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Le blog de Charles Nicolas
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  • Dans une société déchristianisée où les mots perdent leur sens, où l'amour et la vérité s'étiolent, où même les prédicateurs doutent de ce qu'ils doivent annoncer, ce blog propose des textes nourris de réflexion biblique et pastorale.
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12 mai 2020

La vocation des anciens (2)

 

3. Le verbe paître

Lire 1 Pierre 5.1-5. "Paissez le troupeau de Dieu qui est sous votre garde" (1 Pi 5.2).

Le verbe paître, curieusement parle des brebis qui se nourrissent et des bergers qui prennent soin d'elles. Cela conforte peut-être ce que nous avons dit : tous sont participants ; pas de passivité, mais des désirs convergents ! Tous, pour autant, sont-ils pasteurs ou anciens ou sur-veillants ? Non. Ceux-là seront jugés plus sévèrement...

"Prenez donc garde à vous-mêmes, et à tout le troupeau sur lequel le Saint-Esprit vous a établis épiscopes (surveillants), pour paître l'Église du Seigneur, qu'il s'est acquise par son propre sang" (Ac 20.28).

La question qui retient maintenant notre attention, c'est la nature de la tâche pastorale qui, de l'avis de tous, est confiée aux pasteurs, aux anciens (presbytéros), aux surveillants (épiscopes). Ces termes, en effet, désignent les mêmes personnes.

Le terme 'ancien' a sa racine dans l'histoire du peuple d'Israël (cf. Jéthro en Ex 18).

Le terme 'surveillant' (épisope) est emprunté au langage grec profane. En Actes 20, Paul appelle épiscopes les anciens de l'église d'Ephèse (Ac 20.28 ; Ti 1.5, 7. Cf. 1 Pi 5.2).

Le verbe paître contient toutes les tâches afférentes à la responsabilité pastorale, ce verbe ayant, en grec comme en français, la même racine que le mot berger (pâtre). Cette tâche pastorale est déléguée par le Seigneur lui-même, accomplie en son nom, de sa part. "Pais mes brebis", dit le Seigneur à Pierre (Jn 21.16-17).

Si le verbe paître a un sens si complet, comment le décliner ? Je crois qu'on peut le faire avec les 4 verbes suivant : veiller, nourrir, diriger, prendre soin. Quatre verbes qui ont une importance de premier ordre pour notre sujet. Quatre verbes qui, nous le verrons, ont des sens proches, comme des facettes complémentaires d'une seule et même mission qui est tout à la fois large et bien définie1.

 

4. Diacres et anciens2

Lire Actes 6.1-4. Nous avons dit que la tâche pastorale représentait une mission tout à la fois large et définie. Ici, celle des apôtres est définie par deux mots : prière et enseignement (6.4). Seulement cela ? diront certains. C'est mal comprendre le contenu et les enjeux... Enseigner implique une connaissance solide et équilibrée de l'Ecriture, mais aussi de chaque membre de l'église, depuis les plus jeunes jusqu'aux plus âgés, de telle sorte que chacun soit équipé pour faire face aux défis de la vie.

L'objectif, dans ce passage, c'est que rien ne vienne distraire les anciens de leur tâche propre, et qu'en même temps, rien ne soit laissé en suspens. En effet, aussi importants que soient la prière et l'enseignement, il y a d'autres besoins dans l'église, qu'on ne doit pas d'emblée considérer comme "matériels" et qui ne doivent pas non plus être négligés.

Diacres et anciens ont un même objectif : servir au sein de l'église en vue de son unité et de son édification autour de la personne de Jésus-Christ. Les uns et les autres sont appelés à servir de la part du Seigneur ; les uns et les autres n'agissent pas à la place de l'église, mais pour elle et avec elle, fécondant tout le peuple de Dieu par la grâce qui se transmet au travers de leur service, de telle sorte que toute l'église grandisse dans le pastorat mutuel et dans la diaconie. Ce sera là la véritable maturité de l'église et son meilleur témoignage : pas seulement parler de Jésus, mais démontrer qu'il est présent et agissant dans et au travers de son Eglise.

Diacres et anciens sont souvent mentionnés côte à côte (Ac 6 ; Ph 1.1 ; 1 Tm 3)3. Voici le principe : ceux qui sont au bénéfice du ministère des diacres et ceux qui sont au bénéfice du service des anciens sont les mêmes ! En cela nous voyons la différence entre le diaconat et l'aide sociale ou l'engagement humanitaire : le diaconat est un ministère pour l'Eglise (Ac 4.34 ; Ro 12.13 ; 15.25-26 ; 2 Co 9.1 ; Hé 6.10...).

La vie et le ministère de Jésus démontrent la nécessité de ces deux axes de ministère : enseigner et secourir. Globalement, c'est la tâche des bergers (anciens et pasteurs), mais ceux-ci sont secondés et en partie déchargés par les diacres pour tout ce qui touche à l'assistance (organisation, soutien des membres les plus vulnérables).

Est-il juste de dire que les diacres ont un ministère matériel ou administratif, tandis que les anciens s'occuperaient des choses spirituelles ? Ce n'est pas la meilleure manière de dire les choses, car la Bible n'établit pas ce genre de distinction.

Si nous retenons ce qui est dit en Actes 6, nous voyons que les diacres devaient être remplis du Saint-Esprit4. Il ne s'agissait donc pas seulement de mettre des assiettes sur les tables. Il s'agissait de mettre un terme à une querelle qui était en train de naître du fait que les chrétiennes veuves d'origine païenne se sentaient négligées par rapport aux chrétiens d'origine juive. Il fallait pour cela beaucoup de sagesse, beaucoup d'amour. Ainsi, la finalité du ministère des diacres était la même que celle des apôtres : il s'agissait de préserver l'unité spirituelle et la communion au sein de l'Eglise, de telle sorte que la présence du Seigneur demeure tangible, de même que l'édification commune et le témoignage. Est-ce seulement matériel ?

Que le ministère des diacres soit de nature spirituelle apparaît bien : "Le secours de cette assistance non seulement pourvoit aux besoins des saints, mais il est encore une source abondante de nombreuses actions de grâces envers Dieu" (2 Co 9.12). C'est pourquoi, quand Paul écrit à Timothée (1 Tm 3), les recommandations qu'il donne pour le choix des anciens et pour le choix des diacres sont pratiquement les mêmes. La seule différence notable concerne l'aptitude à enseigner.

D'Actes 6, nous pouvons donc déduire que les diacres ont une double vocation :

a. pourvoir aux besoins des saints pour préserver l'unité spirituelle de l'église5 ;

b. décharger les ministères de nature pastorale pour que ceux-ci puissent se consacrer à leur tâche spécifique qui est de faire grandir l'église en maturité.

Il semble possible de dire ceci :

L'objectif de la tâche pastorale est que l'église soit édifiée, c'est-à-dire qu'elle croisse dans l'unité et la maturité de chacun et de tous.

L'objectif du service des diacres est que l'église ne régresse pas, c'est de démontrer l'efficacité de la grâce là où la vulnérabilité se fait jour (cf. 1 Jn 3.17-18). C'est pourquoi les verbes secourir et assister semblent convenir pour caractériser le ministère des diacres, dans la diversité de ses tâche6.

Nous pouvons remarquer que le mot 'accompagnement' convient aux deux types de ministères, au point où, parfois, la distinction entre eux ne sera pas évidente. Ce constat confirme la proximité entre les deux, leur origine commune (de la part de Christ) et leur finalité commune (pour Christ)7 ! La distinction entre les deux doit demeurer8. Le principe est que tout le monde ne fasse pas tout, mais que chacun soit fidèle dans l'appel qui est le sien, sans idée de cloisonnement ou de propriété.

_________________

1Voir en annexe : Pasteurs et anciens.

2Voir en annexe : Différentes formes de gouvernement de l'Eglise.

3. J'ai donné un devoir à des étudiants en théologie à Ouagadougou avec ces deux questions : Que donnerait une église avec seulement des diacres ? Que donnerait une église avec seulement des anciens ?

4Remplis du Saint-Esprit : comment le dire autrement ? On pourrait dire : Délivrés de soi-même.

5Il s'agit principalement des membres les plus vulnérables de l'église : personnes malades, âgées, seules, démunies.

6 Plusieurs ont démontré que la maturité d'une église ne se mesurait pas à ses membres les plus forts mais à ses membres les plus fragiles. L'apôtre Paul a consacré une partie de son ministère à « l'assistance destinée aux saints » (Ac 11.27-30 ; Ga 2.10 ; Ro 12.13 ; 15.25-26 ; 2 Co 8.4 ; 9.1 ; Héb 6.10), démontrant que ce n'était pas un 'à côté' de la vie de l'Eglise (2 Co 9.12). Remarquer par exemple qu'il existe des besoins d'assistance ponctuels (événements à organiser, circonstances difficile dans la vie de quelqu'un...) et des besoins d'assistance durables voire permanents (administration, comptabilité, soutien de chrétiens âgées, handicapés, etc.).

7Le principe biblique sous-tendu est que tout ce que l'on fait à un membre du corps de Christ, c'est à Christ qu'on le fait (Mt 10.42 ; 25.40 ; 1 Co 12.12 ; Hé 6.10...).

 

8Il me paraît possible, à partir de ce que Paul écrit en 1 Th .7-12, d'associer le ministère de diacre à celui des mères et celui des anciens à celui des pères, tout à la fois associés et distincts

 

 

 

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