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Le blog de Charles Nicolas
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  • Dans une société déchristianisée où les mots perdent leur sens, où l'amour et la vérité s'étiolent, où même les prédicateurs doutent de ce qu'ils doivent annoncer, ce blog propose des textes nourris de réflexion biblique et pastorale.
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27 juillet 2019

Où en es-tu de ta vocation ?

 

Si le monde est le fruit d'une énorme explosion, alors il n'y a pas de vocation, si ce n'est celle qui est imposée par la nécessité de survivre ou par la recherche d'un bien-être temporaire. “Mangeons et buvons car demain nous mourrons...”.

Il est significatif que le dictionnaire donne au mot vocation une dimension religieuse : Appel de Dieu touchant un peuple, une personne, afin qu'il vienne à lui. Mouvement intérieur par lequel on se sent appelé par Dieu. Il est intéressant aussi de remarquer que cette définition est double : la vocation, c'est l'appel adressé ; c'est aussi la réponse à l'appel. “Abraham, lors de sa vocation, partit” (Hé 11.8). Une autre traduction dit : “Par la foi, répondant à l'appel de Dieu, Abraham obéit et partit”.

1. L'humilité et la grandeur

Dans ce récit, l'appel apparaît à la fois comme un impératif et comme une faveur immense : cet appel va donner à la vie d'Abraham un sens bien différent. Berger il était, berger il demeure ; mais maintenant son activité s'inscrit dans un dessein immense ! Maintenant, il est un instrument dans la main de Dieu, avec tout ce que cela comporte d'humilité et de grandeur.

L'humilité est bien visible dans l'appel adressé à Marie : “Comment cela peut-il se faire ?... Je suis la servante du Seigneur”. Mais la joie est là également, qui couronne celui ou celle qui répond à l'appel de Dieu. “Mon âme exalte le Seigneur et mon esprit se réjouit en Dieu mon sauveur, parce qu'il a jeté les yeux sur la bassesse de sa servante. Et voici, toutes les nations me diront bienheureuse !” (Lc 1.46-48). Quelle différence avec la vie sans but de celui qui ne vit que pour lui-même1.

2. Le sens et le but

L'Evangile est trop souvent présenté comme une offre seulement. Ce n'est là qu'une partie de la vérité. L'Evangile est aussi un appel, adressé à tout homme, à se mettre en route pour servir. “Repentez-vous car le Royaume de Dieu s'est approché” clament Jean-Baptiste et Jésus après lui (Mt 3.2). “Comme il passait le long de la mer de Galilée, Jésus vit Simon et André qui jetaient un filet dans la mer car ils étaient pêcheurs. Jésus leur dit : Suivez-moi, et je vous ferai pêcheurs d'hommes. Aussitôt, ils laissèrent leurs filets et le suivirent” (Mc 1.14-18).

L'Evangile est d'abord un appel, un appel à délaisser ce qui alourdit, ce qui entrave ma vie, ce qui m'empêche d'entendre la voix de Dieu et d'entrer dans ma vocation de serviteur, de servante. “Quiconque met la main à la charrue et regarde en arrière n'est pas prêt pour le Royaume de Dieu”, dit Jésus (Lc 9.62). Cette vocation à servir est universelle et d'une importance sans égale. “Tu adoreras le Seigneur ton Dieu et tu le serviras lui seul !”(Mt 4.10). Quiconque oublie cela s'égare dans une infidélité, dans une voie sans issue.

3. La vocation de servir

Vers la fin de sa vie, l'apôtre Paul a écrit aux chrétiens d'Ephèse : Je suis partagé entre deux désirs contraires : j'aimerais quitter cette vie pour être avec Christ, ce qui serait bien préférable ; mais à cause de vous, il est important que je demeure ici-bas (Ph 1.24). Celui qui recherche en premier la satisfaction et l'épanouissement personnels passe à côté de sa vocation : il fait de lui-même une idole qu'il sert. Que devient l'amour dans une telle perspective ? De nombreuses études ont montré qu'une société de consommation en quête incessante de bien-être et de loisirs n'était pas en mesure de répondre aux besoins les plus profonds du coeur humain, malgré la surabondance des moyens à sa disposition2.

Dans ce sens, il est assez facile d'observer que si un cadeau fait plaisir à un enfant, rendre un service à la mesure de ses forces lui apporte une joie bien plus grande encore. En devenant serviteur, Jésus a rappelé que tout homme a une vocation de serviteur : c'est là ce qui correspond le plus exactement à sa nature d'être créé par Dieu et pour Dieu.

Pierre demande aux 'anciens', d'agir de manière 'désintéressée'. Cela signifie-t-il qu'ils ne doivent pas s'intéresser à ce qu'ils font ? Pas du tout. Cela signifie qu'ils ne doivent aucunement le faire dans la recherche d'un intérêt personnel. Ce n'est pas pour eux !

Quand j'étais aumônier aux Armées, beaucoup de jeunes soldats me disaient : Le service national ne me rapporte rien ! Je leur rappelais que ce n'était pas là le but du service national. Le but était qu'après avoir beaucoup reçu (normalement) pendant 20 ans de leur vie, ces jeunes hommes aient maintenant à servir la communauté nationale. Servir : le mot difficile à apprendre ! C'est pourtant le mot de la maturité...

La Bible associe la notion de service au renoncement à soi-même, jusqu'à la possibilité de donner sa vie. Jésus en est bien sûr le plus bel exemple (Mt 20.28 ; Ph 2.7-8), mais cela concerne directement la notion de vocation : celle de tous, celle des chrétiens d'une manière particulière (Jn 21.18 ; 1 Th 2.8...).

Enfin, la Bible associe les notions de service et de don de soi à l'amour (Jn 15.13). Cela concerne très directement – en plus des relations fraternelles (1 Jn 3.16) – la dimension conjugale3. Nous serions certainement très affligés si nous pouvions voir combien l'amour véritable est rare, d'une manière générale.

4. Doué pour servir

Dire d'une personne qu'elle est douée signifie littéralement qu'elle a reçu un don. Mais pour quoi faire ? Des dons pour quoi ? Pour moi... ou pour servir ?

Le grec du Nouveau Testament emploie le mot diaconie pour désigner l'engagement à servir, quelle que soit la nature de ce service. Les diacres (diaconos), dans l'église, sont les organisateurs et les modèles de cette vocation qui concerne, en fait, chaque membre. Cette réalité doit premièrement trouver sa place dans les maisons, avec ce même esprit de service, y compris avec les enfants.

Dans sa première lettre aux chrétiens de Corinthe, Paul rappelle que tout don vient de Dieu, et que dans les Eglises, ces dons sont donnés à chacun, comme Dieu le veut “pour l'utilité commune” (1 Co 12.7). Il précise qu'à la diversité des dons correspond la diversité des fonctions, comme avec les membres du corps – et qu'en conséquence, chacun est important et chacun a besoin des autres. Il précise que le don (ou le service) qui pourrait paraître le moins important peut, en réalité, être très important ; et qu'il importe avant tout que chacun soit fidèle dans le service qui lui a été confié. Pierre le dit aussi : “Comme de bons intendants des diverses grâces de Dieu, que chacun mette au service des autres le don qu'il a reçu” (1 Pi 4.10).

5. Tout don vient de Dieu

La Bible nous apprend à distinguer nettement l'Eglise et le monde. Le service mutuel au sein de l'Eglise est nettement une priorité : tout ce que tu fais pour un frère ou une soeur dans la foi, c'est à Christ que tu le fais ! (Mt 10.42 ; 25.40 ; Ro 12.13 ; Hé 6.10...).

Mais la Bible enseigne aussi que la Création tout entière est l'oeuvre de Dieu et demeure l'objet de ses soins incessants (Ps 33.5 ; 119.90-91 , Ac 14.16-17...). En d'autres termes, Dieu accorde aussi des dons aux hommes d'une manière générale, y compris à ceux qui ne le connaissent pas. Ces hommes feront de ces dons l'usage qu'ils veulent, bien ou mal, mais le don vient de Dieu.

Martin Luther le dit d'une manière très parlante : “C'est Dieu qui lange l'enfant et lui donne la bouillie, mais il le fait par les mains de la mère”. L'enfant est un don de Dieu ; l'instinct maternel est un don de Dieu ; les ressources pour mener à bien cette mission (cette vocation) sont aussi un don de Dieu. Ce qui est souhaitable, c'est que chacun soit conscient de cela et reçoive le ferme désir d'être fidèle. Est-ce que cela ne concerne que les mamans chrétiennes ? Non.

6. Servir Dieu en toutes choses

Certains considèrent le travail comme un mal nécessaire. Ce n'est pas ce que dit la Bible. Avant la Chute, Adam et Eve n'avaient pas 'rien à faire'. La vocation de cultiver et garder (Gn 2.15) comprend un très grand nombre de vocations dites 'professionnelles' aujourd'hui. Le fait que ce travail soit devenu pénible n'en ôte pas le sens. Par exemple, un cultivateur ou un boulanger ne travaille pas seulement pour “gagner sa vie”, mais aussi et, en un sens d'abord, pour nourrir correctement la population. On peut dire cela pour toutes les professions (ou presque ).

Paul dit que le magistrat (chrétien ou pas) est un serviteur de Dieu, chargé de réprimer les malfaiteurs pour que ceux qui sont justes puissent vivre paisiblement (Ro 13). Ainsi, qu'il le sache ou pas, le magistrat agit de la part de Dieu. Cela signifie-t-il qu'il agira nécessairement bien ? Non, mais il le devrait et il rendra compte ! Luther dit qu'il en est de même pour toutes les fonctions, tous les métiers, etc.

Quant aux chrétiens, ils entendent cette exhortation de Paul : “Quoi que vous fassiez, en parole ou en oeuvre, faites tout pour la gloire de Dieu” (1 Co 10.31 ; Co 3.17). Cela signifie quoi ? Avec humilité, avec fidélité, avec reconnaissance, avec confiance, dans un esprit de service. Seulement le dimanche ? Non, tous les jours. Est-ce triste ? Au contraire !

Si nous servons dans chaque domaine comme répondant à une vocation que Dieu nous adresse, écrit Calvin, alors nous constaterons un grand équilibre et de réelles correspondances entre les différentes parties de notre vie. Nous aurons aussi un vif désir d'être fidèles et même irréprochables, sachant que d'un service accompli de cette manière, il résulte beaucoup de bienfaits pour les autres”.

Être époux ou épouse est une vocation. Celui qui n'a pas cet appel, mieux vaut qu'il s'abstienne ; et celui ou celle qui l'a, qu'il/elle prenne sa vocation au sérieux. La vocation au célibat est importante, non pas motivée par l'égoïsme, mais par une manière différente de servir, c'est-à-dire de donner sa vie.

A la vocation du mariage se greffe souvent la vocation parentale, si dévaluée aujourd'hui. Jean Calvin dit comme Martin Luther, avec d'autres mots : “Dieu met l'enfant dans les bras de la mère et lui dit : Prends soin de lui de ma part, maintenant”.

7. Collaborateur de Dieu

On raconte qu'un jardinier faisait un jour admirer à son pasteur la beauté de ses plates-bandes en pleine floraison. Impressionné, le pasteur se répandit en louanges envers Dieu. Mais le jardinier lui dit : “Vous auriez dû voir l'état du jardin quand Dieu s'en occupait tout seul !” Il est vrai que Dieu fournit le sol, la semence, le soleil et la pluie ; il est vrai que c'est Lui qui fait croître (Mc 4.27 ; 1 Co 3.6). Mais c'est à nous de labourer, semer, tailler, récolter. De même, c'est aux parents d'élever leurs enfants : Dieu ne le fera pas à leur place.

Un bon instituteur, un bon maire, une bonne infirmière, un bon maçon, un bon garagiste, un bon policier, un bon musicien accomplissent des services utiles, même s’ils ne sont pas chrétiens. Il serait ingrat de ne pas le reconnaître. Dieu, pendant le temps de sa patience, maintient ces vocations pour que la vie demeure sur cette terre, malgré l'étendue du mal, malgré les nombreuses défaillances qui se peuvent constater.

8. Quelle est ma vocation ?

Quand j'étais adolescent, un chrétien m'a dit un jour : Il y a trois grands choix dans la vie. Le choix de la foi, le choix du mariage4 et le choix de la profession.

Quelle est la volonté de Dieu pour ma vie ? Quelles sont les oeuvres qu'Il a préparées d'avance pour moi (Ep 2 10) ? Dès son plus jeune âge l'enfant devrait être porteur de cette question qui le décentre de lui-même tout en le responsabilisant. L'appréhension ou la légèreté avec lesquelles les engagements de la vie adulte sont pris, bien souvent, ne seraient plus les mêmes si cette écoute de la volonté de Dieu était davantage développée5.

Est-ce à dire qu'il est aisé de découvrir sa (ses) vocation(s) ? Pas toujours. Cela demande une grande écoute, une grande sincérité. “N'a-t-il pas fallu que Dieu appelât six fois Moïse ?”, fait remarquer Luther.

Quels sont les dons que Dieu m'a accordés ? Que m'enseignent les expériences acquises ? A quels besoins suis-je particulièrement sensible ? Quels fruits ai-je déjà pu porter qui ont pu être constatés ? Quels encouragements ai-je déjà reçus de la part des autres ? Ma motivation est-elle généreuse ou égoïste ?

Répondre à l'appel de Dieu, dans quelque domaine que ce soit, peut impliquer un prix à payer (des renoncements, etc.). Mais c'est aussi la seule manière de goûter la paix qu'Il donne. En réalité, l'homme découvre et devient ce qu'il doit être quand il accueille dans son coeur la volonté de Dieu et s'offre pour servir avec reconnaissance. Charles NICOLAS

Charles NICOLAS

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Notes :

1“Si certains sont plus éveillés que les autres, écrit Jean Calvin, ou comprennent mieux certaines choses, ou ont l'esprit plus agile pour inventer ou apprendre une tâche ou un art, dans cette diversité de dons Dieu montre la richesse de sa grâce et nous rappelle que personne ne devrait se vanter puisque tout ce que nous avons, nous l'avons reçu comme un don”.

2On peut mentionner, parmi beaucoup d'autres, le livre de Jean-Claude Guillebaud : La tyrannie du plaisir.

3L'amour de l'homme pour son épouse, l'amour de la femme pour son mari sont l'un et l'autre un don de soi. Ce don de soi est de l'ordre de la soumission pour l'épouse ; il est de l'ordre du sacrifice pour le mari. Un des deux est-il plus facile que l'autre ? Ce qui sera difficile, c'est s'il n'y a pas la réciprocité.

4Se marier ou pas, et si oui, quand et avec qui ?

5. “Dieu sait à quel point l'homme est enclin à l'inquiétude, écrit Jean Calvin, avec quelle facilité il est emporté de-ci, de-là ; combien il est exposé à l'ambition, à la cupidité au point où il court après un trop grand nombre de choses. C'est pour le secourir de cette folie que Dieu confie à tout homme des tâches précises, des responsabilités particulières auxquelles il doit se consacrer. Chacun peut donc considérer que sa situation est voulue par Dieu et correspond à une vocation à laquelle il convient de s'appliquer”.

“Ce sera un allègement bien grand, dans toutes les tâches, les charges, les services avec toutes les difficultés qui peuvent survenir, si chacun est bien persuadé que Dieu n'est pas absent de cela, mais au contraire guide et conduit, dit encore Calvin. Les magistrats s'emploieront plus volontiers à leur charge, le père de famille s'attachera à son devoir avec meilleur courage ; bref, chacun se portera plus patiemment dans sa situation et surmontera les peines, les inquiétudes et déceptions avec plus de facilité s'il sait qu'il ne porte pas de fardeau plus lourd que celui que Dieu a mis sur ses épaules. De plus, un grand encouragement sera apporté, y compris dans les travaux les plus ordinaires, et les tâches, même très modestes, deviendront un excellent témoignage si nous les pratiquons comme une vocation reçue de Dieu”.

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Annexe

 

Le chrétien est l’homme le plus libre ; maître de toutes choses il n’est l'esclave de personne. L’homme chrétien est en toutes choses le plus serviable des serviteurs ; il est l'esclave de tous”

 

Martin Luther, Traité de la liberté chrétienne.

 

 

 

 

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