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Le blog de Charles Nicolas
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  • Dans une société déchristianisée où les mots perdent leur sens, où l'amour et la vérité s'étiolent, où même les prédicateurs doutent de ce qu'ils doivent annoncer, ce blog propose des textes nourris de réflexion biblique et pastorale.
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15 avril 2024

Se laisser intimider ?

 

 

Ne nous laissons pas intimider !

  

 

Il ne suffit pas de chanter des cantiques. On nous attend à la sortie ! Certains rêvent de voir l'expression de la foi confinée dans les lieux de culte et l'espace clos de nos maisons. Pour cela, ils vont user de divers moyens d'intimidation comme la moquerie, la dérision, la caricature, l'invocation de la loi, les statistiques, etc. Ils feront parfois montre d'une telle assurance qu'il semblera difficile de répondre quoi que ce soit. Comment rendre témoignage quand c'est difficile ?

______________

 

Cela peut se produire à tout moment : au cours d'un repas, sur le trottoir, avec des collègues de travail, avec nos enfants adolescents... Le risque est grand de regretter ensuite de n'avoir rien dit, ou... d'avoir été maladroit, impulsif.

Bien sûr, le Saint-Esprit peut nous guider dans nos pensées et nos paroles, comme le dit Jésus (Mc 13.11), car il peut bien s'agir d'une forme de procès, parfois. Mais cela n'empêche pas d'y réfléchir à l'avance !

 

Ai-je bien compris ce que tu as dit ?

 

Quand un désaccord survient, cela peut être pour plusieurs raisons. Une de ces raisons, c'est qu'on s'est mal compris : on a parlé trop vite, on a employé des mots ou des expressions qui avaient un sens différent pour les uns et pour les autres. Peut-on définir certains mots ou expressions qui ont été employés ? Que veux-tu dire par là ?

Pour un vrai dialogue, nous pouvons rappeler qu'il n'est pas juste de considérer que le problème, voire la faute, se situeraient nécessairement d'un seul côté. On n'est justement pas dans un procès ! Je veux bien écouter et remettre en question telle ou telle manière de penser, mais cela doit être vrai également pour mon contradicteur. Il n'est pas mon maître, je ne suis pas son enfant. La moquerie ou la dérision ne devraient pas avoir leur place dans cet échange. S'il te plaît, parlons sérieusement.

Il serait souvent sage d'admettre qu'un seul échange n'est pas suffisant pour faire sérieusement le tour de la question. Aller trop vite empêche d'atteindre le but. Si cela est matériellement possible, peut-on envisager deux rencontres, ou mieux trois ? J'aimerais creuser cette question avec toi. Peut-on se revoir pour en parler tranquillement ?

Il est souhaitable, avant d'être écouté, d'écouter ce que l'autre a à dire. S'il se sait écouté – et pas immédiatement contredit – il est probable qu'il s'exprimera de manière apaisée. Ecouter signifie ne pas interrompre, si ce n'est pour poser une question en vue de mieux comprendre, réellement mieux comprendre ce qui a conduit notre contradicteur à la position qui est la sienne : une expérience vécue, une rencontre marquante, une lecture... Il y a une manière de poser des questions qui honore la personne. Que veux-tu dire par là ? Pourquoi dis-tu cela ? Es-tu sûr de ce que tu avances ? L'écoute vraie est rare.

 

Jusque-là je suis d'accord

 

Reconnaissons ce qu'il y a de juste dans ce qui nous est dit. Là, je suis d'accord avec toi. Tout en sachant qu'une affirmation juste peut se situer dans un raisonnement fallacieux. En d'autres termes, tout n'est pas forcément entièrement faux ou entièrement juste. Souvent, c'est juste jusqu'à un certain point ; après cela ne l'est plus. On peut le faire remarquer.

Une fois cette étape traversée (cela suffira peut-être pour une première rencontre), on peut demander l'autorisation d'exprimer maintenant notre pensée. Il est souhaitable de progresser par étape, en s'assurant que l'on est compris. Ne courons pas tout de suite aux conclusions définitives.

Ces précautions permettront sans doute d'apporter de la lumière et, en conséquence, de mieux comprendre les raisons du désaccord ou de l'antagonisme : des parcours différents, des présupposés (on dit des biais cognitifs, parfois) différents, et en conséquence une compréhension différente de certaines notions comme la laïcité, l'amour, l'égalité, etc.

Parfois, il faudra seulement prendre acte de ces différences qui, dans certains cas, ne vont pas permettre de s'accorder et d'aller plus loin... pour le moment. Si on a été bienveillant, le moment viendra peut-être où notre contradicteur souhaitera un nouvel échange. Dieu est patient ; nous pouvons l'être aussi.

 

L'amour ne dit pas oui à tout

 

Cette manière d'échanger signifie-t-elle que l'on acquiesce à tout ce qui est dit ? La réponse est non. On peut dire qu'on ne comprend pas ou même qu'on ne peut pas être d'accord. Parfois cela touchera des points secondaires, parfois des points importants. Mieux vaut le dire paisiblement.

Beaucoup de désaccords ou d'oppositions sont nourris de sentiments d'amour propre. Sans acquiescer quand il ne faut pas le faire, il est possible d'exprimer un désaccord en ménageant l'amour propre de la personne, c'est-à-dire sans l'humilier, sans idée de victoire. En disant par exemple : Je ne peux pas te suivre sur ce point, mais j'ai entendu ce que tu as dit et je vais y réfléchir. Peut-on en reparler une autre fois ?

En tant que chrétiens, nous sommes témoins de la vérité que Dieu a révélée. Seulement témoins ! La puissance est dans la vérité énoncée : je peux donc la formuler doucement. Si la personne est sincère, Dieu lui-même confirmera dans son cœur ce qui relève de la vérité et ce qui relève d'un mensonge. En un sens, cela ne dépend pas de moi.

L'amour se réjouit de la vérité (1 Co 13.6). Nous devons aussi nous souvenir que la vérité et l'amour vont ensemble (Ep 4.15). Aimer n'implique pas de dire oui à tout ! Aimer ne cherche pas à plaire (Ga 1.10). Jésus ne l'a pas fait. Mais aimer offre des occasions d'avancer. C'est pour cela que la vérité est convoquée !

Parmi les arguments qui nous seront avancés par le contradicteur, plusieurs peuvent être déstabilisants, piégeux. Il est sage de ne pas répondre avec précipitation. Dans ce genre de situation, Jésus a souvent répondu en posant à son tour une question (Mt 21.24). Mieux vaut un rythme d'échange lent, qui ne cède pas à l'émotion.

Enfin, nous savons qu'on ne s'adresse pas à un groupe comme on s'adresse à une personne seule. Dans un groupe chacun cherche à impressionner les autres, parfois par des moyens peu raisonnables. Face à un groupe, sans doute est-il quand même important de dire quelque chose, car parmi les personnes présentes – qui se taisent ou même qui se moquent – il peut bien s'en trouver qui soient plus réceptives qu'il n'y paraît. Mais on évitera les disputes qui ne mènent à rien, comme dit Paul (2 Tm 2.14, 16 ; Ti 3.9). On peut dire par exemple : Ce sujet est beaucoup trop délicat pour en parler légèrement, avec des slogans. Mais je suis prêt à y réfléchir sérieusement quand vous le voulez. En disant cela, on hausse le niveau et on offre à qui le voudra la possibilité d'aller plus loin, si possible seul à seul ou en plus petit groupe.

 

Répondre ou rétorquer ?

 

J'imagine maintenant quelques échanges à partir d'arguments déstabilisants. Evidemment, le ton avec lequel nous nous exprimerons est important. Conviction et humilité peuvent aller ensemble.

 

Ce que tu dis appartient au passé ! Pourquoi dis-tu cela ? Penses-tu que tous ceux qui ont réfléchi à cela avant nous étaient des sots ? Ne crois-tu pas qu'il y a des réalités, des principes qui demeurent inchangés quelle que soit l'époque ? Une Amanite phalloïde n'est pas devenue comestible par le seul fait qu'on soit au XXIème siècle. Si l'univers subsiste, c'est qu'il obéit à des lois qui demeurent inchangées. Cela est également vrai dans le domaine moral. On ne peut pas jouer avec cela à notre guise.

 

Aujourd'hui, plus personne ne pense comme toi ! Tu crois donc que je suis le seul à penser comme cela ? Détrompe-toi ! Par ailleurs, ce qui est juste n'est pas une affaire de statistique. Les statistiques sont comme les modes et le temps qu'il fait : elles évoluent sans cesse. Je ne les ignore pas, mais je ne m'y fie pas. Pour diriger ma vie, je cherche des éléments plus fiables !

 

C'est ton avis, mais chacun a le sien (et donc garde le tien pour toi). Ecoute, jusqu'à présent, on a le droit de s'exprimer. Je n'impose rien à personne. Si j'exprime ma pensée, ce n'est pas pour le plaisir de contredire, c'est parce que je crois que c'est utile. Chacun, ensuite, assume ses choix. Par contre, je ne crois pas que tout soit indifférent, que tout revienne au même. Il y a des conséquences qui, dans certains cas, seront importantes. C'est pourquoi il est important de continuer à réfléchir, à s'écouter mutuellement.

 

Tu sais, la science a démontré... Parfois la science démontre, souvent elle suppose, en tâtonnant. Tous les jours on peut voir des certitudes scientifiques être remises en cause et parfois démenties. Ça évolue sans cesse, et pas toujours dans le même sens ! La science est souvent pointue sur un domaine donné, mais elle prend rarement en compte l'ensemble des données. Je me méfie des scientifiques trop sûrs d'eux. Un scientifique sérieux est généralement assez modeste. Derrière les discours scientifiques, il y a aussi des partis pris, des opinions, des idéologies, des modes, des intérêts. Prudence avec tout cela !

 

En quoi cela te gène-t-il, si on ne t'oblige pas à faire de même ? Simplement je ne suis pas indifférent à ce qui se passe autour de moi. Je n'impose rien, mais je ne vis pas dans le 'chacun pour soi'. Donc, si je pense qu'un choix est erroné ou dangereux, je le dis. Je crois aussi que chaque être humain a une conscience et qu'aujourd'hui beaucoup de discours soi-disant émancipateurs écrasent les consciences. Les fruits, en fin de compte, seront amers. Il me semble important de le dire, alors.

 

Qu'est-ce qui te permet de juger les autres ? Tu sais, juger est quelques fois déplacé et quelques fois nécessaire. Pour reprendre l'image des champignons, si on t'apporte un plateau de champignons qui n'ont pas été triés, je ne crois pas que tu mettras tout cela dans ta poêle. Tout ne revient pas au même. Il y a des opinions ou des réalités qui paraissent plaisantes dans un premier temps et qui s'avèrent mortelles ensuite. Je dois te dire aussi que dans cette évaluation, je ne me fie pas qu'à moi-même. J'écoute ce que disent les autres, je lis. Souvent aussi je suis amené à me souvenir de ce que la Bible dit sur un grand nombre de sujets. Son réalisme est vraiment saisissant. Si Dieu dit qu'une chose est juste, je suis tenté de le croire. S'il dit qu'elle n'est pas juste, je le crois aussi. Cela me paraît bien sage. Et je ne crois pas que cela soit contraire à la vie, et même à la joie. Bien au contraire, en fait.

En tant que chrétiens, nous savons que l'intelligence concerne aussi le cœur. Cela n'exclut pas les sentiments et les raisonnements, mais cela va plus loin. A cet égard, le Psaume 119 constitue un remarquable témoignage. Mieux vaut pour moi la loi de ta bouche que mille objets d'or ou d'argent (119.72). Ne nous laissons pas intimider. 

Ch.N.

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