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Le blog de Charles Nicolas
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  • Dans une société déchristianisée où les mots perdent leur sens, où l'amour et la vérité s'étiolent, où même les prédicateurs doutent de ce qu'ils doivent annoncer, ce blog propose des textes nourris de réflexion biblique et pastorale.
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15 mars 2023

La transmission de la foi dans l'Eglise (3)

 

 

LA TRANSMISSION DE LA FOI DANS L'EGLISE (3)

La notion biblique de parentalité 

Lectures : Ps 78.5-8 ; Ps 131 ; Mc 10.13-16 ; 1 Th 4.1

 

5. La spécificité de l'enfant

Le mot enfant vient du latin infans qui signifie : qui ne parle pas ou : qui ne répond pas de ses actes, ce qui, dans le contexte juif, amenait à l'âge de 12 ans. On pourrait dire : l'enfant, c'est celui qui a besoin de quelqu'un d'autre, celui qui n'est pas autonome – ce qui, vous en conviendrez, s'applique aux enfants mais aussi à nous tous.

C'est là un paradoxe : bien qu'étant appelés à devenir des adultes (des hommes et des femmes expérimentés, matures), à bien des égards nous sommes tous dans la posture de l'enfant : des écoutants, des apprenants, des obéissants (en 2 mots)1. Et s'il nous arrive de l'oublier, il nous faudra repasser par la case enfant pour reprendre notre marche vers la maturité. Comme David au Ps 131. On pense à Pierre après son reniement : Un autre te ceindra et te mènera où tu ne voudras pas (Jn 21.15-18) ; on pense à Paul après sa conversion : On te dira ce que tu dois faire... (Ac 9.6)2.

Cela signifie que les parents vont parfois parler à leurs enfants en 'tu' ou en 'vous' (pour instruire, exhorter, consoler) ; et parfois en 'nous', en s'associant à eux. Les parents sont aussi des disciples qui apprennent3. Cette proximité de condition est importante. Je l'ai vécu ainsi quand je lisais la Bible à mes enfants, au coucher, avant de prier avec eux, parlant alors 'en nous'. Cela s'applique aussi aux pasteurs, aux anciens et aux diacres dans l'Eglise. Le pasteur Stuart Olyott, à Liverpool, commençait parfois sa prédication en disant : Ce matin, le Seigneur a appelé un grand pécheur pour vous apporter sa Parole. En même temps, il prêchait avec une grande autorité.

Cette proximité de situation entre les adultes et les enfants (tous pécheurs, tous en train d'apprendre) ne doit cependant pas abolir les différences. Le phénomène que l'on peut constater aujourd'hui est singulier : les enfants sont – à certains égards – des adultes avant l'heure, tandis que les parents demeurent – parfois – de grands enfants. Dans les deux cas, la pédagogie de Dieu est méprisée. Si un enfant de 12 ans a un papa qui est resté un 'grand enfant', comment va-t-il devenir adulte lui-même4 ?

 

6. L'enfant compte aux yeux de Dieu

Nous avons déjà vu que les enfants ne sont pas oubliés dans la Parole de Dieu :

- Allez, servez l'Eternel ; et vos enfants pourront aller avec vous (Ex 11.24).

- Ces commandements que je te donne aujourd'hui seront dans ton cœur. Tu les inculqueras à tes enfants, et tu en parleras quand tu seras dans ta maison... (Dt 6.6-7).

- Enfants, obéissez à vos parents. Pères n'irritez pas vos enfants (Ep 6.1-4).

Vous remarquez que Paul s'adresse ici directement aux enfants. Ildit : Obéissez selon le Seigneur ! Ne prenons pas les enfants pour des adultes, mais ne les infantilisons pas ! Un enfant peut connaître la régénération de son cœur et de son intelligence par l'action du Saint-Esprit. Il n'est pas seulement “un élève qui écoute”. Il n'est pas seulement concerné par la dimension sentimentale de la vie, comme beaucoup le croient.

Il ne s'agit pas de manipuler les enfants. Il s'agit de leur dire la vérité, d'une manière adaptée mais pas édulcorée. On dit souvent que les enfants ne peuvent pas comprendre. Ils le peuvent ! Ce sont les adultes qui ne savent pas répondre à leurs questions, à leurs attentes5. Enfin, ne rencontrons pas les enfants en groupes seulement, mais également seul à seul.

Cela concerne les très jeunes enfants : souvenons-nous du tressaillement de Jean-Baptiste dans le sein de sa mère, lors de la visite de Marie (Lc 1.44). Si un enfant à naître, si un aveugle comme Bartimée ou un brigand sur une croix peuvent reconnaître Jésus, un enfant le peut ! Et si un enfant reconnaît Jésus, son caractère, son attitude seront changés. Cela ne fera pas de lui un adulte, mais un témoin vivant de la grâce de Dieu.

Que l'on soit enfant ou adulte, c'est par une révélation de la sainteté de Dieu, de notre péché, et de Sa grâce que nous sommes transformés, que l'on fait l'expérience de la repentance et de la foi. Mettons les enfants en contact avec la vérité de Dieu et cessons de leur donner des “petits jouets spirituels” pour les amuser6. Dieu a ordonné à nos pères de l'enseigner à leurs enfants pour que devenus grands ils en parlent à leurs enfants, afin qu'ils mettent en Dieu leur confiance (Ps 78.5).

Très tôt un enfant effectue des choix : s'ouvrir ou se fermer, obéir ou se rebeller, mentir ou être sincère, être séduit par le mal (par le Malin) ou lui résister. Ne remettons pas à plus tard de lui parler de cela, de l'équiper, de lui montrer l'importance de se positionner. Le prédicateur, le dimanche, devrait aussi s'adresser aux enfants, et pas pour rire7. Soyons gentils avec les enfants, mais ne soyons pas sentimentaux. Si nous le sommes, ne nous étonnons pas de les voir s'éloigner quand ils auront 14 ou 15 ans.

 

7. Une étape provisoire et permanente

Jésus (âgé de 12 ans) descendit avec ses parents pour aller à Nazareth, et il leur était soumis. Il croissait en sagesse, en stature et en grâce devant Dieu et devant les hommes (Lc 2.51-52). Vous voyez : la soumission et la croissance vont de pair! Pourquoi l'obéissance est-elle importante ? Parce qu'elle affranchit l'enfant de ses impulsions.

Nous avons vu que les mots enfant et disciple peuvent être associés, presque assimilés. Est-ce péjoratif ? Non, car dans les deux cas il y a certes une posture d'humilité (écouter, apprendre, obéir) dans une perspective dynamique de croissance.

Le principe est donc vrai tout au long de la vie car on n'arrête jamais d'apprendre, et un chrétien demeure un disciple jusqu'à son dernier jour, même s'il est aussi devenu 'un adulte aguerri. Quand Paul appelle Timothée 'mon enfant', il s’adresse à un adulte responsable ! Quand Jean appelle les chrétiens 'petits enfants' (1 Jn 2.1 ; 2.12), ce n'est pas pour les infantiliser, c'est pour qu'ils écoutent, apprennent et grandissent ! Petits-enfants, vous n'êtes plus des enfants ! Dit-il en substance (1 Jn 2.18-21).

Jésus le dit ainsi :Le disciple n'est pas plus que le maître, mais tout disciple accompli sera comme son maître (Lc 6.40). Vous voyez la notion d'apprentissage, le processus ? Là aussi, l'humilité précède la croissance. Cela nous concerne bien tous !

C'est bien à des disciples adultes que l'auteur de la lettre aux Hébreux s'adresse quand il écrit : Mon fils, ne méprise pas le châtiment du Seigneur, et ne perd pas courage lorsqu'il te reprend, car le Seigneur corrige celui qu'il aime... Il est vrai que tout châtiment semble d'abord un sujet de tristesse et non de joie ; mais il produit plus tard pour ceux qui ont été ainsi exercés un fruit paisible de justice (12.5-6, 11).

____________________

Sommes-nous tous en train d'apprendre, de grandir ? Si c'est le cas, les enfants vont grandir aussi, et les adolescents auront envie de devenir des adultes8. Quand j'utilise l'expression : repasser par la case enfant, ce n'est pas pour régresser. C'est pour grandir dans la dynamique du Royaume de Dieu (Cf. Mc 10.14)9.

Cela concerne donc les adultes comme les enfants ; cela concerne les adultes avantles enfants ! Si les disciples-adultes ont cette posture d'humilité qui permet la croissance, les disciples-enfants l'auront aussi, plus facilement10. C'est une voie qui rapproche toutes les générations, pour chercher ensemble ce qui est agréable à Dieu !Vous avez appris comment vous devez vous conduire et plaire à Dieu, et c'est là ce que vous faites. Nous vous prions, nous vous conjurons au nom du Seigneur Jésus de marcher à cet égard de progrès et progrès (1 Th 4.1).

Cela me fait-il peur ou cela me fait-il envie ?

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Annexes 

1. Jésus et les enfants

En Marc 10.13-16, le problème n'est pas les enfants, le problème c'est les disciples !

Beaucoup d'enfants ont probablement des problèmes avec la culpabilité. Avec qui peuvent-ils en parler ? De qui peuvent-ils recevoir des conseils pour ne pas en rester là ? Les enfants ont ainsi des problèmes sérieux : au sujet de Dieu, au sujet de la mort, au sujet de la colère, etc.

Quand Jésus dit à Pierre : Paie mes agneaux, ne parle-t-il pas des enfants ? Il dit cela à l'apôtre Pierre. Pourquoi confie-t-on principalement l'enseignement des enfants à des femmes ? La vérité pour les enfants doit aussi être dite par des hommes. Il revient aux hommes, notamment, d'acheminer les enfants vers la maturité.

Jésus ne croit pas que les enfants sont 'innocents', mais il dit qu'il leur est plus facile de recevoir le Royaume de Dieu (Mc 10.15), car leur cœur est davantage prompt à la confiance, à l'humilité, à se reconnaître dépendant. L'enfant passe plus facilement par une porte basse qu'un adulte.

Enfin, que vaut-il mieux : rencontrer le Seigneur à 60 ans ou à 6 ans ? C'est beau dans les deux cas, mais c'est mieux à 6 ans. L'évangéliste Moody qui raconte que 2 personnes et demi ont donné leur cœur au Seigneur. - Deux adultes et un enfant ? demande quelqu'un. Non ! répond Moody, deux enfants et un adulte. (L'adulte a déjà vécu la moitié de sa vie sans Dieu !).

Les enfants de chrétiens jalousent parfois le beau témoignage des adultes qui se convertissent après avoir vécu loin de Dieu. Mais beaucoup de ces adultes jalousent ceux qui ont connu le Seigneur dès leur jeune âge !

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2. Apprendre en demandant pardon

Si le pardon est une porte pour avancer, la fierté est un mur. Ce n'est pas pareil. Il est impossible d'avoir de la fierté et de vivre la dimension du Royaume de Dieu. Or, jusqu'au brisement, nous avons tous de la fierté. Comment faire ? Apprenons à demander pardon et à pardonner. Non seulement cela va redonner la santé au corps, mais cela va toucher au cœur les inconvertis qui le verront : leur péché sera dévoilé, et la grâce de Dieu aussi.

La fierté, c'est un certain vêtement. Il faut le quitter. Et la pudeur ? Tant pis pour la pudeur. Sur les lits d'hôpitaux, certaines femmes après leur accouchement, certains malades que l'on a dû soigner ont perdu la pudeur. Normalement il en est de même pour tous ceux qui sont circoncis de cœur. Comment quitter ce vêtement de la fierté, ce déguisement ? En demandant pardon et en pardonnant.

Si un mari demande pardon à sa femme, déchoit-il de son rôle de mari ? Non. Si un papa demande pardon à son enfant, déchoit-il de son rôle de papa ? Non. L'un et l'autre ouvrent un chemin de grâce et de vérité, ils sont des modèles. Si un ancien ou un pasteur demande pardon, en privé ou en public, déchoit-il de son rôle d'ancien ou de pasteur ? Non. Il démontre qu'il aime le Seigneur par-dessus tout.

Dieu résiste aux orgueilleux, mais il donne sa grâce aux humbles. Normalement, nous avons déjà choisi notre camp. Il reste à adopter la posture qui convient. Mon mari, ma femme, mon enfant, papa, maman, chère frère, chère sœur, je te demande pardon – et je te pardonne si tu me demandes pardon, par amour pour mon Sauveur Jésus-Christ !

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Notes :

1 Frères, ne soyez pas des enfants sous le rapport du jugement ; mais pour la malice, soyez enfants, et, à l'égard du jugement, soyez des hommes faits (1 Co 14.20).

2Un homme, atteint par une maladie incurable, confie à une infirmière sa demande d'euthanasie car il ne peut pas accepter de devenir dépendant. L'infirmière lui répond alors : Mais nous sommes tous dépendants !

3 Exemple : Papa conduit la voiture... qui tombe en panne. Parents et enfants s'inclinent alors devant Dieu et papa prie : - Seigneur, tu vois notre situation. Notre attente et en toi, viens à notre aide. Merci d'entendre notre prière...

4 Et si on parle aux enfants comme à des adultes, comment vont-ils aborder dans de bonnes conditions les étapes vers la maturité ? Si les parents n'ordonnent rien à leurs enfants, comment ceux-ci mettront-ils en pratique l'ordre biblique d'obéir ?

5Quand vos enfants vous diront : Que signifie pour vous cet usage, vous direz... (Ex 12.26). Cela concerne tous les sujets de la vie, tous. Il est important de rencontrer chaque enfant seul à seul. Voir l'annexe 1 : Jésus et les enfants.

6Quand nous chantons à table avec les enfants, avant le repas, le faisons-nous sérieusement ou pour les amuser ?

7 Cf. La fillette : Tu sais, maman, le pasteur il y croit !

8Si l'épouse, dans le couple, illustre la position de l'Eglise (Ep 5.25), l'enfant illustre celle des disciples (Mt 18.6).

9On peut faire plus de chemin en trois jours sur un lit d'hôpital qu'en trente années de vie active...

10Voir l'annexe 2 : Apprendre en demandant pardon.

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