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Le blog de Charles Nicolas
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  • Dans une société déchristianisée où les mots perdent leur sens, où l'amour et la vérité s'étiolent, où même les prédicateurs doutent de ce qu'ils doivent annoncer, ce blog propose des textes nourris de réflexion biblique et pastorale.
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28 janvier 2023

Place et rôle des enfants (6)

 

III. VISER LA MATURITE

 

Annexes

 

1. Le perfectionnisme

Il existe maints ouvrages pour dénoncer le relâchement des chrétiens et l'assoupissement des églises, mais il est moins fréquent de voir traiter la tentation opposée qui touche un certain nombre de chrétiens (et peut-être chacun de nous à certains moments) : le perfectionnisme.

Le perfectionnisme est à la perfection ce que l'intégrisme est à l'intégrité : une utilisation excessive, un mauvais usage qui, au lieu de porter de bons fruits, en porte d'amers.

Le perfectionniste ne retient que deux aspects de la réalité présente : le bien et le mal. Il veut rejeter le mal et s'attacher au bien, ce qui semble être une bonne disposition. Il oublie deux choses cependant :

  • le mal n'est pas seulement extérieur à l'homme, mais intérieur, et nos meilleures intentions sont elles aussi contaminées, souillées par le péché ;

  • le bien que Dieu nous demande de vivre, nous n'avons pas la capacité de le pratiquer pour répondre à son attente (Ro 7.18-19).

Ainsi, le chrétien qui vient à la lumière est-il conduit à un double constat :

  • il ne peut par ses propres forces lutter contre le péché qui est attaché à son cœur : il doit renoncer à cette lutte ;

  • il ne peut par ses propres forces accomplir le bien que Dieu attend de lui : il doit y renoncer.

Ce double renoncement (que Paul relate au chapitre 7 de sa lettre aux Romains) équivaut à un tel échec de notre volonté propre et de nos prétentions qu'il équivaut à une mort (Ro 6.4 ; 7.4-6), une sorte d'anéantissement de notre ancienne nature et à un recours total à la grâce de Dieu : non seulement pour le pardon de nos péchés, mais aussi pour la purification et pour l'obéissance de la foi – qui est tout autre chose que l'obéissance de la loi (Rm 10.1-4 ; Ga 5.4).

Le perfectionniste n'est jamais satisfait, sauf quand son illusion est totale vis-à-vis de lui-même (Lc 18.11). Il est malheureux car il est tour à tour confronté à la tentation de se croire meilleur ou pire que les autres. Il est seul. Il ne fait pas confiance. Il est malheureux et il rend son entourage malheureux car il est difficilement accessible, étant prisonnier de ses raisonnements nourris de crainte ou de prétention (Ro 10.21). Le perfectionniste est inévitablement exposé au légalisme, car il place les principes qu'il a sélectionnés au-dessus de toute autre considération (Mt 23.23-24). Il peut aussi, à certains moments, être tenté de tout lâcher, tellement son cœur a besoin d'amour et de liberté... Le perfectionniste a du mal à accepter d'être aimé tel qu'il est. Il reçoit peu d'amour et en donne peu (1 Co 13.1-3).

Le perfectionniste ne peut vivre une communion intime avec son Sauveur. En réalité, si un perfectionniste rencontrait Jésus, il trouverait maintes choses à lui reprocher !

Le perfectionniste doit apprendre ou réapprendre qu'il ne peut pas davantage marcher dans la volonté de Dieu par ses propres forces qu'il ne pouvait obtenir le salut par ses propres forces. Il doit accepter que sa dépendance vis-à-vis de l'amour de Dieu, de la grâce qui est en Jésus-Christ et du secours du Saint-Esprit est totale. C'est là une grande humiliation assurément, un brisement même, mais qui seront suivis par un relèvement bienfaisant avec des forces et une joie nouvelles (Ja 4.10 ; 1 Pi 5.6).

Seule cette acceptation mettra le perfectionniste en repos, irriguera son cœur de grâce et d'amour, mettra un terme à ses raisonnements de propre justice ou de culpabilité, mettra un terme à l'esprit de jugement ou de supériorité à l'égard des autres. Seule cette acceptation introduira dans sa vie la dimension du Royaume de Dieu qui glorifie le Seigneur.

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2. Les rôles complémentaires dans la famille

1. Le rôle des mères et la dimension du repos.Ne nous méprenons pas : quand je dis 'repos', je ne dis pas paresse1. Je parle du repos qui, comme dans la foi, précède les engagements, le labeur, les combats2.

Le magnifique Psaume 131 fait des bras maternels la première école du repos de la foi : Je suis comme un enfant sevré qui est auprès de sa mère (131.2 ; Cf. Es 66.13). Je dis 'école', car David y a appris que c'était "sortir de la foi" que d'avoir des regards hautains et de s'occuper de choses trop grandes pour lui (131.1)3. Plus tard, en charge de lourdes responsabilités, David se souvient de cette leçon et en parle au présent : Je ne m'occupe pas de choses trop grandes ou trop relevées pour moi !

Paul et ses compagnons rappellent aux chrétiens de Thessalonique qu'ils ont agi comme une mère. Nous avons été au milieu de vous plein de douceur, comme une mère réchauffe sur son sein l'enfant qu'elle nourrit (1 Th 2.7) : ils ont pourvu à leurs besoins. Ils mentionnent l'affection, les soins (on sait que la liste en est longue), un total dévouement (1 Th 2.7-8). Non pas pour faire des enfants-rois, mais pour que rien de nécessaire à leur croissance et à leur équilibre ne leur manque. C'est, à n'en pas douter, un investissement de premier ordre. Il est pitoyable que notre société fasse de cette vocation quelque chose de dévalué ; le prix à payer est et sera très lourd.

Paul mentionne la mère et la grand-mère de Timothée, femmes de foi, mères spirituelles (2 Tm 1.4-5). Une femme comblée de grâce (Lc 1.28) peut combler de grâce ceux qui vivent à ses côtés. Les enfants à qui cette grâce a manqué passeront probablement une partie de leur vie à tenter de soigner les conséquences de ce manque. Timothée, bien que jeune, s'est vu confier de grandes responsabilités. Derrière chaque grand homme il y a une mère aimante, a-t-on dit parfois. Bien entendu il y a des exceptions ! Deux risques menacent l'équilibre et la croissance de l'enfant : une mère absente et une mère trop présente.

2. Le rôle des pères et la dimension du discipulat. Le père a un rôle émancipateur, ont pu dire les psychologues. C'est sans doute exact. La maman dit : Il est encore petit. Le papa dit : Non, il est déjà grand ! On comprend que les deux doivent être accordés.

Après s'être comparés à une mère, Paul et ses compagnons disent avoir aussi été pour les Thessaloniciens ce qu'un père est pour ses enfants : les exhortant, les encourageant, les conjurant de marcher d'une manière digne du Seigneur (1 Th 2.12). La mère ne peut-elle pas le faire aussi ? Elle le peut, mais c'est le rôle spécifique des pères. Ces rôles ne sont pas cloisonnés, mais ils ne sont pas interchangeables.

Les psychologues décrivent le rôle du père comme étant celui d'un 'tiers séparateur' opérant une séparation progressive entre la mère et l'enfant qui, au départ, ne forment quasiment qu'un tout.

On peut observer aujourd'hui une 'féminisation des pratiques' qui, en mettant le soupçon sur la fonction d'autorité, peut compromettre la maturité des jeunes adultes.

 

Tout ce qui concerne l'éducation des enfants – à quelques points près – est assez semblable à ce qui touche au discipulat dans l'Eglise. Jésus le dit : Le serviteur n'est pas plus grand que son maître, mais tout disciple accompli devient comme son maître (Lc 6.40. Cf. Jn 5.19). D'ailleurs, quand Jésus parle des 'petits', il désigne ses disciples (Mt 10.42 ; 11.11 ; 18.6 ; 25.40). Le disciple est conscient de ses faiblesses, il écoute, il apprend, il obéit... comme un enfant. S'il le fait, il va grandir !

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3. L'impression inconsciente

Le mystère trinitaire (Dieu éternellement père en lui-même), garantit la priorité de la paternité divine, pour qui veut penser selon l'Ecriture. La paternité humaine n'est pas l'original, illusoirement idéalisé, mais l'image, par institution divine (Henri Blocher).

Si l'image paternelle (que la mère contribue à façonner), n'est pas l'origine de la croyance, mais présuppose plutôt, pour sa constitution, le sens de Dieu (avec celui de l'autorité), il reste qu'elle influence chez l'enfant (et chez l'adulte qu'il sera) la représentation de Dieu. Comment pourrait-il en être autrement si la paternité créée “tire son nom” (Ep 3.15) de la paternité divine, justement pour la représenter ?... L'image paternelle laissera toujours des traces. Jésus (Lc 11.11ss) et l'épître aux Hébreux (12.7ss) montrent que le souvenir d'un père juste et bon peut aider à la reconnaissance du vrai Dieu.

Nous soulignons qu'il faut que le père soit là, dit H. Blocher. Plus que tel ou tel comportement, c'est l'équilibre des présences dans le foyer qui importe. Avec cet équilibre, l'harmonie conjugale des parents revêt une importance décisive. Que dire de plus, sinon répéter l'exhortation de l'apôtre : Soyez les imitateurs de Dieu (Ep 5.1). Parents, soyons les imitateurs de Dieu comme des enfants bien-aimés.

(Henri Blocher, dans : Moi ? Oui, vous !).

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4. Recommandations de Claire-Lise de Benoit

- Lire la Bible à l'enfant et la lire avec lui dans le culte de famille. Néhémie 8.1-4a, 8.

- Apprendre à l'enfant à lui-même lire la Bible.

- Choisir un lieu tranquille, choisir un moment approprié dans la journée

- Choisir une liste de lectures bibliques, adaptée.

- Noter dans un cahier le verset et/ou la pensée marquante du jour.

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5. La dynamique des modèles

Pourquoi Jésus parlait-il avec autorité ? Parce que ses paroles étaient portées par un vécu. Dans la Bible, il n'y a jamais de différence entre la théorie et la pratique. On lira avec intérêt Deut. 4.6 et 9 où la mise en pratique précède et conditionne la transmission.

L'autorité est toujours liée à une position (être autorisé par délégation) et à un vécu (être autorisé par discipline personnelle). Le centenier de Luc 7 le démontre admirablement4. L'apôtre Pierre le rappellera aux anciens : « Non comme dominant sur ceux qui vous sont échus en partage, mais en étant les modèles du troupeau »5.

La manière avec laquelle nous nous comportons assoit (ou pas) notre autorité. Elle constitue aussi (ou pas) la première et principale manière d'éduquer et de convaincre6. En réalité, ce qui manque le plus, dans les maisons comme dans les églises (et ailleurs), ce sont des modèles. C'est-à-dire des personnes qui cessent de trouver des excuses pour justifier leurs faiblesses et qui ouvrent la voie d'une conduite juste. Est-ce revenir à la loi ? Non, c'est démontrer les fruits de la grâce.

Les enfants paraissent avoir un sixième sens pour toutes les inconséquences de leurs parents”, remarque H. Blocher. Il en est de même avec les nouveaux convertis ! L'apôtre Paul utilise les mots irréprochables et irrépréhensibles7. Il les utilise pour les responsables, mais aussi pour tous les chrétiens. Nous devons les prendre au sérieux si nous voulons transmettre quelque chose. Ce n'est pas une question de mérites mais de condition. Ils nous disent, ces mots, que la vie chrétienne est quelque chose de sérieux, tout sauf un idéal. Ils nous disent que la vie chrétienne est une question de vérité et de lumière ; tout sauf une comédie. Alors, peu de mots suffiront pour avoir un impact.

Le domaine de la parole est particulièrement significatif (Ep 4.29). Nos paroles révèlent ce qui est dans nos cœurs. Celui qui ne bronche pas en paroles est sage dans toute sa conduite (Cf. Jc 3.2). Cela nous fait peur et nous montre que ce que nous demandons à nos enfants n'est pas facile. D'autant plus que leurs défauts ressemblent souvent aux nôtres...

Notons que si le papa ou la maman reconnaît qu'il s'est trompé et demande pardon, il est – là encore – un modèle. Il devient, en cela, irréprochable ! “Les parents ne doivent pas cacher qu'ils vivent du pardon de Dieu”, rappelle H. Blocher. Sachant cela, les enfants devraient pouvoir tout dire à leurs parents, sans craindre d'être rejetés8. Cela est résumé dans une expression connue des chrétiens : Marcher dans la lumière, ce qui exclut toute forme de mensonge9.

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6. Distincts sans être distants

Cette expression est utilisée pour trouver ce qu'on appelle parfois “la juste distance” (on pourrait dire aussi la juste présence). Nous l'utilisons souvent en aumônerie hospitalière. Mais elle est utile tout le temps. Egalement pour le couple, et encore avec les enfants.

Une image illustre cela d'une manière très simple, celle du triangle. La pointe supérieure représente Dieu. La pointe inférieure gauche me représente. La pointe inférieure droite représente mon vis-à-vis.

Cette image nous rappelle plusieurs principes importants :

Je ne suis pas à la place de Dieu, ni à la place de l'autre (conjoint ou enfant).

Je ne suis pas non plus entre Dieu et l'autre.

Je suis seulement en relation avec Dieu, témoin, écoutant, parlant,

et en relation avec mon vis-à-vis, témoin, écoutant, parlant.

J'ai deux relations à vivre : avec Dieu et avec l'autre.

La relation entre Dieu et l'autre ne m'appartient pas.

La qualité de ma relation avec Dieu se reflètera dans ma relation avec l'autre,

sans que j'aie forcément besoin d'en parler...

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Notes :

1La Bible est très sévère envers la paresse (Pr 6.6-9 ; 26.13-16 ; Mt 25.26 ; Ro 12.11 ; Ep 4.28...).

2Quand Naomi souhaite que ses belles-filles trouvent du repos dans la maison d'un mari (Ruth 1.9), elle présuppose le repos de la grâce qui précède et nourrit le zèle (cf. Pr 31). Elle annonce aussi le repos de l'Eglise soumise au Seigneur et zélée pour lui. L'apôtre Paul dit cela aussi à Timothée, juxtaposant le repos de la grâce, le labeur du laboureur et le combat du soldat (2 Tm 2.1-7).

3 Chrétien, cesse d'offenser ton Seigneur en portant sans cesse un front soucieux ! dit Charles Spurgeon.

4« Moi qui suis soumis à des supérieurs, je dis à l’un (de mes soldats) : Va ! et il va » (Lc 7.8).

51 Pi 5.3. Cf. 1 Tm 4.12 ; Ti 2.7. Cela signifie qu'il ne suffit pas de « dire ce qu'il faut faire ». Le plus important est de le faire soi-même, en premier lieu. Si l'institutrice parle à voix basse aux enfants, ceux-ci cesseront de crier !

6On peut lire à ce sujet le premier chapitre de la 1ère lettre aux Thessaloniciens.

7Ep 1.4 ; Ph 2.15 ; 1 Th 3.13 ; 5.23 ; 1 Tm 5.7 ; 2 Pi 3.14, Jude 24

8Notons ici que le mot 'juger' dans la Bible a un sens négatif (mépriser, condamner – voir Lc 6.37-44 ; Ro 14.3, 10) et un sens positif (exercer un discernement, distinguer le bien du mal – 1 Co 6.2 ; 14.20).

9Le perfectionnisme n'est pas mieux que le laxisme. Aucune de ces deux dérives ne corrige l'autre. Mon sentiment est que la dérive laxiste est la plus fréquente aujourd'hui. Elle se nourrit du relativisme qui nous entoure et se justifie avec des excuses...

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