opposent, ont ceci de commun : elle ont été dispensées, jusqu'à présent, à de très rares exceptions près, de l'épreuve du courage1.

Je suis en train de lire le livre de Jean-François Braunstein : La Religion Woke (Grasset, 2022). Je le cite : La seule vision de l'avenir humain est celle de l'écoféminisme, qui s'est agrégé au sein de la nébuleuse woke. La jeunesse semble embrasser majoritairement ce point de vue puisqu'un sondage fait en 2021 auprès de 10 000 jeunes de 16 à 25 ans dans le monde entier, établit que 75 % d'entre eux ont peur de l'avenir (...) Une pétition est lancée en 2018 par Aurélien Barrau et Juliette Binoche, sous le titre « Le plus grand défi de l'histoire de l'humanité » : ''Nous vivons un cataclysme planétaire. Au rythme actuel, dans quelques décennies, il ne restera plus rien''. La marque tangible de cette inquiétude est l'apparition d'une nouvelle maladie mentale, l'éco-anxiété (...) D'une certaine manière, tout peut [nous] agresser, car il faut tenir compte non pas des agressions réelles, mais aussi et surtout des agressions 'ressenties'. Tout peut alors être considérer comme une agression (...) La culture de la victimisation est encouragée par la bureaucratie universitaire travaillée par l'idéologie du 'care', du soin. Le terme qui est apparu pour désigner ces wokes fragiles est celui de « flocon de neige ».

Au fil de la progression de ce qu'on appelle la 'féminisation des pratiques', des psychologues pointent le danger de la sur-protection des enfants qui, à force d'être dorlotés deviennent de plus en plus fragiles. Conséquence, nos sociétés sont de plus en plus des sociétés de la plainte et de la demande de soins. Nous voyons cela tous les jours ou presque.

Est-il interdit de gémir ? Certes pas. J'ai cité ce qu'écrit l'apôtre Paul : Nous gémissons dans cette tente, désirant en revêtir une meilleure, c'est à dire une céleste. Cela s'appelle l'espérance. C'est elle qui fait la différence et qui permet à Paul d'écrire : Nous sommes pressés de toute manière, mais non réduits à l'extrémité ; dans la détresse, mais non dans le désespoir ; persécutés, mais non abandonnés ; abattus, mais non perdus(2 Co 4.8-9). Je retranscris ces deux versets dans une autre version (Semeur), cela vaut la peine : Nous sommes accablés par toutes sortes de détresses, et cependant jamais écrasés. Nous sommes désemparés, mais non désespérés ; persécutés, mais non abandonnés ; terrassés, mais non pas anéantis.

Cela me fait beaucoup réfléchir.                                                                 Ch. Nicolas

 

Note :

1 https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/repliques/la-vertu-du-courage-8622355

____________________________

 

 

Posté par CharlesNicolas à 17:30 - - Commentaires [0] - Permalien [#]
Tags : , , , , ,


22 mai 2023

Prier davantage ?

 

42. ‌Prier davantage ?

 

Le sujet de la prière me paraît à la fois central et secondaire.
Central car la prière est la respiration spirituelle du chrétien.
Secondaire car généralement nous respirons sans y penser.

Qui ne prie pas meurt : le sarment qui croit tirer sa propre vie de lui-même

est détaché du cep, il va sécher.
Mais dans ce sens, une seule minute sans prière est fatale.

Alors, j'ose dire que nous prions plus que nous le pensons, sans doute.

Nous prions pour autant que Dieu n'est pas mis hors de notre vie,

tant que nous ne l'avons pas renié (2 Tm 2.12).

Je recommande de lire et de relire le Psaume 119.
C'est ce que j'appelle une respiration

Je connais des chrétiens (peut-être en ai-je fait partie) qui mentionnent volontiers

cette pensée de Martin Luther : - Quand j'ai beaucoup de travail, je prie deux fois plus longtemps.
Je crois que cela signifiait : pendant 3 heures.
Faut-il donc prier pendant trois heures ?
Sommes-nous donc tous de mauvais chrétiens ?
Sommes-nous condamnés à à avoir une mauvaise conscience ?

J'ai aussi connu des chrétiens qui priaient beaucoup et qui faisaient beaucoup de bêtises.
L'amour d'un enfant pour son père ne se mesure pas seulement au temps qu'il passe sur ses genoux.
Suis-je en train de dire que le temps que nous passons dans la prière compte peu ?
Je ne dis pas cela. Je dis que ce n'est pas la bonne manière de calculer.
Le Notre-Père, finalement, est dit en une minute à peine, même en songeant à chaque mot.
Mais Jésus ne dit-il pas : Veillez et priez ?
Et Paul ne demande-t-il pas de prier sans cesse ?
Je reviens alors à l'image de la respiration : nous le faisons si nous aimons le Seigneur,
si nous sommes à l'écoute de sa volonté, si nous sommes sensibles à sa voix,
si nous nous laissons conduire.
Car enfin, c'est le Saint-Esprit qui inspire en nous en nous a prière,

notamment par des soupirs inexprimables – et pas seulement par des phrases (Ro 8.16,26-27).

La prière n'est pas une œuvre, c'est une grâce.
Si nous demandons une chose conforme à la volonté de Dieu, nous savons qu'il nous écoute
et que nous obtenons ce que nous avons demandé (1 Jn 5.14-15).
Cela nécessite-t-il forcément des heures de prière ?
Non, cela peut se faire en un instant !
En même temps, c'est le fruit d'une vie de prière, d'écoute, d'abdications, d'offrande de soi, d'obéissance.
Dans ce sens, je prie mieux à genoux.

Ainsi, tel chrétien prie pendant longtemps et fait encore n'importe quoi,
et tel autre prie peu et se trouve constamment dans la main de Dieu.
Dans ce sens, tous les matins en me levant je dis à haute voix : Seigneur, ton serviteur se lève.
Peut-être, en effet, dois-je passer plus de temps dans la prière.
Je dirais qu'il y a une manière de faire qui va déblayer le chemin,
et une manière de faire qui va seulement ajouter une activité à celles que tu as déjà.
Choisis la première !

                                                                                              Charles N., lettre à un ami

______________

 

Posté par CharlesNicolas à 19:36 - - Commentaires [1] - Permalien [#]
Tags : , , ,

20 mai 2023

La communion quant à la conduite

 

 

40. La communion quant à la conduite

 

Après avoir parlé de la communion quant à la doctrine, Jean Calvin écrit au sujet de la communion quant à la conduite. Nous trouvons là les propos d'un pasteur plein de mansuétude.

 

Quant à l'imperfection de la conduite, nous devons bien plus en supporter car il est facile de trébucher à cet endroit. Puisque, bien qu'elle soit sainte (Ep 5.26), le Seigneur prononce que son Eglise sera sujette à misère jusqu'au jour du jugement, c'est en vain que certains la cherchent pure et nette.

Tous les fidèles doivent se souvenir de ces recommandations de peur qu'en voulant être trop grands zélateurs de justice, ils ne s'éloignent du règne des cieux qui est le seul vrai règne de justice.

Dès lors, que ceux qui ont une telle tentation pensent qu'en une grande multitude il y en a beaucoup qui leur sont cachés et inconnus, qui néanmoins sont vraiment saints devant Dieu.

Qu'ils pensent secondement que parmi ceux qui leur semblent vicieux (ayant des défauts), il y en a beaucoup qui ne se complaisent pas et ne se vantent pas en leurs vices, mais sont souvent émus de la crainte de Dieu d'aspirer à une vie meilleure et plus parfaite.

Troisièmement, qu'ils pensent qu'il ne faut pas estimer un homme d'après un seul fait, d'autant qu'il advient parfois aux plus saints de trébucher bien lourdement.

Quatrièmement, qu'ils pensent que la Parole de Dieu doit avoir plus de poids et d'importance pour conserver l'Eglise en son unité que n'a la faute de quelques mal-vivants à la dissiper.

Qu'ils pensent finalement, quand il est question d'estimer où est la vraie Eglise, que le jugement de Dieu est préférable à celui des hommes".

Il y a toujours eu des personnes qui ont fait croire qu'elles avaient une sainteté parfaite comme si elles eussent été des anges du Paradis, et qui sont arrivés à mépriser la compagnie des hommes qu'elles jugeaient trop faibles.

Ainsi, certains prêchent par un zèle de justice inconsidéré, considérant qu'il n'y a pas Eglise si le fruit n'est pas correspondant à la doctrine. Certes, Dieu corrigera ceux qui, par paresse, donnent un mauvais témoignage au risque de troubler ceux qui sont faibles dans la foi.

Néanmoins, ceux qui sont trop sévères se trompent aussi en ce qu'ils oublient la clémence dont le Seigneur lui-même fait preuve.

Il est vrai que les pasteurs ne veillent pas toujours de près et, parfois aussi, sont plus faciles et doux qu'il conviendrait ; ou encore sont empêchés d'exercer une sévérité telle qu'ils le voudraient. Il en résultera que de nombreux impénitents se tiendront parmi les fidèles. Je confesse que cela est un défaut qui ne peut être regardé comme léger, puisque S. Paul le reprend sévèrement.

Mais si l'Eglise ne s'acquitte pas de son devoir, cela ne signifie pas que chacun doive décider de se séparer d'avec les autres... C'est une chose de fuir la compagnie des mauvais et autre chose, par haine d'eux, de renoncer à la communion de l'Eglise.

Citations sélectionnées par Ch. Nicolas

____________

 

 

 

Posté par CharlesNicolas à 17:00 - - Commentaires [0] - Permalien [#]
Tags : , , , ,

18 mai 2023

L'inquiétude ? Connais pas !

 

 

38. L'inquiétude ? Connais pas !

Je ne vais pas vous parler d'une nouvelle méthode pour être tout le temps serein, mais d'un anesthésiste côtoyé dans une clinique, qui m'a dit un jour : Je ne sais pas ce que c'est que l'inquiétude. Il est vrai que, bien que plus tout jeune, il était en bonne santé et ne manquait pas d'argent. Etait-ce un chrétien fervent ? Pas du tout, il était incroyant.

Cela, je dois le dire, m'a laissé perplexe. Comment se fait-il que moi, qui suis chrétien, je sois assez facilement inquiet, tandis que ce mécréant peut affirmer qu'il ne l'est jamais ?

Je comprends que, chrétiens ou non chrétiens, nous sommes tributaires d'héritages humains, non choisis, et très divers. Certains portent des lunettes dès l'âge de 5 ans et d'autres lisent sans lunette à plus de 80 ans. Pour ma part, j'avais un père angoissé et une mère anxieuse. Nous n'avons pas tous les mêmes combats à mener.

Je comprends aussi que le fait d'être facilement inquiet ne signifie pas que l'on n'est pas chrétien. C'est à des croyants que Jésus commande de ne pas s'inquiéter (Mt 5.25, 31), c'est à des disciples que Paul recommande de ne s'inquiéter de rien (Ph 4.6). S'il fallait le dire, c'est que l'inquiétude n'était pas loin. Il n'est pas anormal d'être inquiet sur cette terre. Il suffit de ne pas laisser l'inquiétude nous envahir, nous paralyser, nous faire ''sortir de la foi''.

Enfin, je comprends que n'être jamais inquiet ne signifie pas qu'on est chrétien ! De même qu'être joyeux, généreux, équilibré, accueillant ou dévoué. Il faut le dire. De même qu'aller à l'église, lire la Bible et prier. Tout cela semble évident, mais beaucoup de confusion demeure : des incroyants ont une belle image d'eux-mêmes parce qu'ils ont un tempérament heureux et sont engagés dans des œuvres charitables, tandis que des chrétiens sont troublés parce qu'ils ont des combats que d'autres n'ont pas.

La Bible est plus réaliste que cela, sans jamais verser dans le fatalisme. Paul ose affirmer qu'on peut distribuer tous ses biens pour la nourriture des pauvres, sans amour (1 Co 13.3). Cela fait réfléchir. Ailleurs, il écrit : Nous gémissons dans cette tente, désirant en revêtir une meilleure (2 Co 5.2, 4). On est loin de la zen attitude. On ne voit pas ici que ce soit un péché de gémir. C'est normal, à condition de ne pas être ingrat, de ne pas 'sortir de la foi'.

Nous sommes pressés de toute manière, mais non réduits à l'extrémité ; dans la détresse mais non dans le désespoir, persécutés mais non abandonnés, abattus mais non perdus (2 Co 4.8-9). Nous nous sentons rejoints.

 

Ch. Nicolas

___________________________

 

 

Posté par CharlesNicolas à 12:05 - - Commentaires [0] - Permalien [#]
Tags : , , , ,

16 mai 2023

Ne pas choquer (Un peu de sel)

 

38. Ne pas choquer

 

En 2001, j'ai assisté à une conférence du professeur de théologie de la faculté de Montpellier André Gounelle, sur l'homosexualité. Le sujet commençait à être posé sur la table de manière de plus en plus ostensible.

Ce professeur est une figure de proue du Protestantisme libéral. Cela ne l'empêche pas d'être sérieux dans son étude (!), et très bon pédagogue. Le survol qu'il a proposé concernant l'enseignement biblique sur le sujet a été irréprochable. En bon libéral, il n'a pas conclu. Il a dit que la Bible était nettement opposée à toute pratique homosexuelle, et que maintenant c'était à chacun de se faire une opinion.

Ce qui m'a touché, c'est que plusieurs fois, au cours de son exposé, il s'est excusé auprès de ceux que la seule mention de l'homosexualité pouvait choquer. J'ai trouvé cela très beau. Cela s'appelle le respect.

Vingt ans après, ce 16 mai 2023, l'association ''SOS Homophobie'' a rendu son rapport annuel. On en a parlé à la radio toute la journée, évidemment. Les actes homophobes sont en nette augmentation, semble-t-il. Pourtant, dix ans après que la loi reconnaissant le mariage pour tous ait été votée, les mentalités ont changé, affirme la responsable de l'association. Certes, mais peut-être pas autant qu'elle l'aurait souhaité.

Il est clair que l'auteur de ces lignes ne cautionne d'aucune manière le harcèlement ou quelque violence que ce soit à l'encontre des personnes homosexuelles. Mais quand la responsable de l'association ''SOS homophobie'' affirme comme une évidence que les couples homosexuels sont des couples comme les autres, l'auteur de ces lignes est choqué. Doit-il créer une association ?

Ch. Nicolas

____________________

 

Homophobe

__________

 

 

 

Posté par CharlesNicolas à 19:31 - - Commentaires [1] - Permalien [#]
Tags : , ,


29 avril 2023

Le retour du sacré

 

Le retour du sacré

 

Je viens d'écouter, sur France culture, l'émission Répliques d'Alain Finkielkraut.

Thème de ce matin : Le retour du sacré, avec deux auteurs qui, sans être chrétiens, s'interrogent sur la disparition du sacré et sur ce besoin qui demeure cependant.

Un d'eux, Sylvain Tesson, déplore l'aplatissement de la définition de l'homme, 

réduit à ses dimensions historique, biologique et économique

Lien de l'émission : radiofrance.fr/franceculture/podcasts/repliques/la-question-du-sacre-8483600 

(durée 50 minutes).

_____________________

Dans ce même ordre d'idée, je pense au livre que Pierre Manent a écrit cet automne :
Pascal et la proposition chrétienne
 (Grasset, oct. 2022).

La proposition chrétienne est aujourd'hui inaudible, écrit Pierre Manent.
Lors d'une interview, il dit : Si Dieu existe ou s'il n'existe pas, cela fait une énorme différence.
Alors pourquoi cette question est-elle toujours évitée, repoussée à plus tard ?



Il y a aujourd'hui des adolescents et des jeunes adultes qui découvrent la réalité de la foi en Dieu et qui disent à leurs parents : Pourquoi ne nous en avez-vous pas parlé plus tôt ?

Ch. Nicolas

.

Présentation du livre de PIerre Manent :

 https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/repliques/repliques-du-samedi-22-octobre-2022-8618915

Posté par CharlesNicolas à 18:00 - - Commentaires [0] - Permalien [#]
Tags : , , ,

15 mars 2023

La transmission de la foi dans l'Eglise (3)

 

 

LA TRANSMISSION DE LA FOI DANS L'EGLISE (3)

La notion biblique de parentalité 

Lectures : Ps 78.5-8 ; Ps 131 ; Mc 10.13-16 ; 1 Th 4.1

 

5. La spécificité de l'enfant

Le mot enfant vient du latin infans qui signifie : qui ne parle pas ou : qui ne répond pas de ses actes, ce qui, dans le contexte juif, amenait à l'âge de 12 ans. On pourrait dire : l'enfant, c'est celui qui a besoin de quelqu'un d'autre, celui qui n'est pas autonome – ce qui, vous en conviendrez, s'applique aux enfants mais aussi à nous tous.

C'est là un paradoxe : bien qu'étant appelés à devenir des adultes (des hommes et des femmes expérimentés, matures), à bien des égards nous sommes tous dans la posture de l'enfant : des écoutants, des apprenants, des obéissants (en 2 mots)1. Et s'il nous arrive de l'oublier, il nous faudra repasser par la case enfant pour reprendre notre marche vers la maturité. Comme David au Ps 131. On pense à Pierre après son reniement : Un autre te ceindra et te mènera où tu ne voudras pas (Jn 21.15-18) ; on pense à Paul après sa conversion : On te dira ce que tu dois faire... (Ac 9.6)2.

Cela signifie que les parents vont parfois parler à leurs enfants en 'tu' ou en 'vous' (pour instruire, exhorter, consoler) ; et parfois en 'nous', en s'associant à eux. Les parents sont aussi des disciples qui apprennent3. Cette proximité de condition est importante. Je l'ai vécu ainsi quand je lisais la Bible à mes enfants, au coucher, avant de prier avec eux, parlant alors 'en nous'. Cela s'applique aussi aux pasteurs, aux anciens et aux diacres dans l'Eglise. Le pasteur Stuart Olyott, à Liverpool, commençait parfois sa prédication en disant : Ce matin, le Seigneur a appelé un grand pécheur pour vous apporter sa Parole. En même temps, il prêchait avec une grande autorité.

Cette proximité de situation entre les adultes et les enfants (tous pécheurs, tous en train d'apprendre) ne doit cependant pas abolir les différences. Le phénomène que l'on peut constater aujourd'hui est singulier : les enfants sont – à certains égards – des adultes avant l'heure, tandis que les parents demeurent – parfois – de grands enfants. Dans les deux cas, la pédagogie de Dieu est méprisée. Si un enfant de 12 ans a un papa qui est resté un 'grand enfant', comment va-t-il devenir adulte lui-même4 ?

 

6. L'enfant compte aux yeux de Dieu

Nous avons déjà vu que les enfants ne sont pas oubliés dans la Parole de Dieu :

- Allez, servez l'Eternel ; et vos enfants pourront aller avec vous (Ex 11.24).

- Ces commandements que je te donne aujourd'hui seront dans ton cœur. Tu les inculqueras à tes enfants, et tu en parleras quand tu seras dans ta maison... (Dt 6.6-7).

- Enfants, obéissez à vos parents. Pères n'irritez pas vos enfants (Ep 6.1-4).

Vous remarquez que Paul s'adresse ici directement aux enfants. Ildit : Obéissez selon le Seigneur ! Ne prenons pas les enfants pour des adultes, mais ne les infantilisons pas ! Un enfant peut connaître la régénération de son cœur et de son intelligence par l'action du Saint-Esprit. Il n'est pas seulement “un élève qui écoute”. Il n'est pas seulement concerné par la dimension sentimentale de la vie, comme beaucoup le croient.

Il ne s'agit pas de manipuler les enfants. Il s'agit de leur dire la vérité, d'une manière adaptée mais pas édulcorée. On dit souvent que les enfants ne peuvent pas comprendre. Ils le peuvent ! Ce sont les adultes qui ne savent pas répondre à leurs questions, à leurs attentes5. Enfin, ne rencontrons pas les enfants en groupes seulement, mais également seul à seul.

Cela concerne les très jeunes enfants : souvenons-nous du tressaillement de Jean-Baptiste dans le sein de sa mère, lors de la visite de Marie (Lc 1.44). Si un enfant à naître, si un aveugle comme Bartimée ou un brigand sur une croix peuvent reconnaître Jésus, un enfant le peut ! Et si un enfant reconnaît Jésus, son caractère, son attitude seront changés. Cela ne fera pas de lui un adulte, mais un témoin vivant de la grâce de Dieu.

Que l'on soit enfant ou adulte, c'est par une révélation de la sainteté de Dieu, de notre péché, et de Sa grâce que nous sommes transformés, que l'on fait l'expérience de la repentance et de la foi. Mettons les enfants en contact avec la vérité de Dieu et cessons de leur donner des “petits jouets spirituels” pour les amuser6. Dieu a ordonné à nos pères de l'enseigner à leurs enfants pour que devenus grands ils en parlent à leurs enfants, afin qu'ils mettent en Dieu leur confiance (Ps 78.5).

Très tôt un enfant effectue des choix : s'ouvrir ou se fermer, obéir ou se rebeller, mentir ou être sincère, être séduit par le mal (par le Malin) ou lui résister. Ne remettons pas à plus tard de lui parler de cela, de l'équiper, de lui montrer l'importance de se positionner. Le prédicateur, le dimanche, devrait aussi s'adresser aux enfants, et pas pour rire7. Soyons gentils avec les enfants, mais ne soyons pas sentimentaux. Si nous le sommes, ne nous étonnons pas de les voir s'éloigner quand ils auront 14 ou 15 ans.

 

7. Une étape provisoire et permanente

Jésus (âgé de 12 ans) descendit avec ses parents pour aller à Nazareth, et il leur était soumis. Il croissait en sagesse, en stature et en grâce devant Dieu et devant les hommes (Lc 2.51-52). Vous voyez : la soumission et la croissance vont de pair! Pourquoi l'obéissance est-elle importante ? Parce qu'elle affranchit l'enfant de ses impulsions.

Nous avons vu que les mots enfant et disciple peuvent être associés, presque assimilés. Est-ce péjoratif ? Non, car dans les deux cas il y a certes une posture d'humilité (écouter, apprendre, obéir) dans une perspective dynamique de croissance.

Le principe est donc vrai tout au long de la vie car on n'arrête jamais d'apprendre, et un chrétien demeure un disciple jusqu'à son dernier jour, même s'il est aussi devenu 'un adulte aguerri. Quand Paul appelle Timothée 'mon enfant', il s’adresse à un adulte responsable ! Quand Jean appelle les chrétiens 'petits enfants' (1 Jn 2.1 ; 2.12), ce n'est pas pour les infantiliser, c'est pour qu'ils écoutent, apprennent et grandissent ! Petits-enfants, vous n'êtes plus des enfants ! Dit-il en substance (1 Jn 2.18-21).

Jésus le dit ainsi :Le disciple n'est pas plus que le maître, mais tout disciple accompli sera comme son maître (Lc 6.40). Vous voyez la notion d'apprentissage, le processus ? Là aussi, l'humilité précède la croissance. Cela nous concerne bien tous !

C'est bien à des disciples adultes que l'auteur de la lettre aux Hébreux s'adresse quand il écrit : Mon fils, ne méprise pas le châtiment du Seigneur, et ne perd pas courage lorsqu'il te reprend, car le Seigneur corrige celui qu'il aime... Il est vrai que tout châtiment semble d'abord un sujet de tristesse et non de joie ; mais il produit plus tard pour ceux qui ont été ainsi exercés un fruit paisible de justice (12.5-6, 11).

____________________

Sommes-nous tous en train d'apprendre, de grandir ? Si c'est le cas, les enfants vont grandir aussi, et les adolescents auront envie de devenir des adultes8. Quand j'utilise l'expression : repasser par la case enfant, ce n'est pas pour régresser. C'est pour grandir dans la dynamique du Royaume de Dieu (Cf. Mc 10.14)9.

Cela concerne donc les adultes comme les enfants ; cela concerne les adultes avantles enfants ! Si les disciples-adultes ont cette posture d'humilité qui permet la croissance, les disciples-enfants l'auront aussi, plus facilement10. C'est une voie qui rapproche toutes les générations, pour chercher ensemble ce qui est agréable à Dieu !Vous avez appris comment vous devez vous conduire et plaire à Dieu, et c'est là ce que vous faites. Nous vous prions, nous vous conjurons au nom du Seigneur Jésus de marcher à cet égard de progrès et progrès (1 Th 4.1).

Cela me fait-il peur ou cela me fait-il envie ?

____________________

 

Annexes 

1. Jésus et les enfants

En Marc 10.13-16, le problème n'est pas les enfants, le problème c'est les disciples !

Beaucoup d'enfants ont probablement des problèmes avec la culpabilité. Avec qui peuvent-ils en parler ? De qui peuvent-ils recevoir des conseils pour ne pas en rester là ? Les enfants ont ainsi des problèmes sérieux : au sujet de Dieu, au sujet de la mort, au sujet de la colère, etc.

Quand Jésus dit à Pierre : Paie mes agneaux, ne parle-t-il pas des enfants ? Il dit cela à l'apôtre Pierre. Pourquoi confie-t-on principalement l'enseignement des enfants à des femmes ? La vérité pour les enfants doit aussi être dite par des hommes. Il revient aux hommes, notamment, d'acheminer les enfants vers la maturité.

Jésus ne croit pas que les enfants sont 'innocents', mais il dit qu'il leur est plus facile de recevoir le Royaume de Dieu (Mc 10.15), car leur cœur est davantage prompt à la confiance, à l'humilité, à se reconnaître dépendant. L'enfant passe plus facilement par une porte basse qu'un adulte.

Enfin, que vaut-il mieux : rencontrer le Seigneur à 60 ans ou à 6 ans ? C'est beau dans les deux cas, mais c'est mieux à 6 ans. L'évangéliste Moody qui raconte que 2 personnes et demi ont donné leur cœur au Seigneur. - Deux adultes et un enfant ? demande quelqu'un. Non ! répond Moody, deux enfants et un adulte. (L'adulte a déjà vécu la moitié de sa vie sans Dieu !).

Les enfants de chrétiens jalousent parfois le beau témoignage des adultes qui se convertissent après avoir vécu loin de Dieu. Mais beaucoup de ces adultes jalousent ceux qui ont connu le Seigneur dès leur jeune âge !

_______________

 

2. Apprendre en demandant pardon

Si le pardon est une porte pour avancer, la fierté est un mur. Ce n'est pas pareil. Il est impossible d'avoir de la fierté et de vivre la dimension du Royaume de Dieu. Or, jusqu'au brisement, nous avons tous de la fierté. Comment faire ? Apprenons à demander pardon et à pardonner. Non seulement cela va redonner la santé au corps, mais cela va toucher au cœur les inconvertis qui le verront : leur péché sera dévoilé, et la grâce de Dieu aussi.

La fierté, c'est un certain vêtement. Il faut le quitter. Et la pudeur ? Tant pis pour la pudeur. Sur les lits d'hôpitaux, certaines femmes après leur accouchement, certains malades que l'on a dû soigner ont perdu la pudeur. Normalement il en est de même pour tous ceux qui sont circoncis de cœur. Comment quitter ce vêtement de la fierté, ce déguisement ? En demandant pardon et en pardonnant.

Si un mari demande pardon à sa femme, déchoit-il de son rôle de mari ? Non. Si un papa demande pardon à son enfant, déchoit-il de son rôle de papa ? Non. L'un et l'autre ouvrent un chemin de grâce et de vérité, ils sont des modèles. Si un ancien ou un pasteur demande pardon, en privé ou en public, déchoit-il de son rôle d'ancien ou de pasteur ? Non. Il démontre qu'il aime le Seigneur par-dessus tout.

Dieu résiste aux orgueilleux, mais il donne sa grâce aux humbles. Normalement, nous avons déjà choisi notre camp. Il reste à adopter la posture qui convient. Mon mari, ma femme, mon enfant, papa, maman, chère frère, chère sœur, je te demande pardon – et je te pardonne si tu me demandes pardon, par amour pour mon Sauveur Jésus-Christ !

_________________

Notes :

1 Frères, ne soyez pas des enfants sous le rapport du jugement ; mais pour la malice, soyez enfants, et, à l'égard du jugement, soyez des hommes faits (1 Co 14.20).

2Un homme, atteint par une maladie incurable, confie à une infirmière sa demande d'euthanasie car il ne peut pas accepter de devenir dépendant. L'infirmière lui répond alors : Mais nous sommes tous dépendants !

3 Exemple : Papa conduit la voiture... qui tombe en panne. Parents et enfants s'inclinent alors devant Dieu et papa prie : - Seigneur, tu vois notre situation. Notre attente et en toi, viens à notre aide. Merci d'entendre notre prière...

4 Et si on parle aux enfants comme à des adultes, comment vont-ils aborder dans de bonnes conditions les étapes vers la maturité ? Si les parents n'ordonnent rien à leurs enfants, comment ceux-ci mettront-ils en pratique l'ordre biblique d'obéir ?

5Quand vos enfants vous diront : Que signifie pour vous cet usage, vous direz... (Ex 12.26). Cela concerne tous les sujets de la vie, tous. Il est important de rencontrer chaque enfant seul à seul. Voir l'annexe 1 : Jésus et les enfants.

6Quand nous chantons à table avec les enfants, avant le repas, le faisons-nous sérieusement ou pour les amuser ?

7 Cf. La fillette : Tu sais, maman, le pasteur il y croit !

8Si l'épouse, dans le couple, illustre la position de l'Eglise (Ep 5.25), l'enfant illustre celle des disciples (Mt 18.6).

9On peut faire plus de chemin en trois jours sur un lit d'hôpital qu'en trente années de vie active...

10Voir l'annexe 2 : Apprendre en demandant pardon.

_______________

 

Posté par CharlesNicolas à 18:00 - - Commentaires [0] - Permalien [#]
Tags : , , , ,

14 mars 2023

La transmission de la foi dans l'Eglise (2)

 

LA TRANSMISSION DE LA FOI DANS L'EGLISE  (2)

La notion biblique de parentalité

 

Annexes

 

1. La maison, un lieu de résistance

La gestion des écrans est devenu une question majeure aujourd'hui. C'était déjà le cas avec la télévision, mais cela a atteint des proportions inimaginables il y a peu de temps encore, et les conséquences sont importantes1.

Dans son livre Résister au mensonge, Rod Dreher parle de la famille comme d'une cellule de résistance. C'est dans la famille que l'on apprend à aimer l'autre. Pour les plus chanceux, c'est là également que l'on apprend à vivre dans la vérité2. Le relâchement des liens familiaux et du mariage traditionnel nous prive du refuge privé dont disposaient les dissidents anticommunistes. Les chrétiens occidentaux, hélas, ne diffèrent pas tellement des incroyants.

Je le cite encore : Tout le mal ne vient pas de la gauche. Avec l'avancée du consumérisme et de l'individualisme, nous avons construit un écosystème social dans lequel la fonction de la famille a été réduite à produire des consommateurs autonomes, sans aucun sentiment de connexion ou d'obligation à une quelconque réalité supérieure autre que la satisfaction du désir. Les parents conservateurs n'ont pas de mal à repérer dans le discours des idéologues progressistes les menaces qui pèsent sur les valeurs de leur famille, mais ils acceptent souvent sans esprit critique la logique et les valeurs du marché libre, quand ils n'abandonnent pas carrément le cerveau de leurs enfants aux smartphones et à Internet.

Un des chapitres du livre s'intitule : Ne pas avoir peur de paraître bizarre aux yeux de la société. Dans le soft totalitarisme qui vient, les chrétiens devront redoubler d'attention pour la vie de famille. La famille chrétienne traditionnelle n'est pas simplement une bonne idée : c'est une stratégie de survie de la foi par temps de persécution.

Dans ce livre encore, l'auteur, sans dénigrer les églises établies, montre l'utilité, voire la nécessité de vivre aussi la foi dans de petits groupes qu'on pourrait appeler cellules de quartier ou églises de maison. Je le cite : Les chrétiens occidentaux ne courent pas le risque de se voir défendre la pratique de leur religion, mais il est possible et même fort probable que les Eglises institutionnelles et leurs responsables continuent d'être inadaptés au défi de former efficacement leurs fidèles à la résistance. Voilà pourquoi de petits groupes très engagés, comme ceux de l'ère soviétique, sont indispensables.

______________

 

2. Le principe de délégation

Quel que soit le sujet que nous abordons, il faut toujours partir de Dieu. C'est la meilleure manière de s'orienter et d'offrir en retour à Dieu ce qui lui revient – c'est-à-dire tout, y compris nos enfants. C'est ce que dit Paul pour conclure la partie doctrinale de sa lettre aux Romains3. C'est aussi ce que nous enseigne le Notre Père. Les Réformateurs ont appliqué ce principe.

Au sujet des enfants, Martin Luther a écrit ceci : « C'est Dieu qui lange l'enfant et lui donne la bouillie. Mais il le fait par les mains de la mère ». Jean Calvin dit la même chose avec d'autres mots : Dieu met l'enfant dans les bras de la mère et dit : Prends soin de lui de ma part, maintenant. Cette parole a une portée immense. Elle dit que tout ce qui est juste et bon, sur cette terre, procède de Dieu. C'est le principe de la grâce ! De Dieu procède « la vie, le mouvement et l'être » (Ac 17.28), mais Dieu confie aux parents les soins dont l'enfant a besoin, depuis les langes et la bouillie jusqu'à l'éducation avec tout ce que cela comprend. Calvin dira cela aussi, avec d'autres mots : « Dieu met l'enfant dans les bras de la mère et lui dit : Prends soin de lui de ma part, maintenant ».

Nous comprenons sans peine ce que cela implique. En un sens, le rôle des parents est second : ils n'ont pas à prendre la place de Dieu. En même temps, ce rôle revêt une très grande importance... parce qu'il est confié par Dieu4 ! Voilà qui est susceptible de nous aider à trouver la juste place, ce qui n'est pas si facile... Voilà qui va nourrir l'attitude de serviteurs et de servantes mandatés : humbles, dévoués, désintéressés (ne cherchant pas leur propre intérêt. Cf. 1 Tm 3.3 ; 1 Pi 5.2-3), persévérants. Tout ne se passe pas sur le registre de l'affection ! Mais cette humilité du service n'amoindrit pas l'autorité légitime, car celui qui est envoyé détient une partie de l'autorité de celui qui l'envoie.

Cette posture distingue l'enfant de ses parents. Mais elle les associe également. Quand le papa ou la maman lisent la Bible aux enfants, le soir, et prient avant d'éteindre la lumière, ils démontrent qu'ils sont en position de responsabilité de la part de Dieu, mais aussi qu'ils sont avec leurs enfants et comme eux dépendants, obéissants et reconnaissants envers Dieu. Ainsi, l'enfant reconnaît que l'autorité des parents n'est pas usurpée : elle est bienveillante et renvoie à une autorité plus grande5.

_____________

 

3. Un père et une mère

Si possible les deux. Je cite le livre des Proverbes : Ecoute, mon fils, l'enseignement de ton père et ne rejette pas l'instruction de ta mère, car c'est une couronne de grâce pour ta tête (1.8 ; 6.20 ; 23.22, 25). Il y a bien une vocation commune, un mandat commun, un même honneur dus au père et à la mère : Tu honoreras ton père et ta mère (Ex 20.12).

La présence des deux parents apparaît joliment dans le seul récit que nous ayons de l'enfance de Jésus. Jésus a 12 ans. Son père et sa mère sont là, et Luc écrit que Jésus descendit avec eux, et il leur était soumis (Lc 2.51). On voit que la soumission de cet enfant à son père et à sa mère est favorable à sa maturité : Jésus croissait en sagesse, en stature et en grâce, devant Dieu et devant les hommes (2.52).

La présence des deux parents est superbement rappelée aussi par Paul : Enfants, obéissez à vos parents selon le Seigneur, car cela est juste. Puis, il cite le Décalogue : Honore ton père et ta mère (c'est le premier commandement avec une promesse), afin que tu sois heureux sur la terre (Ep 6.1-3).

Certains diront que la Bible décrit des situations idéales... Pas vraiment : les parents de Jésus ont cherché leur enfant de 12 ans pendant 4 jours ! - Oui, mais les deux parents étaient là. C'est vrai. Cependant, il est beaucoup question de veuves et d'orphelins dans la Bible... Pour les situations où un des deux parents est absent (physiquement ou moralement), la notion de maternité et de paternité partagée que nous avons évoquée6, la notion de discipulat qui a aussi été mentionnée, sont des éléments de réponse importants.

La complémentarité. Paul en parle en référence à son propre ministère, en disant que lui, apôtre, a tour à tour été comme une mère et comme un père : De même qu'une nourrice prend un tendre soin de ses enfants, nous aurions voulu, dans notre vive affection pour vous, non seulement vous donner l'Évangile de Dieu, mais encore nos propres vies, tant vous nous étiez devenus chers (1 Th 2.7-8).

Nous entendons les mots qu'il utilise : tendre soin, vive affection, donner nos propres vies. Il s'agit de porter dans les bras, de veiller à ce que rien ne manque en termes de subsistance, de chaleur, d'affection, de soins. On reconnaît le rôle maternel. N'y a-t-il que cela ? Non, mais la maman, par son attention, est garante de cela en premier. Il ne faudrait pas l'oublier...

Trois versets plus loin, le même Paul écrit : Vous savez aussi que nous avons été pour chacun de vous ce qu'un père est pour ses enfants, vous exhortant, vous encourageant, vous conjurant de marcher d'une manière digne de Dieu, qui vous appelle à son royaume et à sa gloire (2.11-12). Remarquons les termes : exhorter, encourager, conjurer, marcher d'une manière digne, c'est-à-dire qui a du poids !

On pourrait dire – de manière schématique – que la mère est du côté des droits, tandis que le père est du côté des devoirs. Tout le monde est d'accord pour dire qu'il faut les deux. Tout le monde est d'accord pour dire que la mère peut aussi rappeler les devoirs (elle le fait aussi, heureusement) et le père se préoccuper des droits (prendre la défense). Cependant, il sera plus difficile pour la mère d'assumer la responsabilité du père et moins aisé pour le père d'assumer celle de la mère.

Faut-il ajouter que les deux parents devraient être accordés dans leur similitude et dans leur différence, en fonction de leurs vocations et de leurs personnalités ? Les droits de l'enfant comme ses devoirs vont forger sa personnalité et sa maturité.

La carence de paternité. Tout le monde est d'accord pour reconnaître que l'être humain, par nature, est davantage soucieux de ses droits que de ses devoirs, et que notre époque l'est peut-être plus que toute autre. Ce n'est pas sans rapport avec la "féminisation des pratiques", ou encore le réflexe de “victimisation” qu'on observe actuellement. Cette féminisation, cette victimisation, ont pour arrière-plan l'humanisme qui conçoit le monde sans Dieu, c'est-à-dire sur un plan strictement horizontal7.

Mangeons et buvons... Cela donne une impression de liberté pendant un moment, mais les carences sont considérables. Par exemple, comment l'enfant va-t-il répondre au commandement biblique d'obéir à ses parents si les parents ne font que dialoguer avec lui et ne donnent jamais d'ordres ?

On a interrogé à ce sujet Aldo Naouri: Nous vivons dans une société qui manque de pères et c’est la cause du désarroi actuel [des enfants]. Sous prétexte du rejet de l’antique 'Pater Familias', l’autorité paternelle est aujourd’hui battue en brèche (...). Les pères préfèrent plutôt endosser un rôle de copain à l’égard de leurs enfants. Leur positionnement de mère est encouragé par notre société de consommation. Celle-ci crée sans cesse de nouveaux besoins et nous incite chaque jour à les satisfaire (...). De ce fait notre société est devenue très maternante (...) Si l’on veut s’en sortir, il faut que les pères réintègrent leur place afin que les enfants, moins maternés, apprennent à composer avec l’adversité et la non-satisfaction (...) Aujourd'hui, le père est paumé : il n'a plus de statut, il est une mère de substitution.

Le principe de réalité, dans la Bible, est très clair : La folie est attachée au cœur de l'enfant ; la baguette de la correction l'en délivrera (Pr 22.15). Du mot 'correction', nous n'avons retenu que la dimension négative ; et pourtant... Qu'advient-il si on ne corrige pas ce qui dévie ? C'est pourquoi le livre des Proverbes dit aussi : "Le Seigneur réprimande celui qu'il aime, tout comme un père le fils qu'il chérit" (3.12). Pourquoi ? Parce que celui qui ne corrige pas ment, faisant croire qu'il n'y a pas de conséquences, que tout revient au même, ce qui est faux.

Nous lisons dans la lettre aux Hébreux : Mon fils, ne méprise pas la correction du Seigneur, ne te décourage pas lorsqu'il te reprend. Car le Seigneur corrige celui qu'il aime, il châtie ceux qu'il reconnaît comme ses fils... Nous avons eu des pères terrestres pour éducateurs, et nous nous en sommes bien trouvés. Nos pères terrestres nous corrigeaient pour un temps ; Dieu nous corrige pour notre profit, en vue de nous communiquer sa sainteté. Toute correction, sur le moment, ne semble pas un sujet de joie, mais de tristesse. Mais plus tard, elle produit chez ceux qui ont été ainsi exercés un fruit de paix et de justice(Hé 12.5-11).

_________________

 

4. La niche sensorielle

Dans son livre :La nuit, j'écrirai des soleils (Odile Jacob, 2020), le neuropsychiatre Boris Cyrulnik explique que pour se développer, l'enfant a besoin d'un environnement favorable, rassurant, qu'il appelle la niche sensorielle.

Dans nos sociétés occidentales, cette niche est finalement très restreinte, avec les deux parents et les enfants. Si un des deux parents vient à manquer, la carence est presque inévitable.

Dans les cultures asiatiques ou africaines, la niche sensorielle est plus étendue, comprenant les oncles et tantes et parfois une partie de la tribu. Qu'un des parents vienne à manquer, la carence sera beaucoup moins douloureusement ressentie.

Le fait que les parents de Jésus aient marché toute une journée avant de s'apercevoir que leur enfant de 12 ans n'était pas avec eux semble montrer qu'au Proche-Orient, la 'niche sensorielle' était aussi assez large. Cela n'empêche pas de lire que Jésus était soumis à ses deux parents (Lc 2.51).

Cette observation va dans le sens de ce que j'ai appelé une parentalité partagée : dans la communauté (ecclésiale), tout homme a une certaine vocation paternelle, même s'il n'est pas père, et toute femme a une certaine vocation maternelle, même si elle n'est pas mère.

______________

Notes :

1file:///C:/Users/Client/Documents/TEXTES/MI-TEMPS/MI-TEMPS-2023/10-EEL-Castres-LeNum%C3%A9rique/Joudes/LaHouletteSpi/Gestion%20des%20e%CC%81crans,%20quelques%20pistes.pdf

2Sur la capacité de résistance, on peut voir le film Une vie cachée (2021).

https://www.youtube.com/watch?v=o8NT2u14eiE&ab_channel=UGCDistribution

3« Tout est de lui, par lui et pour lui. A lui la gloire dans tous les siècles ! Amen ! » (Ro 11.36). Cette vision diffère de celle de l'humanisme pour lequel tout est “de l'homme et pour l'homme”.

4Les parents sont en quelque sorte les lieu-tenants de Dieu. De ce fait, ils ne devraient pas trop facilement déléguer à d'autres ce que Dieu leur confie... Cf. L'Association Vaudoise de Parents Chrétiens.

5Ce principe est 'créationnel' et relève de la grâce générale : il s'applique même en dehors du peuple de Dieu.

Je recommande la lecture avec les enfants de La Bible racontée aux enfants, d'Anne de Vries, dont le texte est d'une très grande qualité. La lecture du livre des Proverbes est également très riche pour la lecture en famille. Le culte de famille a forgé des générations de chrétiens.

6Voir l'annexe 4 sur la niche sensorielle.

7 Je recommande le livre de Larry Crabb, Le silence d'Adam. Devenir des hommes de courage dans un monde chaotique. Ed. La Clairière, Québec, 1993, 2003.   

________________

 

Posté par CharlesNicolas à 18:00 - - Commentaires [0] - Permalien [#]
Tags : , , , ,

13 mars 2023

La transmission de la foi dans l'Eglise (1)

 

 

 LA TRANSMISSION DE LA FOI DANS L'EGLISE (1)

La notion biblique de parentalité

 

Beaucoup pensent qu'il n'est pas facile d'être parents aujourd'hui. Croyez-vous que c'était simple d'être les parents de Caïn et d'Abel, d'Ismaël et d'Isaac, de Jacob et d'Esaü ? Et les parents de Jésus ? Marie dit : Mon enfant, pourquoi as-tu agi de la sorte avec nous ? Voici, ton père et moi nous te cherchions avec angoisse. Et quand l'enfant Jésus leur répond, ses parents ne comprennent pas ce qu'il leur dit(Lc 2.48-50).

Certains pensent que l'erreur de Dieu a été de confier à des êtres humains une tâche aussi difficile que celle d'éduquer des enfants, de faire d'eux des adultes. En réalité, la seule explication de cette difficulté, c'est le péché ! Le péché chez l'enfant, c'est vrai ; le péché dans la société bien sûr, et le péché chez les parents, naturellement. Si nous pouvions nous accorder sur ce constat, nous aurions déjà fait un pas important1.

Lecture : 1 Th 2.7b-8, 11-12. Dans ce passage, l'apôtre Paul (qui n'était pas marié et n'avait pas d'enfant) se compare tour à tour à une maman, puis à un papa, cela pour définir la nature même de son ministère.

 

1. L'importance de la maison

Dans la Bible, la réalité de la maison revêt une très grande importance.Le cœur vient en premier. Ensuite, c'est la maison. Ces commandements que je te donne aujourd'hui seront dans ton cœur. Tu les inculqueras à tes enfants, et tu en parleras quand tu seras dans ta maison, quand tu iras en voyage, quand tu te lèveras et quand tu te coucheras (Dt 6.6-7). On ne devrait jamais parler de l'église sans évoquer ce qui se vit dans les maisons. Remarquer dans ce passage que la maison n'est pas un lieu clos. Elle ouvre au vaste monde : et quand tu iras en voyage, c'est-à-dire partout !

Souvenons-nous du sang de l'agneau sur le linteau des portes des maisons, en Egypte. Les enfants étaient là. Je lis : Lorsque vos enfants vous diront : que signifie pour vous cet usage, vous direz : (Laisse-moi tranquille, je n'ai pas le temps !)- Non, vous direz : C'est le sacrifice de la Pâque en l'honneur de l'Eternel, qui a passé par-dessus les maisons des enfants d'Israël lorsqu'il frappa l'Egypte et sauva nos maisons (Ex 12.26-27).

On pense aussi à ces paroles de Josué : Moi et ma maison, nous servirons l'Eternel (Jos 24.15). Calvin écrit que chaque maison de chrétiens doit être gouvernée comme une petite église. Doit-on y lire la Bible ou chanter des cantiques du matin au soir ? Non, mais on doit toujours y chercher ce qui plaît à Dieu (1 Th 4.1)2.

L’Eglise n’est pas une réalité située à côté des maisons : l’Eglise est le prolongementdirect de ce qui se vit dans les maisons. Ainsi, je me demande si on peut réellement prier avec l'église, chanter des cantiques et écouter la Parole de Dieu, si on ne l’a pas d’abord fait à la maison, tout seul ou en famille. En famille, cela signifie avec les enfants. Allez, servez l'Eternel ; et vos enfants pourront aller avec vous, dit Pharaon (11.24).

L’écoute, le respect, l’obéissance, le pardon, où cela va-t-il s’apprendre, si ce n’est dans la maison ? La responsabilité, la générosité, l’hospitalité, où cela va-t-il s’exercer d’abord, si ce n’est dans les maisons ? Les dons reçus de Dieu, le devoir partagé, le souci des autres, l'esprit de service, où cela va-t-il se développer en premier, si ce n’est dans la maison ? Pas seulement dans la maison, mais d’abord à la maison3 !

___________________

Le sujet de la maison est délicat pour plusieurs raisons, notamment à cause de la notion de vie privée. C'est ma maison, c'est ma femme, c'est mon mari, ce sont nos enfants... Cela n'est pas faux ! Mais cela pose question cependant.

Dans la Bible, la notion de propriété privée existe bien, mais ce n'est jamais quelque chose d'absolu : le propriétaire est plutôt un gérant responsable de ce que Dieu lui a confié. Il devra rendre compte. Luther le dit joliment : C'est Dieu qui lange l'enfant et lui donne la bouillie, mais il le fait par les mains de la mère. Calvin dit la même chose avec d'autres mots : Dieu met l'enfant dans les bras de la mère et dit : Prends soin de lui de ma part, maintenant. Vous voyez se dessiner la notion de vocation, avec ce qu'elle a de modeste, mais aussi ce qu'elle a de grand.

C'est un peu comme le capitaine d'un navire qui se dit seul maître à bord après Dieu ! Le 'après Dieu' change beaucoup de choses et fait du capitaine un serviteur, finalement : il a une mission à remplir qui dépasse sa propre personne. Il exerce une autorité, mais au nom de quelqu'un d'autre. Autrement dit, je ne fais pas ce que je veux, si je veux, comme je veux4. Je fais ce que Quelqu'un me demande de faire, et je le fais comme il me le demande. Ce Quelqu'un, c'est Dieu5.

Quand Jean Calvin dit queles parents sont comme des pasteurs dans leur maison, il dit exactement cela. Ce n'est pas seulement donner à manger, c'est aussi prendre soin, et c'est aussi diriger, c'est-à-dire donner la direction6.

Je reviens à la notion de propriété privée. Certes, ce n'est pas aux autres de gérer ma maison, mon couple si je suis marié, mes enfants si j'ai des enfants, mon budget, etc. Mais l'opacité qui entoure parfois tout cela pose problème. Je reconnais que c'est une question délicate, mais qui doit être posée.

Aujourd'hui, les pasteurs, les anciens, les diacres ont devant eux des barrières et des sens interdits tous les 3 mètres ; et les prédicateurs restent généralement dans des généralités pour ne pas se faire rabrouer après le culte... Quand on les appelle pour un problème, c'est souvent bien trop tard.

Beaucoup de problèmes dans l'église sont sans solution. Pourquoi ? La cause est dans la maison. C'est comme si une voiture était en panne, mais qu'on ne puisse pas ouvrir le capot du moteur...

Je le redis : une grande partie des difficultés rencontrées dans l'Eglise ont leurs racines dans le vécu au niveau des maisons. C'est dans les maisons que les solutions ou les résolutions doivent être trouvées, bien souvent.

 

2. Les enfants sont de petits disciples

J'ai dit que le vécu à la maison avait un fort impact sur le vécu de l'église. L'inverse est également vrai. Tout ce qui concerne l'éducation des enfants – à quelques points près – est assez semblable à ce qui concerne le discipulat dans l'Eglise. En un sens, nous en avons un exemple avec ces paroles de Jésus : Le Fils ne fait que ce qu'il voit faire au Père, et tout ce que le Père fait, le Fils le fait pareillement (Jn 5.19).

Ainsi, dans une église qui pratique un vrai et bon discipulat (écoute, respect, esprit de repentance et de pardon, obéissance de la foi, marche dans la lumière, soumission aux autorités, sens des responsabilités, esprit de service, pédagogie des modèles, etc.), il n'est pas vraiment nécessaire de faire de l'éducation des enfants un sujet à part : la chose découlera naturellement du vécu.

En d'autres termes, plus une église sera conséquente dans sa dimension de “communauté de disciples”, plus l'éducation des enfants sera naturelle et féconde7. Ce que les enfants observeront les enseignera, plus que tous les discours. Plus une église s'éloignera de ce modèle, plus l'éducation des enfants sera fastidieuse et aléatoire.

Que peuvent observer les enfants dans la maison, dans l'Eglise ? Est-ce que cela les touche profondément ? Est-ce que cela les enseigne ? Est-ce que cela leur fait envie ? Est-ce qu'ils ont envie d'en parler à l'extérieur ? Est-ce qu'ils peuvent assumer d'être différents ?

Quand nos enfants (ou petits-enfants) vont à l'école, ils peuvent en revenir avec de mauvaises habitudes. Nous pouvons leur dire : Pas dans cette maison ! Vous imaginez, ensuite, un enfant qui, dans la cour de l'école, est capable de dire à ses camarades : Oui, oui, oui, mais là non. Quel témoignage, quel appel aux consciences !

 

3. Nous sommes tous des pères et des mères

Même ceux qui n'ont pas d'enfant ? Oui. Même les célibataires ? Oui. Ce point est très important. Jésus n'a pas eu d'enfant, mais il dit au paralytique qu'il guérit : Mon enfant... Paul n'avait pas d'enfant, mais il appelle plusieurs fois Timothée : Mon enfant ! et Timothée n'était pas un enfant. Jean n'avait pas d'enfant, mais il écrit plusieurs fois : Petits enfants, je vous écris ces choses... et il n'écrivait pas à des enfants ! Il y a donc une paternité et une maternité qui dépassent le cadre restreint de la famille8.

Déjà, Eve porte un nom qui signifie mère de tous les vivants (Gn 3.20). Abraham n'a eu qu'un héritier, mais il est appelé père d'une multitude (Gn 17.4-5). Dans le cadre de l'Eglise, Paul écrit à Timothée : Ne réprimande pas rudement le vieillard, mais exhorte-le comme un père, les femmes âgées comme des mères (1 Tm 5.1-2). Nos frères et sœurs africains le vivent ainsi.

Autrement dit, chacun de nous peut avoir un ou plusieurs pères ou mères spirituels dans l'église, et peut le devenir pour un ou plusieurs autres. Un enfant de 10 ans qui donne la main à son petit frère ou à sa petite sœur de 6 ans pour traverser la route n'est-il pas en train de développer une sorte de paternité ou de maternité de la part de Dieu ?

Cette illustration avec l'enfant de dix ans rappelle qu'il ne s'agit pas que de paroles : il s'agit surtout d'exemples de vie. Les enfants sont plus observateurs qu'on le pense. En fait, rien ne leur échappe. Surtout, ne trichons pas.

La vocation paternelle et maternelle ne concerne pas seulement ceux et celles qui ont des enfants. En tant que fonction déléguée, elle appartient à tout homme, à toute femme et elle peut commencer à s'exercer très tôt, d'une manière bienveillante qui est le reflet de la bienveillance de Dieu.

Il va de soi, sauf cas particuliers, que personne ne prend littéralement la place des parents directs. Il ne s'agit pas de cela.

Plus une église comprend d'hommes et de femmes qui, quels que soient leur âge et leur statut familial, développent cette dimension paternelle ou maternelle de manière juste, équilibrée (ni déficiente ni excessive), plus l'éducation des enfants sera facilitée, notamment celle des enfants qui vivent avec un seul parent.

Enfin, je poserai cette question : Assurer le rôle que Dieu nous confie devrait-il nous faire peur ou nous faire envie ? Il est normal que cela nous fasse peur, parfois ; mais avec la grâce et avec les promesses de Dieu, cela devrait aussi nous faire envie !

Ch.N.

___________________________

Notes :

1Remarquer que c'est la même chose dans les relations souvent difficiles entre les hommes et les femmes, je ne vous apprends rien. Le problème, ce n'est pas l'homme, ni la femme. C'est le péché dans la vie de l'un et de l'autre.

2Voir l'annexe 1 : La maison, un lieu de résistance.  Les annexes paraîtront dans la séquence suivante.

3 Il y a un souci familial de Dieu, écrit Henri Blocher. Pour Dieu, la famille est une communauté dans laquelle une contagion de la grâce est possible. La foi qui est en Timothée habita d'abord sa mère et sa grand-mère (2 Tm 1.5).

4Je pense au slogan du Planning familial : Un enfant si je veux, quand je veux.

5Voir l'annexe 2 sur la notion de délégation.

6Voir l'annexe 3. Un père et une mère.

7 Certains aspects, il est vrai, appartiennent en propre à l'éducation des enfants : l'obéissance prompte (Ep 6.1), la répréhension immédiate (Hé 12.9-11), la correction physique (Pr 23.13 ; 29.15).

8Voir l'annexe 4 sur la niche sensorielle.

__________________________

 

Posté par CharlesNicolas à 18:00 - - Commentaires [0] - Permalien [#]
Tags : , , , , , , ,

10 mars 2023

Vers une société postchrétienne (Un peu de sel)

 

 

Vers une société postchrétienne ?

 

C'est le titre d'un article de Jean-Claude Guillebaud (journal Réforme du 24 septembre 2020). J'aime moyennement cet hebdomadaire, mais j'apprécie cet auteur depuis la lecture de son livre Le principe d'humanité (Seuil, 2001). Depuis, il a vécu une conversion à la foi chrétienne (catholique).

Je le cite : La plupart des valeurs démocratiques (égalité, solidarité, individualisme, idée de progrès, etc.) ont partie liée avec l'héritage chrétien, laïcisé à l'époque des Lumières. Dans une telle perspective, le christianisme contemporain connaît un destin étrange : il est en crise alors même que ses valeurs triomphent. Il est moins récusé que dissous dans une modernité post-chrétienne. A la limite, la croyance, devenue sans objet, en arrive à se défaire.

En fait, concédait le théologien Claude Greffé (disparu en 2017), il est devenu très difficile de témoigner de l'Evangile dans une société postchrétienne qui est pétrie de valeurs chrétiennes sécularisées. Le message des Eglises n'est pas très original par rapport à ce que vivent déjà beaucoup de gens au nom d'un certain idéal moral, devenu le bien commun de tout honnête homme.

Ni le judaïsme, ni le christianisme ne sauraient pourtant être ramenés à une aimable philanthropie, à peine différenciée du consensus majoritaire, si ce n'est par un langage codé et une vague liturgie. Ni l'Eglise ni la Synagogue ne peuvent être durablement confondues avec un organisme mondialisé de bienfaisance. C'est ce qu'on a pu appeler le "réemploi social" du religieux, un réemploi sûrement utile, mais qui n'a pas grand chose à voir avec la foi. Ce "réemploi" social ou républicain du religieux laisse entière, inentamée pourrait-on dire, la tâche plus fondamentale constituant à repenser le religieux et, pour les croyants, à refonder leur foi.

J'illustre cela ainsi : même dans les églises évangéliques, quand on entend l'expression : “Aimez-vous les uns les autres”, 80 % des personnes au moins pensent au “vivre ensemble”, à la fraternité citoyenne, au social. Que faire devant ce constat calamiteux ?

Ch.N.

______________________

 

 

Posté par CharlesNicolas à 18:00 - - Commentaires [2] - Permalien [#]
Tags : , , , ,