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Le blog de Charles Nicolas
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  • Dans une société déchristianisée où les mots perdent leur sens, où l'amour et la vérité s'étiolent, où même les prédicateurs doutent de ce qu'ils doivent annoncer, ce blog propose des textes nourris de réflexion biblique et pastorale.
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6 décembre 2022

Apprendre...- Annexes 12 à 16

 

APPRENDRE EN SITUATION DE CRISE (Fin)

 

Les annexes (fin)

 

12. La douleur est un ange très saint

Alors qu'il est enfermé dans un camp de concentration du régime nazi, Dietrich Bonhoeffer écrit : "Je lis quelque part dans un très beau passage : "La douleur est l'ange très saint qui montre aux hommes des trésors qui seraient autrement restés à jamais cachés dans les profondeurs ; par lui, les hommes ont grandi plus que par tous les plaisirs du monde". Je pense que c'est ainsi, et je me le répète sans cesse dans ma situation : la douleur de la privation, souvent sensible jusque dans sa dimension physique, a sa raison d'être. Nous ne voulons et ne devons pas l'éviter par des raisonnements ; mais cette douleur doit quand même être surmontée à chaque fois, car s'il existe un ange plus saint encore que la douleur, c'est la joie en Christ" (Lettres de fiançailles – Cellule 92, Labor et Fides).

__________

13. Le nécessaire recueillement

''Il y a un état de profondeur que l'on a uniquement quand on est seul” (Marcel Proust).

''Quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme ta porte, et prie ton Père qui est là, dans le lieu secret'' a dit Jésus (Mt 6.6). Il y a un paradoxe qui habite chaque être humain, qui consiste à désirer la présence de Dieu et à la fuir en même temps. '

Cela nous renvoie au fils prodigue qui, après avoir tout dépensé, se retrouve seul avec des pourceaux,seul et à jeun. Le dénuement complet, le déshonneur total... C'est là, alors qu'il est 'entré en lui-même', que Dieu peut enfin le rejoindre, le prendre par la main et lui montrer le chemin (Lc 15.17-24).

La notion de jeûne rappelle ce qu'écrit Paul : ''Ne vous privez pas l'un de l'autre si ce n'est d'un commun accord, pour un temps, pour vous attacher à la prière'' (1 Co 7.5).

C'est laisser un bien pour un meilleur. Cela s'appelle aussi 'abattre les idoles du cœur'.

Devenir adulte, c'est apprendre à être seul. Jésus l'a vécu, qui a passé quarante jours dans le désert, qui s'est souvent retiré à l'écart, sans témoins.

L'Ecclésiaste : Mieux vaut aller dans une maison de deuil qu'une maison de fête.

Le docteur J-P. Bénézech1 établit ce constat : Dans l'accélération progressive de nos vies “à tombeau ouvert”, le fracassement sur le mur de la mort n'est jamais d'actualité, toujours différé à demain''.

Accepter une réalité inacceptable, en un sens, c'est mourir. Jésus l'a vécu à Gethsémané. En cela, ce chemin ressemble à celui de la conversion qui “fait” le chrétien. Le travail de deuil, par maints aspects, est semblable à la démarche spirituelle type, qui rend possible une renaissance. “Il s'agit de procéder à une opération vérité, de cesser de faire semblant, de dépasser le qu'en dira-t-on” (E. Kubler-Ross). Il s'agit de revenir au point douloureux, plutôt que de l'enfouir, et d'exprimer la douleur, la tristesse, la colère...

On pense au Ps 32 : Tant que je me suis tu, mes os se consumaient... (v. 3).

Dire cela signifie-t-il qu'un véritable accompagnement serait impossible ou superflu ? Non. Sans prendre la place de la personne, il est possible de se tenir proche d'elle, de la rejoindre en partie, de l'écouter vraiment.

Il est rare qu'on puisse faire son deuil tout seul, écrit Anne Ancelin. On a besoin d'être écouté et accompagné avec empathie pendant une durée et à un rythme qui seront propres à chacun. De nombreux amis pensent mieux savoir que la personne ce qui est bien ou important pour elle. Ils ne la consultent pas. Ils consolent trop rapidement, ce qui est une manière de nier la perte subie.

Si on considère que la personne en deuil (de sa propre vie ou de celle d'un proche) est invitée à une forme de recueillement, celui qui la visite y est invité également, faute de quoi le sentiment de solitude peut se trouver accru.

Ce recueillement implique un rythme lent, une disposition à l'écoute attentive, une aptitude à vivre des moments de silence qui permettront que soient formulés des sentiments enfouis peut-être depuis longtemps.

L'écoute attentive de la personne en deuil (de la personne qui se prépare à mourir ou de celle qui a perdu un être cher) est une manière de lui dire qu'elle existe. L'écoute attentive d'une personne lui dit que Dieu existe et se tient lui aussi à l'écoute.Le jour où la personne est en mesure d'entendre cela, un chemin s'ouvre devant elle.

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14. La foi et l'espérance

 

L'espérance est très proche de la foi (Hé 11.1). Il y a une différence, cependant, puisque Paul écrit que trois choses demeurent : la foi, l'espérance et l'amour (1 Co 13.13).

Comment distinguer l'espérance de la foi ?

La foi se conjugue au présent. Dieu appelle Abraham, lui demande de quitter son pays et de se mettre en route vers un pays inconnu. Quand ? Maintenant. Abraham se lève et s'en va. C'est la foi. Jésus dit à Pierre : Laisse tes filets et suis-moi. Pierre laisse ses filets et suit Jésus. En Jean 10, Jésus parle de la foi quand il dit : "Mes brebis écoutent ma voix et elles me suivent" (v. 27). Les verbes sont au présent.

La foi reçoit de Dieu et vit maintenant ce qu'il y a à recevoir et à vivre avec Dieu maintenant. Si aujourd'hui tu regardes à Jésus, si aujourd'hui tu écoutes sa voix, si aujourd'hui tu rends ton cœur attentif et si tu dis oui à ce que Dieu te donne et te demande, c'est cela la foi.

L'espérance, c'est la certitude des choses promises, des réalités encore à venir. Les verbes sont au futur. Dieu dit à Abraham : “Regarde les étoiles du ciel et compte-les si tu le peux. Telle sera ta postérité” (Gn 15.5 ; cf. 21.17). Abraham a cent ans et sa femme est stérile. Abraham est mort sans voir sa postérité ; mais ces choses ont été devant lui comme un horizon certain, de telle sorte qu'il les a vues et saluées de loin (Hé 11.13) sans les posséder encore. 

Je suis étonné de voir le mot rêveapparaître dans le discours chrétien, à la manière des publicités qu'on entend partout. Ayons des songes pendant que nous dormons, ayons des visions si Dieu nous en accorde, mais abandonnons les rêves à ceux qui n'ont pas d'espérance. Les attentes trop grandes et sans fondement nourrissent de fausses joies, puis de la colère ou la dépression. Les addictions sont généralement nourries par l'absence d'espérance, par des attentes trop grandes ou trop impatientes. C'est le contraire du 'contentement', dont Paul nous dit qu'il est une source de gain ! (1 Tm 6.6).

Cela a un rapport avec l'aptitude à aimer. En effet, il n'y a pas d'Amour véritable en dehors de la dimension du sacrifice. Application au couple et à la famille : dès le moment où un homme se marie, il est prêt à mourir pour son épouse, normalement. Y a-t-il songé ? C'est vrai également pour l'épouse, d'une manière différente cependant2.

Si nous sommes devenus chrétiens pour souffrir moins, il y a un problème. Regardez Jésus.

L'espérance développe l'aptitude à souffrir. Il y a là beaucoup d'implications. La foi permet le mouvement, l'espérance permet l'endurance. Les deux dimensions sont importantes. Ch.N.

 

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15. Dieu ne se trompe pas !

Chacun de nous est confronté, à un moment ou un autre, à des circonstances incompréhensibles, inexplicables et parfois troublantes. Le contraire de ce qu'on attendait, le contraire de ce qu'on avait demandé.

On pense à la maladie qui nous touche ou touche un être cher. Pourquoi ? On pense à un enfant qui doit subir une intervention chirurgicale peu de temps après sa naissance. Qu'a-t-il fait ? On pense aux personnes handicapées. On pense à ceux qui meurent encore jeunes. On pense aux catastrophes naturelles qui semblent survenir d'une manière aveugle, parfois de manière répétée.

Que le malheur atteigne les méchants, nous pourrions le comprendre. Mais quand le malheur atteint une personne sérieuse, consciencieuse, ou un enfant... Qu'une épreuve survienne dans la vie d'un incroyant, certains diront que c'est pour l'amener à réfléchir, à s'humilier, à ouvrir son cœur devant Dieu. Mais quand c'est un croyant sincère et fidèle qui est touché, parfois jeune, parfois même engagé dans un ministère apprécié...

Oui, ce qui arrive peut ressembler à n'importe quoi ; on n'y comprend rien. Alors, cette pensée surgit : Dieu peut-il se tromper ? Pensée déroutante.

Dieu peut-il se tromper ? La situation serait intenable – au regard de la foi – si la Bible elle-même ne présentait pas de nombreuses situations dans lesquelles il semble bienque Dieu se trompe, et où le croyant se trouve désemparé devant ce qui arrive.Quand j'ai réfléchi là-dessus, la difficulté fut grande à mes yeux... confie le psalmiste (Ps 73.16).

Quand Dieu se révèle à Abram, il lui demande de quitter sa famille pour aller vers un pays inconnu et il lui promet une nombreuse descendance. Mais Abram est âgé de soixante-quinze ans et sa femme est stérile. Dieu se trompe-t-il ? Plus tard, Dieu commandera à Abraham de sacrifier son fils unique Isaac, le fils de la promesse. Dieu se trompait-il ?

Alors que le peuple de Dieu est harcelé par des ennemis, Dieu appelle Gédéon pour le délivrer. Mais Gédéon est le plus petit dans la maison de son père, et sa tribu est la plus petite de son clan (Juges 6.15). Dieu se trompait-il ?

Quand un ange vient voir Marie pour lui annoncer qu'elle donnera naissance au Messie, celle-ci répond qu'elle n'est pas mariée et n'a pas de relations intimes avec son fiancé (Lc 1.34). Dieu se trompe-t-il ?

Quand Jésus appelle pour disciples des pécheurs qui ne comprennent rien, se trompe-t-il ? Quand il est finalement crucifié entre deux brigands, Dieu se trompait-il ?

Quand Etienne, un des premiers chrétiens, meurt sous les pierres (Ac 7.59) que lui lancent les chefs religieux courroucés, Dieu se trompe-t-il ? Le roi Hérode a persécuté les premiers chrétiens et fait emprisonner Jacques le frère de Jean et Pierre. Pierre est délivré, mais Jacques est assassiné dans sa cellule (Ac 12.1-9). Dieu s'est-il trompé ? Quand l'apôtre Paul, fidèle serviteur de Dieu, confie qu'il a été à trois reprises battu, une fois lapidé, trois fois naufragé (2 Co 11.25), étaient-ce des erreurs dans le plan de Dieu ? Et que dire des chrétiens qui sont persécutés aujourd'hui à cause de leur foi? Et Dieu là-dedans ? Il n'est pas anormal de poser la question.

Jésus lui-même l'a fait, alors qu'il était sur la croix, avec cet appel déchirant : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ?(Mt 27.46). Je crois que Jésus n'était pas abandonné en réalité, mais toutes les circonstances semblaient démontrer qu'il l'était ! Et il l'a cru, l'espace d'un instant.

S'il peut être effleuré un instant par le doute, le croyant sait que Dieu ne se trompe pas, quand bien même tous les événements porteraient à croire le contraire.

La Bible n'est pas exactement ce qu'on pourrait appeler une « belle histoire » : le monde dans lequel Dieu se révèle n'est pas un monde idéal, loin s'en faut. La mort de Jésus entre deux brigands est présentée dans la Bible comme un scandale ; et se faisant, c'était le dessein de Dieu qui s'accomplissait. Vous aviez médité de me faire du mal : Dieu l'a changé en bien, avait dit Joseph à ses frère (Gn 50.20).

Au début de l'Evangile de Jean il est écrit : La lumière luit dans les ténèbres (Jn 1.5). C'est un élément important pour comprendre. Cette lumière est pure, mais elle brille au milieu de l'obscurité, au milieu du chaos. Parfois comme un flambeau, parfois comme une minuscule flamme...

La Bible affirme que Dieu est lumière, et qu'il n'y a pas en lui de ténèbres (1 Jn 1.5). Quand Jésus nous invite à sanctifier le Nom de Dieu (Mt 6.10), il nous invite à croire et à proclamer cela : Dieu ne se trompe pas ! Qu'il pleuve ou qu'il vente. Son Amour ne varie pas ; ses promesses s'accompliront, en leur temps. C'est la chose la plus certaine qui soit.Ch.N.

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16. La patience et l'urgence

L'Evangile est le même en aumônerie ou ailleurs et nous devons en être les témoins là où Dieu nous envoie, sans l'édulcorer (1 Co 15.1-2 ; 2 Co 2.17).

Certains seront tentés de penser que la patience doit être rappelée plus que jamais : l'épreuve peut être longue, la personne est affaiblie, les forces reviendront lentement ou peut-être ne reviendront pas. La personne âgée, elle, est dans un cheminement lent, elle attend... Nous comprenons en effet que la précipitation ne convient pas pour l'accompagnement des personnes en souffrance. On pense à cette parole de l'apôtre Jacques : « Que tout homme soit prompt à écouter, lent à parler, lent à se mettre en colère, car la colère de l'homme n'accomplit pas la justice (la volonté) de Dieu » (1.19-20).

On dirait un aumônier en train de former un nouveau visiteur !

D'autres auront le sentiment que c'est l'urgence qui prévaut. Si une personne est couchée sur un lit d'hôpital, n'est-elle pas appelée – quelle que soit sa situation – à prêter l'oreille à ce que Dieu veut lui dire ? L'hôpital n'est-il pas, à certains égards, comparable au désert, ce lieu inhabituel où l'on se tient à l'écart, où l'on découvre son dénuement et où Dieu se révèle ? Et quand une personne est au soir de sa vie ? Et quand une autre est gravement malade, qui ne sera peut-être pas guérie ? Et quand il y a des réconciliations à vivre, avec Dieu ou avec des proches, des pardons à demander ou à accorder... Faut-il attendre encore ? Ne peut-on pas, ne doit-on pas trouver les mots pour dire ce que disait le prophète Amos : « Prépare-toi à la rencontre de ton Dieu ! » (4.12) ?

Je crois que cette question peut et doit être posée. Quant à y répondre ? Voilà ce que je suggère :

  • chacun devrait évaluer quelle est sa tendance naturelle (induite par sa personnalité, son éducation) et la corriger, c'est-à-dire veiller à donner une place à la démarche complémentaire.

  • je dirais qu'il en est de la patience et de l'urgence comme de l'amour et de la vérité : on les oppose alors qu'ils doivent cohabiter toujours. C'est toujours le temps de la patience ; et il y a toujours une certaine urgence.

  • c'est toujours le temps de la patience ; quant à l'urgence : malheur à qui en parlerait toujours, malheur à qui n'en parlerait jamais.

  • la lecture régulière de la Bible et une vie de prière nous rendront sensibles à la pensée de Dieu qui ne se trompe jamais et corrige ce qui dévie (2 Tm 3.16-17).   

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       Travail en groupes

 

Que faire – ou pas, que dire – ou pas, quand nous sommes témoins en temps de crise ?

 

- D'abord écouter. Oui ! Peut-on ajouter un 'mais' ?

- Ne jamais dire : Je vous comprends. Est-ce sûr ?

- Ne pas citer des versets bibliques. Jamais ?

- Ne pas citer Romains 8.28. Vraiment ?

- Ne jamais parler de soi. Jamais ?

- Ne pas prendre “la défense” de Dieu. Vraiment ?

- Privilégier la tendresse, la consolation. Seulement ?

- Surtout ne pas parler du péché. Vraiment ?

- Quels risques voyez-vous, qu'il faudrait éviter ? Par exemple, laisser entendre que la personne a mérité ce qui lui arrive...

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Notes :

1J-P Bénézech est médecin. Il travaille au Département des soins palliatifs du CHU de Montpellier.

 

2 Dès qu'un couple a un enfant, les deux parents sont prêts à mourir pour cet enfant, normalement (ce qui ne signifie pas céder aux caprices de l'enfant). 

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