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Le blog de Charles Nicolas
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  • Dans une société déchristianisée où les mots perdent leur sens, où l'amour et la vérité s'étiolent, où même les prédicateurs doutent de ce qu'ils doivent annoncer, ce blog propose des textes nourris de réflexion biblique et pastorale.
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5 octobre 2022

Le rôle de la femme dans l'Eglise (1)

 

 

Le rôle de la femme dans l’Eglise 

Il faudrait commencer par dire quelques mots sur l'interprétation du message biblique, puisque c'est là notre référence principale. En effet, pourquoi les chrétiens évangéliques ne sont-ils pas d'accord entre eux, alors qu'ils considèrent (normalement) que l'enseignement biblique est normatif ?

La question qui se pose ici est celle de l'importance du contexte dans lequel tel récit biblique est écrit. Tout le monde est d'accord pour dire qu'on ne peut pas ignorer le contexte culturel et religieux dans lequel les auteurs bibliques ont vécu, ni qui étaient les premiers destinataires de ces écrits. Deux risques existent, qui expliquent souvent les divergences. Je les expose succinctement en annexe1.

I. Pas de différence avec les hommes

Pourquoi la question posée n'est-elle pas simplement : Le rôle des chrétiens dans l'Eglise, ou le rôle des croyants, ou le rôle des disciples. La même Bible ne s'adresse-t-elle pas à tous, indistinctement ?

Je cite Exode 35.29 : Tous les enfants d'Israël, hommes et femmes, dont le cœur était disposé à contribuer à l'œuvre que l'Éternel avait ordonnée par Moïse, apportèrent des offrandes volontaires à l'Éternel. C'était il y a trois-mille-cinq-cents ans !

Je cite Actes 5.14 : Le nombre de ceux qui croyaient au Seigneur, hommes et femmes, augmentait de plus en plus... Plus loin au chapitre 8 : Quand ils eurent cru à Philippe, qui leur annonçait la bonne nouvelle du royaume de Dieu et du nom de Jésus-Christ, hommes et femmes se firent baptiser (v. 12). C'était il y a deux-mille ans !

Pas de différence, donc ! Ce sera le regard de notre premier temps de réflexion.

[En même temps, bien des passages dans le Nouveau testament comme dans l'Ancien s'adressent aux hommes et aux femmes (mais aussi aux maîtres et aux serviteurs, et encore aux riches et aux pauvres) de manière spécifique. Il y a donc des spécificités qui doivent aussi être prises en compte. Ce sera l'objet de notre deuxième exposé].

a. La Création. Il convient de toujours se référer à la Création, aux deux récits de la Création.

Dans le premier récit, le texte n'établit aucune différence entre l'homme et la femme : l'un et l'autre sont créés le sixième jour (comme les mammifères) ; les deux sont créés à l'image de Dieu. Identité de nature.

Identité de vocation aussi : Dieu confie à l'homme et à la femme le “mandat culturel” de remplir la terre et de l'assujettir, de la dominer, de s'en rendre maîtres, au nom de Dieu (Gn 1.26-28). Ici encore l'égalité est totale. Il faudra le rappeler chaque fois que cette égalité sera niée ou même relativisée.

Une affirmation peut être posée ici, à partir de ce passage de Genèse 1 : Jamais la Bible ne fait de la femme une enfant. Jamais, souvenons-nous en.

Le second récit de la Création (Gn 2) dit aussi l'égalité : pour être le vis-à-vis de l'homme, la femme doit être semblable à lui (v. 18), être sa pareille, de manière à lui correspondre – si bien que les deux pourront devenir une seule chair (v. 24). Tout cela dit l'égalité d'une manière qui ne suppose aucune atténuation.

Les deux récits de la Création attestent l'égalité de nature de l'homme et de la femme. Ainsi, partout où le christianisme s'est répandu, le statut des femmes s'est amélioré.

b. Le récit de la Chute atteste aussi l'égalité. La femme a été tentée la première, mais l'homme a également été séduit. L'un et l'autre se découvrent nus, ont peur et se cachent. D'ailleurs, les promesses du Serpent concernent bien les hommes et les femmes : Vos yeux s'ouvriront, vous serez comme des dieux (Gn 3.5).

Admettre cela est important, car le réflexe qui demeure est souvent (chez les femmes) de considérer que ce sont les hommes qui s'égarent ; et (chez les hommes) que ce sont les femmes. Il résulte de cela d'innombrables situations stériles et beaucoup de souffrances. Il faut le dire : si le mariage est souvent en échec, ce n'est pas “à cause des hommes” ou “à cause des femmes”, c'est à cause du péché ! Là encore, l'égalité est établie.

c. La réalité de la Rédemption n'établit aucune différence entre les hommes et les femmes : l'annonce de l'Evangile, la nécessité de la repentance et de la foi, le baptême, le pardon, le don du Saint-Esprit, le libre accès auprès de Dieu, la participation au repas du Seigneur, la communion avec Dieu, l'espérance, la louange, l'adoration... Dans toutes ces réalités, hommes et femmes sont en totale égalité. C'est ce que dit Ga 3.28.

On peut ajouter la prière, la participation à l'édification de l'Eglise par l'amour fraternel, par le témoignage, par l'exercice des dons spirituels, par les paroles qui communiquent la grâce à ceux qui l'entendent (Ep 4.29), etc. C'est beaucoup !

d. Le Nouveau Testament est-il radicalement nouveau sur ce sujet ? La réponse est non. Dans sa prédication, le jour de la Pentecôte, Pierre cite le prophète Joël qui déjà affirmait que l'Esprit de Dieu serait répandu sur toute chair. Vos fils et vos filles prophétiseront. Sur mes serviteurs et sur mes servantes, dans ces jours-là, je répandrai mon Esprit (Ac 2.17. Cf. Joël 2.28-29 – ou 3.1-2, selon les éditions).

Certes, Jésus appelle 12 hommes pour disciples, mais les femmes sont constamment présentes et sont l'objet de son attention autant que les hommes.

e. Les lettres aux églises sont adressées aux hommes et aux femmes indistinctement. Rien ne permet d'affirmer que le Saint-Esprit ferait une différence entre un homme et une femme. Il fait plutôt la différence entre celui ou celle qui s'humilie et celui ou celle qui s'enorgueillit, entre celui ou celle qui ouvre son cœur et celui ou celle qui le ferme, entre celui ou celle qui demeure dans l'ombre et celui ou celle qui vient à la lumière... Au niveau de l'Amour, au sujet de la Foi, au sujet de l'Espérance, pas de différence !

Il faut rappeler cela car des doutes peuvent toujours s'immiscer, de manière inconsciente. C'est pourquoi nous voyons Jésus parler à et guérir des hommes et des femmes.

C'est pourquoi Pierre rappelle aux maris que leurs femmes hériteront avec eux de la grâce de la vie (1 Pi 3.7).

C'est pourquoi Paul, évoquant toutes ces réalités en lien avec l'appartenance à Jésus-Christ, affirme qu'en Christ il n'y a ni Juif ni Grec, ni esclave ni libre, ni homme ni femme (Ga 3.28). C'est à ce niveau qu'il faut situer l'intention de cette affirmation.

f. Paul. Pourquoi l'a-t-on traité de misogyne ? Aucun auteur biblique n'affirme autant que lui l'égalité entre hommes et femmes.

Dans le chapitre 7 de sa première lettre aux Corinthiens, il écrit : Pour éviter l'impudicité, que chacun ait sa femme, et que chaque femme ait son mari. Que le mari rende à sa femme ce qu'il lui doit, et que la femme agisse de même envers son mari. La femme n'a pas autorité sur son propre corps, mais c'est le mari ; et pareillement, le mari n'a pas autorité sur son propre corps, mais c'est la femme. Ne vous privez point l'un de l'autre, si ce n'est d'un commun accord pour un temps, afin de vaquer à la prière ; puis retournez ensemble, de peur que Satan ne vous tente par votre incontinence (v. 2-5).

Il est difficile d'aller plus loin dans l'égalité et la réciprocité.

Au chapitre 11 de cette même lettre, Paul rappelle une différence entre les hommes et les femmes ; puis, pour éviter que cela donne lieu à des dérives, il précise : Toutefois, dans le Seigneur, la femme n'est pas sans l'homme, ni l'homme sans la femme. Car, de même que la femme a été tirée de l'homme, de même l'homme existe par la femme, et tout vient de Dieu (v. 11-12). Personne ne peut donc nier l'interdépendance.

Quelque chose de semblable est visible dans la lettre aux Ephésiens : avant de parler du rapport entre maris et femmes dans le cadre du couple, Paul décrit la manière par laquelle chacun – c'est-à-dire tous – doit participer à l'édification dans l'Eglise, et son exhortation s'achève avec un appel à la soumission mutuelle dans la crainte de Christ (5.21). C'est une manière très concrète d'affirmer que le Seigneur peut agir au travers de tous, hommes et femmes, et que la soumission au Seigneur implique donc cette soumission mutuelle. On pourrait remplacer le mot 'soumission' par le mot 'écoute'.

Chaque fois que, dans le Nouveau Testament, nous voyons le mot 'tous', le mot 'chacun', le mot 'réciproquement', l'expression 'les uns les autres', ce qui est dit concerne les hommes et les femmes sans aucune différence.

Car, comme nous avons plusieurs membres dans un seul corps, et que tous les membres n'ont pas la même fonction, ainsi, nous qui sommes plusieurs, nous formons un seul corps en Christ, et nous sommes tous membres les uns des autres (Ro 12.4-5).

Ainsi, le couple 'grâce-responsabilité', si fortement mis en lumière lors de la Réforme, concerne-t-il les hommes et les femmes de manière égale.

g. Prendre la parole. C'est ainsi que nous voyons des chrétiennes associées étroitement au témoignage et à l'action des chrétiens lors de l'implantation des premières églises. Elles ont travaillé, œuvré avec eux (Ro 16.12). Parlant d'Evodie et Syntyche, Paul écrit qu'elles ont combattu pour l'Evangile avec lui et avec d'autres compagnons d'œuvre (Ph 4.3). On comprend que cela concerne assez précisément l'évangélisation sous ses diverses formes : témoignage, explication de l'Ecriture, soutien, etc.

On pense à Aquilas et Priscille qui prirent Apollos avec eux et lui exposèrent plus exactement la voie de Dieu (Ac 18.26). On pense aux femmes âgées à qui Paul demande de donner de bonnes instructions (Ti 2.3). Le livre des Proverbes associe hommes et femmes dans cette responsabilité de la transmission (1.8 ; 6.20), d'abord dans la maison. On pense à ce que dit Proverbes 31 au sujet de la femme vertueuse : Elle ouvre la bouche avec sagesse, et des instructions aimables sont sur sa langue (31.26).

Le verbe 'prophétiser' comprend l'instruction, l'exhortation et la consolation (1 Co 14.3). On sait que les femmes y sont participantes (1 Co 11.5)2. Le verbe 'instruire' correspond à un grand nombre de modes d'expression, dans la maison, dans l'église et au-delà.

h. L'esprit de service. Le mot 'servir' convient à tous, puisque Jésus lui-même est venu non pour être servi mais pour servir (Mt 20.28). Nous sommes tous et toutes des serviteurs et des servantes du Seigneur et de l'Evangile.

La diversité des services peut bien sûr varier selon qu'on est un homme ou une femme, mais le principe de base est le même pour tous : c'est toujours par la grâce de Dieu (1 Co 15.10), selon la mesure de foi que Dieu a départie à chacun (Ro 12.3), c'est toujours en fonction du ou des dons que Dieu accorde (1 Pi 4.10).

i. Et l'autorité ? La notion biblique d'autorité n'est pas séparée de celle de service, le centenier de Luc 7 l'a bien compris. L'autorité est liée à une soumission et à une fidélité, voilà pourquoi Jésus avait autorité. Celui ou celle qui a autorité, c'est celui ou celle que Dieu approuve. Cette définition vaut pour tous et pour toutes.

Si une femme exprime des paroles justes et fiables, si elle est à sa place et sert avec fidélité, cette femme acquiert une réelle autorité. On la consultera, on l'écoutera. Non seulement les enfants, non seulement les autres femmes, mais les hommes également.

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Annexe 

Quel poids accorder au contexte de l'époque ?

Tout le monde est d'accord pour dire qu'on ne peut pas ignorer le contexte culturel et religieux dans lequel les auteurs bibliques ont vécu. Deux risques existent, qui expliquent souvent les divergences.

Le premier risque consiste à nier l'importance du contexte. C'est le risque du littéralisme : ce que la Bible dit, elle le dit directement à tous, quelles que soient les époques, les cultures, etc. Il n'y a donc pas à tenir compte des premiers destinataires du texte, à prendre du recul, à modérer, à adapter : il faut appliquer ce qui est écrit, c'est tout. Deux arguments peuvent être avancés dans ce sens : d'une part le texte est inspiré par Dieu dans le but d'être utile à tous (1 Co 10.6 ; 2 Tm 3.16 ; 2 Pi 1.1.20-21) ; d'autre part les progrès techniques ne changent pas la nature de l'homme qui demeure foncièrement la même3.

Cette position ne peut pas être écartée d'un revers de la main. Elle présente cependant des limites : personne ne peut nier que la Bible a été inspirée et écrite dans des périodes et des contextes différents. Tenir compte des premiers destinataires est essentiel : même dans le texte des Evangiles, nous remarquons que Jésus ne s'exprime pas de la même manière selon qu'il s'adresse à des Juifs ou à des païens, à des notables ou à des marginaux, à des justes ou à des hypocrites. Luc ne s'adresse pas aux mêmes destinataires que Matthieu ; et les Romains n'étaient pas les Corinthiens ni les Thessaloniciens.

Il résulte de cela que tout ce qui est écrit est utile (2 Tm 3.16), mais peut parfois nous concerner d'une manière indirecte. Quand Dieu demande à Osée de prendre une prostituée pour épouse (Os 1.2 ; 3.1...), il serait mal venu d'y voir une exhortation générale. De même, si Jésus demande au jeune homme riche de vendre tous ses biens (Mt 19.21), on ne le voit pas demander cela à qui que ce soit d'autre. Cela nous concerne bel et bien, mais pas forcément d'une manière directe ou littérale4.

Le deuxième écueil consiste à tellement accentuer l'importance du contexte qu'en fin de compte ce qui est écrit ne nous concerne plus du tout, ou que de très loin. Les Libéraux usent constamment de cet argument pour mettre à distance ce qui est écrit et s'en affranchir allègrement. Les Evangéliques qui ne veulent pas paraître en retard en usent aussi. Cela autorise à faire le tri entre ce qui serait vraiment la parole-écrite de Dieu et ce qui serait la pensée des hommes ou... entre ce qui me convient et ce qui ne me convient pas. L'homme en vient alors à juger la Parole de Dieu au lieu de se laisser juger par elle.

Cette approche (dite scientifique) demanderait que chaque lecteur de la Bible soit en mesure d'étudier de manière approfondie les us et les coutumes de l'époque d'Abraham, de Moïse, de David, des prophètes et de Jésus pour prétendre avoir le commencement d'une juste compréhension de ce qui est écrit. Ce que dit Paul ? C'est ce qu'un rabbin écrit à des Juifs d'une époque qui n'a pas grand-chose à voir avec la nôtre. On comprend que les partisans d'une telle approche (dite dynamique) n'accorderont pas aux mots et expressions du texte biblique le même poids que les autres. Assez souvent, on en arrive à un Evangile édulcoré, plus ou moins réduit à 'l'amour du prochain'...

Les Réformateurs, érudits de l'Ecriture sainte, ne se sont jamais placés au-dessus d'elle, toujours en-dessous.

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Notes :

1Voir l'annexe 1 : Quel poids accorder au contexte de l'époque ?

2Dans ce passage, les femmes peuvent prophétiser comme les hommes, en portant un voile sur leur tête. Voir le 2ème exposé.

3 Un conducteur de TGV n'est pas plus intelligent aux yeux de Dieu qu'un conducteur de diligence.

4 Remarquons que les Libéraux (qui critiquent les Evangéliques littéralistes) sont également exposés à cette dérive, sur d'autres textes. Ils vont par exemple citer Matthieu 23.8 (Vous êtes tous frères) comme si cela concernait les hommes d'une manière générale, alors que Jésus s'adresse à des Juifs, enfants d'Abraham. Ils vont par exemple citer Galates 2.10 (se souvenir des pauvres) comme si cela concernait les pauvres de la planète, alors que Paul fait allusion aux pauvres de l'église de Jérusalem (Ac 11.29-31).

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