Lettre à Tite (3)

Tite 3.1-15

Faut-il ou pas juger ?

Surtout pas, diront certains. Et pourtant… diront d’autres. Dans ce chapitre, nous voyons Paul rappeler que le fruit de l’Esprit se manifeste par une attitude conciliante, par la douceur, la paix (v.2). Plus loin, il recommande aussi de s’éloigner de ceux qui provoquent des divisions (v.10), ce que l’on comprend bien. Cependant, le terme grec traduit par division signifie littéralement hérésie. Ainsi, ce n’est pas en fermant les yeux ou en disant que tout est pareil que le chrétien fera œuvre de paix, mais en avertissant avec douceur celui qui s’écarte de la voie juste, que ce soit en attitude ou en enseignement. Comparer avec 2 Tm 2.24-26.

Un autre discernement est évoqué à la fin de la lettre, avec le mot tous (v.15). Il arrive que, dans le Nouveau-Testament, ce mot s’applique à l’ensemble des hommes, sans distinction. En général, cela est précisé dans le texte, comme au verset 2. Mais dans la plupart des cas, ces tous s’appliquent aux membres du peuple de Dieu, aux frères et sœurs chrétiens, « à ceux qui nous aiment dans la foi » (v.15). Il y a là une priorité fraternelle qui est un signe du royaume de Dieu.

Porter un fruit excellent !

On a parfois voulu opposer les apôtres Paul et Jacques. Nous avons ici la démonstration que leur message est bien le même : la grâce que nous avons reçue n’était aucunement méritée par nos qualités ou nos œuvres, car nous n’étions pas meilleurs que les autres (v.3-5) ; mais cette même grâce nous conduit à aimer et à pratiquer la volonté de Dieu, à discipliner nos vies selon cette volonté.

Grâce et discipline : n’est-ce pas contradictoire ? Elle a beau être abondante (v.6), la grâce agit au milieu de beaucoup de résistances, de telle sorte que c’est encore une grâce que d’être exhortés, encouragés et même repris quelques fois. « Rappelle-leur d’être soumis… Il faut qu’ils apprennent à exceller… » (v.1, 8, 14). La grâce de Dieu doit toucher nos sentiments, mais aussi notre volonté.

Ch.N.