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Le blog de Charles Nicolas
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  • Dans une société déchristianisée où les mots perdent leur sens, où l'amour et la vérité s'étiolent, où même les prédicateurs doutent de ce qu'ils doivent annoncer, ce blog propose des textes nourris de réflexion biblique et pastorale.
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2 février 2021

La République transcendante (Un peu de sel, s'il vous plaît, n° 17)

 

La République transcendante

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin publie un livre intitulé : Le séparatisme islamiste – Manifeste pour la laïcité. Il s'agit d'un plaidoyer pour la transcendance de la République (sic) et de ses valeurs. Gérald Darmanin n'a pas manqué d'observer et de prendre en compte le phénomène de sécularisation qui touche nos sociétés occidentales. Ainsi, il peut affirmer que ce n'est pas l'Islam seulement mais toutes les confessions religieuses qui vivent un temps de crise et de redéfinition, y compris le Catholicisme, et même le Protestantisme.

De là à se donner pour mission de combler le vide laissé par la foi chrétienne (nous sommes en France), il n'y a qu'un pas. Remarquons que nous n'assistons pas aujourd'hui aux premiers pas dans ce sens. Les promoteurs des valeurs du Siècle des Lumières ou de la Révolution n'ont pas attendu pour ambitionner ce grand remplacement, avec la mise en place du calendrier républicain en 1793, avec le culte de la déesse Raison. Notons au passage que le calendrier républicain a eu une durée de vie de 13 ans. Aujourd'hui, on ne change pas le calendrier, mais on annonce l'imminence du monde nouveau...

Nous l'avions entendu ces derniers temps, Gérald Darmanin le répète aujourd'hui : Les lois de la République sont supérieures à la loi de Dieu (sic). Ah bon. Il serait intéressant de comprendre ce qu'on veut dire par là. Est-ce que les deux « lois » sont comparables, pour qu'on puisse dire que l'une serait supérieure à l'autre ? Ont-elles des champs d'application identiques ? Le principe de séparation établi en 1905 n'interdit-il pas l'idée même d'une comparaison ? Jusqu'où peuvent aller les lois de la République ? Où peut s'arrêter la loi de Dieu ? L'Eglise romaine disait : Hors de l'Eglise point de salut. On pourrait avoir l'impression que la République est touchée par la même tentation hégémonique. 

Pourtant, Emmanuel Macron avait affirmé durant sa campagne (au journal Réforme, 28 février 2017) : «Je ne promets ni le bonheur, ni la transcendance. Je laisse cela aux religions. Autrement, ce seraient des projets totalitaires.» 

N'en déplaise aux partisans de cette nouvelle religion, la loi de Dieu est largement première dans le temps : l'homme a servi Dieu bien avant que la notion de république ait fait son apparition. Selon la Bible, la loi de Dieu est première aussi car c'est d'elle que sont sensés procéder les lois de la République – et toutes les autres lois d'ailleurs. A cela doit être ajouté la dimension du ciel qui, jusqu'à présent, rendait possible la notion de transcendance. Les lois de la République atteignent-elles jusqu'au ciel ? J'ai un doute. Va-t-on regarder comme suspecte la prière de Jésus qui demande que le règne de Dieu vienne, que Sa volonté soit faite sur la terre comme au ciel ? Ce que cette prière dit, c'est que si Dieu ne doit régner qu'au ciel, il n'est pas Dieu. C'est ennuyeux.

Heureusement, la République se montre bonne enfant : Dieu n'existe pas, nous dit-elle, mais ceux qui veulent y croire pourront encore le faire1. Merci beaucoup, c'est trop gentil.

Il y a sans doute plusieurs manières d'entendre que les lois de la République sont supérieures à la loi de Dieu. Pour la gestion d'une société qui ne veut rien savoir de Dieu, nous pouvons entendre que les lois de la République sont premières, c'est-à-dire plus immédiates, car elles tiennent lieu de contrat social et politique pour administrer des situations qui doivent être administrées tout de suite. Mais ce pragmatisme, cette nécessité, disent-ils la totalité de la réalité ? Il serait prétentieux et sot de le dire. Je ne le dirai donc pas2.

Je dirai que j'obéis d'abord à Dieu qui me demande d'obéir aussi au magistrat – tant que cela ne contrevient pas à ce que Dieu me demande par ailleurs. Ch.N., 2 février 2021

__________________________

1Cf. les propos d'Emmanuel Macron au président Al Sissi, le 7 écembre dernier : https://www.youtube.com/watch?v=8RLel4oO3tY&ab_channel=LeParisien

 

2Je cite le comte Agénor de Gasparin (1810-1871), conférencier protestant, promoteur avant l'heure de la séparation de l'Eglise et de l'Etat, défendant la liberté du culte devant un Etat hostile et devant des Protestants mal éclairés ou timorés : Si l'on nous refuse la liberté que nous demandons, si l'on oppose de nouvelles entraves à l'exercice d'un droit nécessaire, eh bien ! nous prendrons sur notre dos la balle du colporteur, nous irons vendre des bibles, affronter vos procès et nous faire jeter en prison ! (Dernier discours à la Chambre des députés le 6 avril 1846). Les Protestants timorés (sic) persistaient à « demander une autorisation quand il fallait prévenir l'autorité par un avertissement », dit-il.

 

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Commentaires
P
C'est la république qui traverse une grande crise d'identité plutôt? Ayant renié tous ses principes fondateurs en donnant la priorité aux forces du marché, au retour de la censure, etc. Notre "réponse" ne change pas elle, alors que tout change sans cesse autour de nous: reconnaitre que les autres, et les exclus en particulier sont nos frères, unique fondation de notre foi, qui elle n'a jamais changée.
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