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Le blog de Charles Nicolas
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  • Dans une société déchristianisée où les mots perdent leur sens, où l'amour et la vérité s'étiolent, où même les prédicateurs doutent de ce qu'ils doivent annoncer, ce blog propose des textes nourris de réflexion biblique et pastorale.
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13 août 2022

Sobriété - Quelle liberté la foi me donne-t-elle ?

 

 

SOBRIETE

QUELLE LIBERTE LA FOI ME DONNE-T-ELLE ? 

Ch. Nicolas

 

Cet exposé ainsi que les deux suivants ont été apportés

en juillet 2022 lors d'un séminaire sur l'éducation numérique

au chateau de Joudes-St Amour - https://www.chateau-de-joudes.com - 

 

II. Rester libres !

La notion de liberté n'est pas si facile que cela à définir et elle variera grandement selon qu'elle est éclairée ou pas par la foi biblique.

A la fin des années 70, le GBU à Aix-en-Provence a organisé un cycle de 3 conférences à la faculté des Lettres sur le thème de la liberté, avec trois intervenants de qualité : Henri Blocher le théologien, Jean Brun le philosophe et Jacques Ellul le professeur de Droit. La conférence de Jacques Ellul est celle qui m'a le plus éclairé, avec cette affirmation simple : la liberté, pour l'homme, c'est vouloir ce que Dieu veut1.

C'est dans ce sens que Paul écrit aux chrétiens de Thessalonique : Vous avez appris de nous comment vous devez vous conduire et plaire à Dieu (1 Th 4.1). Tous les jours ; tout le jour. Pourquoi citer ce verset ? Parce que la tentation pour le modernisme n'est pas forcément d'exclure Dieu totalement, mais c'est de l'exclure des références principales. Dieu est toléré ; il est cantonné dans une sphère bien délimitée. Vous voyez la différence avec se conduire et plaire à Dieu, qui englobe la totalité de la vie ?2

A cette attitude (donner les miettes à Dieu), j'oppose ce qu'on pourrait appeler la notion biblique d'intelligence. Cela n'a aucun rapport avec les diplômes ou la vivacité d'esprit. Comme le dit J. Ellul, l'intelligence n'est pas de l'algèbre. L'intelligence, du point de vue biblique, c'est l'aptitude à discerner ce que Dieu approuve. Le diable est très intelligent, mais pas dans ce sens-là ! Si cette définition de l'intelligence n'est pas acquise, nous sommes perdus.

1. Je ne me laisserai asservir par rien !

Tout m'est permis, mais tout n'est pas utile ; tout m'est permis, mais je ne me laisserai asservir par quoi que ce soit (1 Co 6.12).

C'est en décembre dernier que s'est confirmée ma participation à ce séminaire. Au même moment j'ai déménagé et me suis retrouvé sans connexion pendant 6 mois. Hasard ? Peut-être. Mais il n'est pas interdit d'y voir aussi la pédagogie de Dieu. Je n'ai pas de smartphone. Je me suis dépanné comme j'ai pu, ici et là. Auparavant, je croyais défaillir quand il y avait une coupure d'une heure. En fait, j'ai assez bien vécu cette expérience.

On pense à ce que dit Paul : J'ai appris à être dans l'abondance et dans la disette, à être content de l'état où je me trouve (Ph 4.11 et 12). C'est dans ce passage qu'il dit aussi : Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur (4.4). Ce n'est donc pas morbide !

J'ai trouvé remarquable ce slogan entendu à la radio pour lutter contre la dépendance à l'alcool : Pas plus de 2 verres par jour, et pas tous les jours. La leçon, c'est que ce qui est bon (et pas seulement ce qui est mauvais) peut devenir dangereux, c'est-à-dire nous ravir notre liberté. Là, deux limites sont préconisées pour préserver ; ce n'est pas trop.

Aujourd'hui, dans bien des cas, on n'écoute pas de la musique, on s'enivre de musique, comme dans les cultes païens. Cela, bien sûr, ne nous fait pas du bien. Mais il y a plus grave : c'est une offense à Dieu. On n'y songe guère. Je pense à ce que dit Paul : Ne vous enivrez pas de vin, c'est de la débauche ; soyez au contraire remplis de l'Esprit (Ep 5.18). Remplacer le Saint-Esprit par autre chose, n'est-ce pas une offense à Dieu ? N'est-ce pas le propre de l'impiété qui irrite Dieu ? (Ro 1.18). N'est-ce pas ce que J. Ellul appelle le non-sens, l'absurde, l'irrationnel ?3

Je voudrais évoquer ici l'expérience du jeûne qui est par excellence l'école de la liberté : Je ne me laisserai asservir par rien. Je rappelle simplement qu'il n'y a pas que le jeûne de nourriture : il y a aussi le jeûne de travail, de contacts sociaux, de relations sexuelles dans le mariage, de paroles, de radio, de télévision, de musique... Il y a beaucoup à apprendre, pour ceux qui désirent être libres et avancer4.

Quand un enfant de 14 ans préfère sauter le repas familial plutôt que se séparer de son smartphone pendant 30 minutes, comment faut-il appeler cela, sinon une dépendance ? Quand vous donnez à votre enfant une tablette ou un smartphone, en réalité c'est comme si vous lui donniez une bouteille de vin ou un gramme de cocaïne, affirmeMandy Saligari, experte en addictologie5.

En tant que chrétien, savoir s'abstenir, par moment, de choses bonnes et légitimes, c'est certainement une preuve de liberté et une marque de maturité ! C'est aussi la marque d'une aptitude à souffrir à cause de la foi, et pas seulement être enrichi ou épargné... On pourrait en parler longtemps6. Je renvoie au livre de Rod Dreher : Le pari bénédictin : Comment être chrétien dans un monde qui ne l'est plus ? Rod Dreher écrit : Le seul Evangile que nous avons appris, c'est un Evangile sans larmes. Se conduire et plaire à Dieu...

Je songe à cette recommandation du livre des Proverbes : Garde ton cœur plus que tout autre chose, car de lui viennent les sources de la vie(4.23). Je l'associe à ce que dit Job : J'avais fait un pacte avec mes yeux et je n'aurais pas arrêté mon regard sur une vierge (Jb 31.1). J'avais fait un pacte avec mes yeux ! S'abstenir, renoncer... Il semble que ces mots soient désormais bannis. On demande à un enfant de s'abstenir ; et encore...

Je crois important de rappeler ceci : rien n'est neutre, tout laisse une trace ! Certaines images entrevues l'espace d'une seconde resteront inscrites dans notre cœur pour le restant de notre vie. Les yeux sont une fenêtre du cœur ; les oreilles aussi. Tout ce qui fait rire n'est pas bon à entendre... On ne peut pas communier à toutes les tables7. On sait dépolluer une plage, mais dépolluer les cœurs, c'est autre chose.

La liberté passe par l'aptitude à dire non, d'une manière déterminée. C'est la pédagogie des Dix commandements. Dans un premier temps, il semble que nous allons perdre quelque chose, mais finalement nous serons gagnants8. Il ne s'agit pas de dire tout le temps non, bien sûr. Mais qu'advient-il à celui ou celle qui ne dit jamais non ? Jésus n'a pas dit oui à tout. Dans une maison, les portes et les fenêtres ne sont pas ouvertes par tous les temps.

Dans son livre Résister au mensonge, Rod Dreher évoque le père orthodoxe Kolakovic et sa devise pour former les chrétiens face à l'oppression : Voir, juger, agir. Voir : s'éveiller à la réalité qui nous entoure. Juger: savoir discerner la signification de cette réalité à la lumière de ce qui est vrai, en particulier les enseignements de la foi chrétienne. Agir pour résister au mal, y compris si cela implique une souffrance.

On pense à ce que dit Paul : Il n'est pas de soldat qui s'embarrasse des affaires de la vie, s'il veut plaire à celui qui l'a enrôlé (2 Tm 2.4). Y a-t-il un lien avec notre sujet ? Je crois que oui.

Je voudrais citer Michel Varton (ancien directeur de Portes Ouvertes) dans sa préface du livre de Nik Ripken : Mes voies ne sont pas vos voies (Portes Ouvertes-Excelsis, 2014) : Nous vivons aujourd'hui dans un mode obsédé par la réussite, où tout vient par un simple “clic”, sans effort et sans coût apparent. Mais nous risquons aussi de tomber dans un piège : celui de croire que nous pouvons atteindre le monde pour Jésus, ce monde de plus en plus indifférent et hostile à notre message, simplement grâce à un sursaut technologique ou par une méthode de marketing. C'est pour cela que nous avons besoin du message que nous délivrent les chrétiens persécutés.

2. Silence et recueillement

Le plus grand malheur du monde est de ne pas savoir rester seul dans une chambre. (Blaise Pascal)

On ne comprend absolument rien à la civilisation moderne si l'on n'admet pas d'abord qu'elle est une conspiration universelle contre toute espèce de vie intérieure.

(Georges Bernanos, La France contre les robots, 1946)

Dieu est jaloux de notre cœur, de nos affections, du temps que nous consacrons indûment à certaines choses9. C'est pour cela que le peuple de Dieu est parfois appelé adultère (Jc 4.4 ; 2 Pi 2.14).

Tout le monde sait que le silence et le recueillement sont importants ; seraient importants, devrais-je dire.Combien de temps les pasteurs passent-ils à prier ? Personne ne le sait. On dit que ça se compte en minutes...

Je pense à Marie de Hennezel qui commence un de ses livres en relatant une rencontre avec un vieux montagnard. L'homme avance avec sa canne à pas lents. Quand j'étais jeune, dit-il, je faisais ce tour en 20 minutes, en courant. Maintenant il me faut une heure et demi. Mais j'observe les fleurs, j'écoute l'eau qui coule et les clarines des troupeaux. Evidemment, on va plus vite avec l'autoroute, mais les plus beaux secrets ne sont-ils pas au bord des sentiers et des ruisseaux ?

J'ai entendu le pasteur Jacot (père de Lytta Basset) raconter que quand il était enfant, après le catéchisme du jeudi matin, il avait une demi-heure de marche pour rentrer chez lui par une petite route. Si ma mère était venue me chercher en voiture et était passée au Supermarché avant le retour à la maison, je ne serais peut-être pas devenu pasteur. Cela rejoint assez exactement la parabole du semeur. Certes la semence est puissante, mais elle peut bien être dérobée, desséchée, étouffée... (Mt 13.18-23)10.

Il ne s'agit pas de rester seul et silencieux tout le temps. Mais peut-on vraiment avancer sans aucun moment de silence et de solitude ? Souvenons-nous du fils prodigue : à quel moment Dieu lui a-t-il parlé ? C'était une sorte de jeûne involontaire. Même Jésus a eu besoin de se tenir à l'écart plus d'une fois, avant de retourner au combat.

Je me souviens du petit panneau bleu-nuit qu'on pouvait voir autrefois : Silence Hôpital ! Comme dans les églises : attention, c'est un lieu où on se recueille. Maintenant, il y a la télé dans chaque chambre. Cependant, je vois des patients faire plus de chemin en 3 jours sur un lit d'hôpital qu'en 30 ans à courir à droite et à gauche.

Quand j'étais enfant, j'accompagnais mes parents au culte de l'église réformée. La liturgie m'a marqué plus que les prédications. Silence, recueillement. Aujourd'hui, on a parfois l'impression d'assister à une émission de télévision quand on est au culte. Pour attirer les jeunes ? Mais de quoi les jeunes ont-ils besoin, finalement ? Pas d'une animation de plus !

Cela me rappelle ce qu'écrit Alexandre Soljénitsyne dans L'Archipel du Goulag : C'est pourquoi je me tourne vers mes années de détention et dis, non sans étonner parfois ceux qui m'entourent : Bénie sois-tu, prison ! Béni soit le rôle que tu as joué dans mon existence ! 11

3. Voir, regarder, contempler

Elisée et son serviteur se trouvent dans une ville assiégée par l'armée du roi de Syrie.Je lis : Le serviteur de l'homme de Dieu se leva de bon matin et sortit ; et voici, une troupe entourait la ville avec des chevaux et des chars. Le serviteur dit à l'homme de Dieu : - Ah ! mon seigneur, comment ferons-nous ? Elisée répondit : Ne crains pas car ceux qui sont avec nous sont en plus grand nombre que ceux qui sont avec eux. Elisée pria et dit : - Eternel, ouvre ses yeux pour qu'il voie ! L'Eternel ouvrit les yeux du serviteur qui vit la montagne pleine de chevaux et de chars de feu autour d'Elisée (2 Rois 6.15-17).

J'ai réfléchi au mot révélation, mot capital pour la foi chrétienne. Il n'y a pas de foi chrétienne, il n'y a pas vie chrétienne sans révélation, c'est-à-dire sans l'action de Dieu qui se révèle. Songeons à la rencontre de Moïse avec le buisson ardent, de Saul de Tarse avec Jésus. Le mot révélation nous renvoie à des paroles, certes, mais aussi et surtout à de la lumière. Que vaudraient d'interminables discours... sans lumière ?

J'ai constamment l'Eternel sous mes yeux, dit David (Ps 16.8). Quand Dieu fait une promesse, il donne quelque chose à voir et pas seulement à entendre. L'espérance est une vision. Abraham a une femme stérile, mais il voit sa propre descendance, et même le Messie : Abraham, votre père, a tressailli de joie de ce qu’il verrait mon jour, dit Jésus. Il l'a vu et il s'est réjoui ! (Jn 8.56). Et nous, que voyons-nous, à part des images qui défilent ? Je cite la lettre aux Hébreux : Celui qui a été abaissé pour un peu de temps au-dessous des anges, Jésus, nous le voyons couronné de gloire et d'honneur (2.9).

Mon oreille avait entendu parler de toi ; mais maintenant mon œil t'a vu ! dit Job(42.5). Pas seulement saisir l'idée d'une chose, mais en saisir la réalité, même si elle est invisible pour les yeux. Cela revêt une grande importance, notamment en situation d'épreuve ou de persécution. Allons avec persévérance, ayant les regards sur Jésus, dit la lettre aux Hébreux (12.1-2). Ceux qui ont ce regard tiendront !

Pour terminer, je voudrais souligner la progression qu'indiquent les verbes voir, regarder et contempler. C'est de plus en plus profond.

Voir concerne les yeux seulement. C'est bref et superficiel ; c'est ce que nous faisons tout le temps. Voir, c'est comme entendre. Cela ne laisse pas beaucoup de trace. Quand Jésus était sur la croix, un des brigands l'a vu, l'autre l'a regardé. La différence a été considérable.

Regarder, c'est attacher son regard pendant un temps plus long. Voir une femme est une chose ; la regarder est autre chose, nous le savons. Le cœur est concerné autrement. Regarder est comme écouter. Mes brebis écoutent ma voix et elles me suivent. C'est mieux que seulement entendre !

Contempler, c'est regarder longuement. C'est fixer son regard (pas seulement les yeux) longuement sur une chose seulement. Dans contempler, il y a la dimension d'une offrande. Il y a la dimension de l'adoration. Certains diraient que voir c'est le corps, regarder c'est l'âme, contempler c'est l'esprit12.

Paul et Silas étaient dans un cachot et ils chantaient les louanges de Dieu (Ac 16.25). Ils voyaient les murs du cachot, là devant eux, mais ils regardaient beaucoup plus loin, en réalité. Peut-être même contemplaient-ils des réalités célestes qui les faisaient chanter, de telle sorte que les prisonniers les entendaient !

Ailleurs, Paul écrit : Nous sommes pressés de toute manière mais non réduits à l'extrémité, dans la détresse mais non dans le désespoir, persécutés mais non abandonnés, abattus mais non perdus (…) Parce que nous regardons, non aux choses visibles, mais à celles qui sont invisibles ; car les choses visibles sont passagères, les invisibles sont éternelles(2 Co 4.8-9, 18).

Enfin, quand nous contemplons le Seigneur, écrit Paul, nous sommes transformés à son image par le Saint-Esprit ! (2 Co 3.18). Comment est-ce possible ? Paul le dit : Par le Saint-Esprit. Le mot transformer est la traduction du grec metamorphoô que l'on peut aussi traduire par transfigurer.

Quel rapport avec les écrans et la multiplication des images ? Ceux-ci peuvent exposer à un double danger. D'une part la profusion et la superficialité : tout se joue au niveau du psychisme, de la diversion, de la séduction, des émotions. D'autre part, l'effet de fascination : il peut devenir si grand que le cœur peut être accroché et cela peut produire une expérience de type spirituel, une emprise excessive. Quelle emprise, si ce n'est pas celle de Dieu ?13

J'ai entendu que de nombreux enfants souffriront de myopie dans les années à venir, car ils fixent un écran qui est à 60 centimètres de leurs yeux. Il faudrait qu'ils aillent aussi jouer dehors pour que leur regard porte plus loin... Nous regardons, non aux choses visibles, mais à celles qui sont invisibles ; car les choses visibles sont passagères, les invisibles sont éternelles. Cette parole de Paul évoque une distance et une durée.

Je termine avec cette citation de Jacques Ellul(Autopsie de la Révolution, 1969) : Le plus haut point de rupture envers cette société technicienne, l'attitude vraiment révolutionnaire serait l'attitude de contemplation au lieu de l'agitation frénétique.

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Annexes

1. L'Eglise blessée

Ce que je vis ne concerne pas que moi. Ce qui me touche – en bien ou en mal – touche Dieu aussi. On le voit avec la parabole de la brebis perdue. On le voit aussi avec la parole de Jésus à Saul de Tarse : Je suis Jésus que tu persécutes (Ac 9.5). C'est une des raisons pour lesquelles nous devons veiller sur nous-mêmes.

Mais il y a autre chose encore : ce qui touche un chrétien – en bien ou en mal – touche également l'Eglise, qu'on le veuille ou pas. Si je suis enrichi, réjoui, fortifié, si je me préserve, si je remporte une victoire, si j'avance, tout cela est gagné pour l'Eglise, même si je n'en parle pas, même si personne ne le sait. Inversement, si je flanche, si je dévie, si je perds, si je me compromets, l'Eglise en sera affectée, même si personne ne le sait. Et le témoignage vers l'extérieur aussi.

Paul dit tout cela en une phrase : De même que les membres du corps, malgré leur nombre, ne forment qu'un seul corps, ainsi en est-il de Christ ! (1 Co 12.12).

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2. Tablettes = cocaïne

Mandy Saligari, addictologue

Smartphones, tablettes : à consommer avec modération ! Pour les enfants, l’usage de ces appareils a le même effet que l’alcool ou la cocaïne. C’est ce qu’a affirmé une spécialiste des addictions, Mandy Saligari, lors d’une conférence sur le développement des adolescents organisée à Londres (Royaume-Uni) : « Je dis toujours aux parents : quand vous donnez une tablette ou un smartphone à votre enfant, c’est comme si vous leur donniez une bouteille de vin ou un gramme de cocaïne », a affirmé ce médecin, dont les propos sont rapportés par The Independant.

Des compagnons inséparables. Dans la clinique de l'addictologue britannique, le nombre de consultations pour addiction aux supports numériques a explosé. Il faut dire que l’usage d’appareils connectés est largement répandu. Rien qu'en France, 38 % des enfants possèdent une tablette, 29 % un smartphone et 15 % une tablette destinée aux plus jeunes. Ces objets servent autant de doudou que de confident, tout en permettant d'écouter de la musique... Bref, ils sont devenus des compagnons dont il est presque impossible de se séparer.

Si le terme d’addiction, à proprement parler, reste débattu, la question d'un usage problématique est régulièrement soulevée. « Comme pour toute addiction, ce qui va donner l’alerte, c’est l’impossibilité de faire sans », résumait récemment Jean-Pierre Couteron, président de la Fédération Addiction. Des manifestations de colère, d’angoisse ou de frustration par exemple.

________________ 

 

3. Résister au mensonge

Rod Dreher (Extrait)

Avec l'avancée du consumérisme et de l'individualisme, nous avons construit un écosystème social dans lequel la fonction de la famille a été réduite à produire des consommateurs autonomes, sans aucun sentiment de connexion ou d'obligation à une quelconque réalité supérieure autre que la satisfaction du désir. Les parents conservateurs n'ont pas de mal à repérer dans le discours des idéologues progressistes les menaces qui pèsent sur les valeurs de leur famille, mais ils acceptent souvent sans esprit critique la logique et les valeurs du marché libre, quand ils n'abandonnent pas carrément le cerveau de leurs enfants aux smartphones et à Internet.

[Nous devons apprendre à nos enfants] comment lire le monde autour d'eux, comment comprendre les hommes et les événements en termes de bien et de mal, [et ne jamais permettre] qu'ils sombrent dans l’ignorance ou dans l'indifférence. La clé est d'exposer les enfants à des histoires qui les aident à connaître la différence entre mensonge et vérité, et à les discerner dans la vraie vie.

Ne pas avoir peur de paraître bizarre aux yeux de la société.

___________ 

 

4. Boris Pasternak 

Je viens de lire la biographie de Boris Pasternak par Henri Troyat. Au lendemain de l'accueil triomphal réservé à un de ses discours, il écrit : Je voudrais tout oublier et filer quelque part pour un an ou deux. J'ai terriblement envie de travailler, d'écrire enfin, pour la première fois, quelque chose qui en vaille la peine, quelque chose d'humain, en prose, quelque chose de grand et de nourrissant. Et il n'y a pas moyen. C'est une espèce de dévergondage téléphonique, on vous réclame partout, comme si j'étais une courtisane au service de la société. Je lutte contre ça, je refuse tout. Ces refus me prennent tout mon temps et toutes mes forces. Que tout cela est donc honteux et triste ! (Oct. 1934).

Au moment où je note cette citation, j'entends une chronique sur France Culture : L'enfer, ce ne sont pas les autres, ce sont les notifications. Même ma machine à laver m'inonde d'injonctions !

___________ 

 

5. La surface et le cœur

Tout un séminaire pourrait s'organiser sur le cœur. De quoi parle-t-on ? De quoi la Bible parle-t-elle avec ce terme ? Que d'équivoques !

Sommairement, je dirais que le cœur est le grand oublié. On connaît assez bien le corps, l'enveloppe, ce qu'on voit. On connaît à peu près l'âme, juste derrière le corps, réceptive elle aussi de tous les stimuli extérieurs, avec les émotions, etc. Mais le cœur dans le sens biblique ? Le cœur dont parlent les Psaumes, le livre des Proverbes : Mon fils, donne-moi ton cœur ! Garde ton cœur plus que tout autre chose car de lui viennent les sources de la vie...

Il me semble que c'est le lieu qui peut être comparé au saint des saints, le lieu où Dieu habite, le lieu que Dieu désire, qu'il jalouse. C'est le lieu qui, purifié par le sang, devient le réceptacle de l'Amour de Dieu (Ro 5.5).

Mais le corps et l'âme peuvent prendre toute la place et il semble qu'on peut vivre sans la dimension du cœur. Mais comment ?

En même temps, ce cœur absent, ce cœur oublié existe bel et bien et il peut être souillé, troublé, squatté. Les yeux sont une fenêtre du cœur ; les oreilles aussi. La sexualité n'est pas le cœur, mais elle engage l'être tout entier et le cœur est donc concerné (1 Co 6.12-20). Ainsi, le cœur me semble être tout-à-la fois oublié et constamment harcelé, dans un registre que J. Ellul appellerait peut-être pseudo religieux. Rien n'est neutre. Tout laisse une trace !

________________

 

1On pense au poème de François de Malherbe (1555-1628) : Consolation à Monsieur du Périer pour la mort de sa fille : Vouloir ce que Dieu veut est la seule science qui nous met en repos.

2Je mentionne le livre de Rod Dreher : Résister au mensonge, Artège, 2021. Un abrégé de ce livre en 7 pages est disponible.

3Voir l'annexe 1 : L'Eglise blessée.

4Dans la plupart des spiritualités, l'avidité est perçue comme un des premiers vices dont il importe de se libérer.

5Voir l'annexe 2 : Tablette = cocaïne

6Voir l'annexe 3 : Résister au mensonge.

7Jésus a mangé avec les pécheurs. Il faudrait réfléchir à ce que signifie Ne pas s'asseoir sur le banc des moqueurs (Ps 1.1.

8Il en est de même pour la correction qui est, dans un premier temps, un sujet de tristesse et qui, plus tard, produit un fruit paisible de justice (Hé 12.11). Mais il faut, pour l'accepter, s'affranchir de la tyrannie de l'immédiateté. Cf. 2 Co 7.10.

9Mon fils, donne-moi ton cœur ! (Pr 23.26). Cf. Jc 4.4-5.

10Voir l'annexe 4 : Citation de Boris Pasternak. Je pense à un pédagogue qui plaide pour des moments de pause : Il faut maintenir des moments sans conversation, y compris en classe.

11Antoine de St Exupéry :Il n'y a qu'un problème, un seul de par le monde : Rendre aux hommes une signification spirituelle, des inquiétudes spirituelles, faire pleuvoir sur eux quelque chose qui ressemble à un chant grégorien.

12 Comment contempler ? Quand je lis la Bible avec attention, en silence, je suis potentiellement dans une forme de contemplation. Un paysage se dessine devant mes yeux ; et dans mon cœur. C'est l'œuvre du Saint-Esprit.

 

13Voir l'annexe 5 : La surface et le cœur.

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Commentaires
A
"La liberté, pour l'homme, c'est vouloir ce que Dieu veut."<br /> <br /> Cette phrase peut paraître paradoxale mais c'est la vérité. Vous l'expliquez très bien en évoquant les addictions.<br /> <br /> Les hommes se croient adultes sans leçons à recevoir de personne. Et pourtant, seul Dieu sait nous diriger dans la bonne direction, doser nos actions, nous faire progresser. Les addictions sont un emprisonnement donc pas une liberté.<br /> <br /> Dieu peut nous libérer de nous-mêmes.
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V
Merci beaucoup Charles pour ce rappel à l'ordre des choses qui me touche personnellement. Tu as su mettre les choses en perspective pour chercher à protéger l'essentiel. "le Coeur".
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