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Le blog de Charles Nicolas
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  • Dans une société déchristianisée où les mots perdent leur sens, où l'amour et la vérité s'étiolent, où même les prédicateurs doutent de ce qu'ils doivent annoncer, ce blog propose des textes nourris de réflexion biblique et pastorale.
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29 juillet 2019

L'Engagement

 

Hébreux 10.5-7 ; 1 Pierre 2.11-12 ; 3.14-17

J'ai gardé en mémoire depuis longtemps l'image d'une affiche inhabituelle : elle représente le martyre de St Sébastien qui vécut au IIIème siècle. On y voit un jeune homme à demi nu, attaché à une colonne, les poignets liés au-dessus de sa tête. Il est vivant. Son visage exprime une grande souffrance. Plusieurs flèches traversent ses membres et son corps. On peut lire l'inscription suivante : Si vous pensez qu'être chrétien est difficile aujourd'hui, regardez seulement quelques siècles en arrière.

En un sens, on pourrait dire qu'il s'agit d'une contre-publicité... Un peu comme si un restaurateur disait à ceux qui passent : Ici, c'est assez cher et pas très bon !

1. Ne voulez-vous pas vous en aller ?

En y réfléchissant, je me demande si Jésus et les apôtres n'ont pas usé de contre- publicité, eux aussi. Le contraire de la séduction. Un peu comme quand Dieu dit à Gédéon : Les hommes qui sont avec toi sont trop nombreux : ils pourraient penser qu'ils ont remporté la victoire par leur propre force. Commande à tous ceux qui ont peur de rentrer chez eux.

De même, à la fin du chapitre 6 de l'Evangile de Jean, nous lisons que "dès ce moment, plusieurs des disciples se retirèrent, et ils n'allaient plus avec lui". Et Jésus dit aux douze, qui restent : "Et vous, ne voulez-vous pas aussi vous en aller ?" (6.66). C'est ce que j'appelle une contre-publicité.

On le voit aussi quand des pharisiens viennent interroger Jésus sur la question du divorce. L'ayant entendu, ils disent : Si c'est ainsi, mieux vaut ne pas se marier ! Jésus vient seulement de rappeler ce qu'est le mariage, c'est-à-dire que dès l'instant où on se marie, on est prêt à donner sa vie – c'est-à-dire à mourir – pour une autre personne, pour son conjoint ; puis pour ses enfants. En un sens, c'est dissuasif !

Quand nous avons échangé avec Serge sur le thème de l'engagement, j'ai noté ceci : L'engagement est à la fois coûteux et libérateur. Pourquoi coûteux ? Je viens de le dire : donner sa vie – ou perdre sa vie, si vous voulez – c'est forcément coûteux. C'est renoncer. Ce mot, à lui seul, est une contre-publicité ! C'est pourquoi, même quand on évangélise, aujourd'hui, on ne le prononce plus. On dit : Tu es heureux ; mais avec Jésus, tu seras encore plus heureux ! Vous voyez Jésus ou les apôtres dire cela une seule fois ? On ne le voit jamais.

Il y a des théologiens modernistes qui font l'apologie de ce genre d'accommodement. Par exemple un Musulman qui découvre Jésus-Christ peut rester musulman, disent-ils. Pourquoi devrait-il abandonner 14 siècles de traditions et de culture ? Il peut cumuler les avantages des deux religions. Pas de rupture, pas de persécution... Plus besoin de choisir ! Normalement, on appelle cela le syncrétisme. Demandez à un Musulman qui découvre l'Evangile ce qu'il pense de cela. En réalité, celui qui fait cela croit gagner, mais il perd tout !

2. Choisir !

Si l'Evangile est libérateur – et pas seulement coûteux – c'est parce qu'il nous place devant des choix. C'est ainsi dès le début : "Quitte ton pays, dit Dieu à Abram, et va dans le pays que je te montrerai !". Il n'était pas possible de concilier les deux. "Laisse tes filets et suis-moi ! Ils laissèrent leurs filets et le suivirent". Aux chrétiens de Thessalonique, Paul écrit : " On raconte comment vous vous êtes convertis à Dieu, en abandonnant les idoles pour servir le Dieu vivant et vrai" (1 Th 1.9).

Abandonner, quitter, renoncer, choisir... ces mots difficiles font partie de l'expérience de la foi. Ils sont inhérents à la dimension de l'alliance. Le mariage en est l'illustration parfaite. Ils sont nécessaires pour vivre un amour véritable. Et même pour vivre une joie véritable, y compris quand il y a un prix à payer.

 

3. Payer le prix

Les textes bibliques qui en témoignent sont innombrables. Dans Actes 5, on a interdit aux apôtres de continuer à parler de Jésus-Christ. Ils ont répondu (gentiment) que cela n'était pas possible, car Dieu leur avait commandé d'en parler. Résultat : les chefs des Juifs sont furieux et les menacent sérieusement. Nous lisons : "Les apôtres se retirèrent de devant le sanhédrin, joyeux d'avoir été jugés dignes de subir des outrages pour le nom de Jésus" (5.41). Comment entendons-nous cela ?

Tout engagement est à la fois coûteux et libérateur. Le refus de choisir, l'hésitation, l'indécision, la tentation de tout concilier avec des excuses et des raisonnements, c'est en réalité une manière de trahir, de tout perdre. C'est pour cela sans doute que Martin Luther, avec sa manière à lui, disait : Si tu veux pécher, pèche vraiment, et ensuite repens-toi vraiment et tu connaîtras la joie d'avoir un Sauveur ! En d'autres termes : Ne reste pas entre les deux !

En relisant la 1ère lettre de Paul aux Thessaloniciens, j'ai été frappé par les nombreuses mentions d'outrages et de persécutions vécus par les chrétiens de ce temps. "Après avoir souffert et reçu des outrages à Philippes, comme vous le savez, nous prîmes de l'assurance en notre Dieu, pour vous annoncer l'Evangile de Dieu, au milieu de bien des combats" (2.2). "Vous avez souffert de la part de vos propres compatriotes les mêmes maux que les églises d'ici ont souffert de la part des Juifs. Ce sont eux qui ont fait mourir le Seigneur Jésus et qui nous ont persécutés" (2.14b-15).

"C'est pourquoi, (...) nous envoyâmes Timothée pour vous affermir et vous exhorter au sujet de votre foi, afin que personne ne fût ébranlé au milieu des tribulations présentes ; car vous savez vous-mêmes que nous sommes destinés à cela. Et lorsque nous étions auprès de vous, nous vous annoncions d'avance que nous serions exposés à des tribulations, comme cela est arrivé, et comme vous le savez. (...) En conséquence, frères, au milieu de toutes nos calamités et de nos tribulations, nous avons été consolés à votre sujet, à cause de votre foi. Car maintenant, nous vivons, puisque vous demeurez fermes dans le Seigneur" (1 Th 3.1-8).

Vous voyez le contraste entre les termes : affermir, exhorter, persécuter, ébranler, 3 fois le mot tribulations, calamités, consoler, fermes dans le Seigneur... "Vous savez, dit Paul,que nous sommes destinés à cela". Destinés à cela ?! Comme c'est étonnant. Nous l'avions un peu oublié.

Nous savons que notre Seigneur a souffert sur cette terre. Nous disons volontiers qu'il a souffert pour nous – ce qui est vrai ; mais nous entendons volontiers : à notre place. Cela n'est pas écrit. Il a souffert parce qu'il a choisi d'aimer Dieu et de faire sa volonté – c'est-à-dire exactement ce que nous disons à Dieu chaque matin dans la prière : Seigneur, aujourd'hui je t'aime et je veux faire ta volonté. N'est-ce pas notre vocation ? C'est notre vocation. C'est à cela que nous sommes destinés ! ET CELA COMPREND LA POSSIBILITE DE SOUFFRIR. C'est écrit !

Quiconque s'attache à cette vocation, non seulement honore le Seigneur mais il ouvre le chemin devant ses frères et soeurs chrétiens pour qu'ils fassent de même. Et en plus, il touche la conscience de ceux qui le voient vivre et à qui Dieu dit : C'est cela, vivre dignement.

4. Faire peur ou faire envie ?

Je suis en train de décrire, là, ce qu'est un disciple de Jésus, tout simplement. La question qui me vient à l'esprit (pour moi-même, déjà) est la suivante : Est-ce que cela fait peur ou est-ce que cela fait envie ? "Les apôtres se retirèrent de devant le sanhédrin, joyeux d'avoir été jugés dignes de subir des outrages pour le nom de Jésus" (5.41). Comment entendons-nous cela ? Je le formule autrement : L'alliance de salut qui m'est offerte en Jésus-Christ rend-elle possible que je puisse souffrir pour mon Seigneur ? Je le dis encore avec d'autres mots : La grâce qui m'a été révélée peut-elle nourrir en moi le désir d'être responsable, c'est-à-dire de répondre présent à l'appel – en délaissant ce qui me retient en arrière ?

Frères et soeurs, le Seigneur nous appelle à effectuer des choix. Nous en avons déjà fait. Il y en aura d'autres encore. Chaque choix peut être une victoire, chaque choix peut être une nouvelle liberté acquise, une occasion de grandir, une occasion de joie. Prêcher cela est important. Le vivre l'est beaucoup plus !

Je voudrais, pour terminer, rappeler une dimension de la vie chrétienne qui est rarement évoquée. Cela tient en peu de mots. La foi du chrétien n'est pas seulement la foi EN Jésus ; elle est aussi la foi DE Jésus. Voilà qui nous rapproche étonnamment de lui ! L'Esprit que Jésus a reçu était-il un autre Esprit que celui que nous avons reçu ? "Il y a un seul Esprit, et aussi une seule foi", dit Paul. Notre foi, dès lors qu'elle est juste, est la foi DE Jésus.

C'est la foi qui dit oui à ce que Dieu veut, et donc qui dit non à ce que Dieu réprouve. C'est la foi qui prend plaisir aux commandements de Dieu, comme le dit si magnifiquement le psaume 119. C'est la foi qui peut souffrir pour le Seigneur, qui peut renoncer, qui peut mourir s'il le faut. C'est la foi qui est agréable à Dieu car elle l'honore, ce qui est la chose la plus juste qui puisse exister dans ce monde. C'est exactement notre vocation de chrétiens !

Charles NICOLAS

 

 

 

 

 

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Commentaires
G
Tout simplement merci pour ces observations et encouragements à tenir ferme dans certaines épreuves... Et le bonheur et paix de regarder à lui...
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C
Merci beaucoup ... à méditer !!
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