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Le blog de Charles Nicolas
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  • Dans une société déchristianisée où les mots perdent leur sens, où l'amour et la vérité s'étiolent, où même les prédicateurs doutent de ce qu'ils doivent annoncer, ce blog propose des textes nourris de réflexion biblique et pastorale.
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7 juin 2020

Se préparer pour prêcher (5)

 

Deuxième cours (suite)

 

III. PRENDRE LE TEXTE AU SERIEUX

 

1. Le but, l'unité et l'application

 

a. Le but

Prendre le texte au sérieux suppose que l'on se pose ce genre de questions : Quelle est l’intention de l’auteur ? Pourquoi le Saint-Esprit a-t-il inspiré ce texte ? Pourquoi Paul aborde-t-il à cet endroit précis de son raisonnement ce thème-là et pas un autre ? Qu’est-ce qui manquait à ses lecteurs ? Quels étaient les enjeux ?

Trois questions permettent de bien formuler le sujet :

  1. - Que dit le texte ?1

  2. - Quelles questions spirituelles et pratiques le texte aborde-il dans son contexte ?

  3. - Quelles préoccupations spirituelles et pratiques les auditeurs d’aujourd’hui partagent-ils avec ceux d’autrefois ?

Pour la clarté du message, la réponse à chacune de ces trois questions devrait pouvoir tenir en une seule phrase.

L'auteur biblique s'est adressé en premier lieu à des personnes particulières, dans un contexte donné. La Parole de Dieu – lue ou prêchée – déborde largement tous les contextes imaginables ; cependant elle est toujours lue ou entendue dans un contexte donné2. (Cf. La prédication est une lecture actualisée d'un passage de l'Ecriture).

Le cadre originel du texte devra probablement être présenté dans l’introduction, ce qui constituera sans doute une bonne accroche. Il peut s’agir de la souffrance, de l'adversité, du désir d’être de meilleurs parents, etc... Ensuite, la prédication oriente l’auditoire vers la grâce de Dieu, vers la réponse de Dieu.

 

b. L'unité

1. L’idée principale doit venir du texte lui-même :

- De quoi l’auteur parle-t-il exactement ?

- Que dit-il à ce sujet ?

- Lire et assimiler le texte pour définir l’idée principale qu’il communique.

- Travailler cette idée et la formuler sous la forme d’un bref résumé, une 'phrase message'. Une bonne 'phrase-message' serait, par exemple : "Dieu demeure fidèle à l’égard d’un peuple infidèle" ou "Une foi fragile dans un Sauveur puissant", ou "Il y a encore des brebis du Seigneur au dehors", etc.3

2. La prédication devrait porter sur un seul sujet. Comment l'auditeur pourrait-il appliquer sérieusement ce qu'il a entendu, si ce n'est pas le cas ? Comment pourrait-il le transmettre ensuite à quelqu'un d'autre ?

Dans la marche chrétienne, il est utopique de vouloir franchir plusieurs étapes en une seule fois. Cette discipline empêche le prédicateur de vagabonder d’une pensée à l’autre, l’oblige à réfléchir à ce qu’il va dire et ne pas dire. « Il est plus facile d’attraper une balle qu’une poignée de sable ». Une prédication peut comporter plusieurs points, mais elle ne peut pas porter sur plusieurs sujets différents.

c. L'application

Si le prédicateur néglige cette étape, l’auditoire se dira : « Et après ? »

Deux écueils existent à cet égard :

- Prendre les auditeurs pour des enfants

- Considérer qu'ils savent automatiquement appliquer la vérité biblique à leur vie.

Dans tous les cas, le prédicateur doit rendre évident que le texte biblique est porteur d'une implication importante pour chacun des auditeurs, dans sa vie personnelle, dans sa situation propre, quelle qu'elle soit. Il manque à beaucoup de sermons un but clair et une application pratique qui puisse être mise en pratique tout de suite4.

_______

 

2. Le processus explicatif

La plupart des chrétiens n’ont ni envie ni besoin d’assister à des exposés historiques ou exégétiques. Ce qu’ils souhaitent, ce qui leur est nécessaire, c’est une prédication qui démontre la manière dont les données bibliques s’appliquent à leur vie, "comment se conduire et plaire à Dieu"(1 Th 4.1).Les prédicateurs ne peuvent donc se contenter de présenter des informations : ils devraient organiser les éléments explicatifs de leurs messages de manière à ce que lesimplications du texte dans la vie des auditeurssoient clairement perceptibles5.

a. Quatre étapes nécessaires

Il s'agit ici de cheminer peu à peu vers la mise en place du plan de la prédication6.

1. Observer. Charles Spurgeon écrit : « Laissez le texte vous imprégner. Je prêche mieux lorsque j’ai pu m’immerger dans mon texte ». Il faut le lire et le relire jusqu’à ce que l’enchaînement des pensées de l’auteur devienne clair, familier7.

2. Interroger.Le prédicateur se prépare à expliquer le texte en se posant les questions que ses auditeurs se poseraient s’ils cherchaient à comprendre le texte. On interroge le texte afin de mettre en évidence ce qui est dans le texte plutôt que d’imposer au texte ce qui ne s’y trouve pas.

- Que dit le texte ? (exégèse)

. Mots-clés, temps des verbes

. Comparer différentes versions

. Références parallèles (autres versets où les thème/mots-clés apparaissent).

- Comment le texte s’articule-t-il ? (plan exégétique)

. Repérer les idées principales et les idées secondaires

. Remarquer comment elles s’articulent entre elles (ainsi, c'est pourquoi...).

Il est fréquent que les mots utilisés – y compris les mots-clés – n'aient pas le même sens pour tous. Sans s'y attarder outre mesure, il sera souvent utile de définir le sens de tel ou tel mot dans la perspective biblique.

3. Établir des rapprochements de situation. En quoi ressemblons-nous aux destinataires initiaux du message biblique ? Il ne faut pas attendre la fin du travail d’exégèse pour commencer à penser aux auditeurs et établir des rapprochements entre le texte et les préoccupations de la communauté dans sa diversité. Les visites que le pasteur peut faire vont l'aider à établir ces rapprochements. Ces rapprochements vont aider le prédicateur à faire un tri parmi les options explicatives.

4. Organiser :

i. Elaborer un plan homilétique. Le plan exégétique (du texte) n’est pas forcément le plan homilétique (du message).Le plan homilétique définit la meilleure manière de communiquer le sens du texte à la communauté présente.

ii. Couvrir l’ensemble du texte. Le prédicateur doit rendre compte de tous les éléments importants du texte, même si tout n’a pas besoin d’être approfondi de la même manière, même s'il retient un seul point important pour en faire le sujet de son message. Les gens devraient pouvoir rentrer chez eux en ayant acquis une bonne vue d’ensemble du texte.

iii. Faire le tri. Il ne s'agit pas de tout dire. Il ne s'agit pas d'être brillant. Il s'agit d'être utile.Il faut résister à la tentation de garder toutes les idées qui nous sont venues à l’esprit. Il ne faut pas hésiter à éliminer tout ce qui obscurcit la présentation. La présentation finale doit être aussi claire que possible.

 

b. Explication, illustration et application

Prêcher l’Écriture signifie mettre en lumière le sens du texte de telle manière que les auditeurs puissent se trouver face aux vérités bibliques, les comprendre et agir en conséquence.

- l'explication touche l’intelligence : "Que dit le texte ?"

- les illustrations touchent le cœur : "Ce texte parle-t-il de la réalité ?"

- l'application touche la volonté : "Que signifie ce texte pour moi ?"

Dans l’approche traditionnelle de la prédication, ces trois composantes apparaîtront dans chacun des points principaux, même s’il est possible de faire des exceptions. Les auditeurs, en effet, prêtent souvent davantage attention à un discours dont les démonstrations et applications sont régulières et fréquentes. En d'autres termes, il est préférable d'éviter de prêcher pendant 30 minutes en espérant que la communauté se contentera du fait que ce qui la concerne directement ne soit dit que dans les cinq dernières minutes8.

On évitera trois défauts :

- les explications qui enflent jusqu’à devenir de pesants étalages d’érudition

- les illustrations qui dominent au point de verser dans le divertissement

- les applications qui ont tendance à devenir moralisatrices.

Je rappelle l'exhortation de Charles Spurgeon à ses étudiants : « Faites tout pour qu'on vous comprenne ; rendez impossible qu'on ne vous comprenne pas ».

______________________

Notes.

1Voir l'annexe 3. Ecouter.

2Un pasteur avait entendu Charles FINNEY prêcher sur la loi de Dieu. Un Réveil s'en était suivi. De retour chez lui, il prêcha sur la loi de Dieu, mais aucun Réveil ne survint. Comme il en parlait à Finney, celui-ci lui répondit : Là, c'est sur la grâce qu'il fallait prêcher !

3Il peut arriver que le prédicateur ne soit pas en mesure de dire lui-même la phrase-résumé de son message, après avoir prêché. Ce n'est pas bon signe.

4 La lectio divina se borne à l'écoute du texte, avec comme question : Qu'est-ce que ce texte me dit ? Le prédicateur doit aller plus loin, avec cette question : Qu'est-ce que le texte dit ? Cependant, l'application demeure capitale.

5Cette partie est synthétisée dans le tableau de l'annexe 5.

6Voir l'annexe 6 : 5 questions clés.

7Voir l'annexe 3 sur l'importance de l'écoute (du texte).

 

8Voir l'équilibre de ces composantes dans le tableau de l'annexe 5.   

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