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Le blog de Charles Nicolas
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  • Dans une société déchristianisée où les mots perdent leur sens, où l'amour et la vérité s'étiolent, où même les prédicateurs doutent de ce qu'ils doivent annoncer, ce blog propose des textes nourris de réflexion biblique et pastorale.
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5 décembre 2022

Apprendre ... - Annexes 1 à 11

 

Annexes (1)

 

1. Trop aider n'aide pas

On m’a une fois raconté l’histoire d’un homme qui vit un jeune papillon se débattant pour sortir du cocon dans lequel il s’était développé de l’état de larve à celui de papillon. Les ailes étaient encore attachées au cocon et le papillon se débattait pour les dégager. L’homme qui observait sentit que le papillon était en souffrance, et il décida de l’aider à ne pas souffrir. Il prit une lame et aida le papillon à dégager ses ailes des parois du cocon. Le papillon fut immédiatement libre, mais l’homme fut surpris de constater que le papillon n’arrivait pas à s’envoler.

 

Pendant cette lutte pour la liberté, le papillon exerce souvent ses ailes et les fortifie de manière qu’elles soient assez fermes pour l’envol. L’homme qui avait aidé le papillon à détacher ses ailes du cocon, l’avait aussi privé de la capacité de s’envoler. L’aide qu’il avait cru apporter s’était en réalité avérée comme un grand dommage ! (Texte anonyme).

 

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2. Nous sommes tous vulnérables

Marie de Hennezel

Une chose est certaine, nous sommes tous vulnérables. Personne ne peut affirmer qu'il ne passera jamais de l'autre côté de la barrière des bien-portants... Elisabeth Garcia, cadre de santé, enseignante, a été hospitalisée en réanimation à la suite d'un grave accident de voiture. Trois jours de sédation dans ce service lui ont appris plus que toutes ses années d'études (Le souci de l'autre, 2005).

Louis m'a confié un jour que sa maladie l'avait conduit à l'essentiel (…). S'interroger sur le 'pour quoi ?', sur la finalité d'une souffrance semble être la seule façon de donner un sens (…). La période qui précède la mort peut être l'occasion d'une transformation profonde de l'être (La mort intime, 2006).

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3. Apprendre à être dépendants

Jean Vanier, fondateur de la Communauté de l'Arche

Depuis notre enfance, on nous a appris à être autonomes et à devenir indépendants, à être compétents et à planifier notre vie en la fondant parfois sur des certitudes morales et religieuses. De telles certitudes sont sécurisantes. On nous encourage à contrôler les choses et à prendre nos vies en mains ; c'est important et nécessaire, mais Jésus montre un chemin nouveau qui implique le risque, l'insécurité et la vulnérabilité, un chemin qui fait appel à l'intuition et à la confiance plus qu'à la raison (…) Nous ne pouvons accepter notre pauvreté et notre vulnérabilité que lorsque nous nous savons aimés tels que nous sommes, quand nous comprenons que nous n'avons pas besoin d'être intelligents et forts pour être aimés. Alors, nous pouvons vivre dans la vérité, venir à la lumière et nous laisser conduire par l'Esprit de Dieu. Nous sommes délivrés de la peur.

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4. La vieillesse, ou les deuils qui font avancer

La vieillesse confronte immanquablement à des pertes familiales et amicales répétées. C'est forcément une source de chagrin, de douleur. Peu à peu disparaissent des gens qui comptaient beaucoup, ou même des lieux qui ne sont plus. (…) La vocation de la vieillesse est sur le registre de l'être, et non plus de l'avoir ou du faire. La liberté de la vieillesse vient du fait qu'il n'y a plus rien à gagner ; la personne très âgée peut se moquer de ce qu'on pense d'elle (Monique de Hadjetlaché, psychiatre chrétienne, Vieillir).

C'est le rôle capital qui incombe à l'âge – s'il l'accepte – que d'apporter aux jeunes du vrai et du réconfortant (Madeleine Chapsal, écrivain née en 1925, fut l'épouse de JJSS).

Un même oui traverse toute la vie, qui est successivement un oui à l'enfance, à la jeunesse, à la vie adulte, à la vieillesse, et finalement un oui à la mort (Paul Tournier, 1898-1986, Apprendre à vieillir).

En prenant de l'âge, beaucoup s'inquiètent de ne plus trouver d’intérêt à la vie. Ils devraient bien se demander si le moment n'est pas venu de trouver un autre intérêt à la vie, ou de l'intérêt pour une autre vie. (…) Consolez-vous de vieillir : quand on gravit une montagne, on a de moins en moins de terre sous les pieds, mais une vue de plus en plus étendue(Gilbert Cesbron, 1913-1979, Passé un certain âge).

On ne peut pas prétendre à une vieillesse sereine et lumineuse sans avoir fait le deuil de sa jeunesse et médité sur sa mort à venir. On devient vieux lorsqu'on refuse de vieillir, c'est-à-dire d'avancer dans la vie. C'est là un grand paradoxe (M. de Hennezel, La chaleur du cœur empêche nos corps de rouiller, 2008).

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5. Quelques exemples parmi beaucoup d'autres

Moïse a gardé les moutons pendant 40 ans dans le désert, avant de diriger le peuple de Dieu pendant 40 ans, avant que ce peuple puisse entrer dans le pays promis.

Esaïe croit mourir de peur avant de devenir le prophète qu'il a été.

Par le prophète Osée, nous voyons Dieu dépouiller son peuple et le conduire au désert afin de parler à son cœur et de lui révéler de nouveau son amour (Os 2.11-16).

Jésus lui-même jeûne pendant 40 jours dans le désert, conduit par l'Esprit, avant de recevoir l'équipement qui lui permettra d'assurer sa mission. Mais ce ne fut pas seulement pendant 40 jours. Bien qu'il fut Fils, il a appris l'obéissance par les choses qu'il a souffertes (Hé 5.8).

Et le fils prodigue, quand a-t-il entendu la voix de Dieu qui lui montrait le chemin ?

Et Pierre, quand a-t-il reçu son envoi comme apôtre ? Et Paul ?

La parabole du cep et des sarments le dit aussi : le sarment qui porte du fruit est taillé lui aussi afin qu'il en porte davantage !

Ces choses leur sont arrivées pour servir d'exemples, et elles ont été écrites pour notre instruction, à nous qui sommes parvenus à la fin des siècles (1 Co 10.11).

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6. L'école de la persécution

Dans son livre Mes voies ne sont pas vos voies (Portes Ouvertes, Excelsis, 2014), Nik Ripken raconte sa visite d'un rassemblement clandestin de responsables d'églises de maison en Chine. Un des hommes les plus jeunes, âgé d'environ 25 ans, demanda à me rencontrer. Mon hôte se pencha vers moi et me confia discrètement : Un de ces jours, Dieu va utiliser ce jeune homme-là d'une manière puissante. Mais pour le moment, ce qu'il dit n'est pas crédible ; il n'a pas été encore en prison (p. 224).

Le pasteur allemand Dietrich Bonhoeffer était issu d'un milieu bourgeois et aisé. Il a passé trois ans dans un camp de concentration avant d'être pendu par les nazis, quelques jours avant la fin de la Guerre de 1939-1945. Après sa mort, son ami Payne Best écrit à la sœur de Dietrich : Bonhoeffer avait toujours craint de ne pas être assez fort pour faire face à une telle épreuve, mais maintenant il savait qu'il n'y avait rien dans la vie dont on ne devait avoir peur, rien (Lettres à Sabine).

Dieu nous conduit dans des situations difficiles pour que nous grandissions en maturité. Nous devrions en être reconnaissants. Le Nigérian Manga, persécuté par la secte islamiste Boko Haram (week-end Portes Ouvertes en nov. 2022), affirme : Plus vous serez persécuté plus votre foi va grandir.

Dans L'Archipel du Goulag, Alexandre Soljénitsyne écrit : C'est pourquoi je me tourne vers mes années de détention et dis, non sans étonner parfois ceux qui m'entourent : “Bénie sois-tu, prison ! Béni soit le rôle que tu as joué dans mon existence !”.                                                          

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7. Epreuve ou tentation ?

Toute épreuve est une tentation – c'est le même mot en grec. Et toute tentation est donc une épreuve, on pourrait dire aussi un test, un révélateur. Nous pouvons penser à l'épreuve d'Abraham, quand Dieu lui demande de sacrifier son fils Isaac. L'heure noire... qui aboutit à un renouvellement de l'alliance que Dieu a promise. De même pour Joseph qui, emprisonné pour une bonne action, est oublié de son compagnon (et de Dieu ?) avant de devenir premier ministre du Pharaon et libérateur de son peuple. Vous aviez médité de me faire du mal : Dieu l'a changé en bien, pour accomplir ce qui arrive aujourd'hui, pour sauver la vie à un peuple nombreux (Gn 50.20)1.

Toute épreuve est-elle une correction, est-elle porteuse d'un enseignement ? Je crois qu'on peut répondre par l'affirmative.Certaines épreuves peuvent être regardées comme une préfiguration du jugement (cf. Les plaies en Egypte. Mais elles font aussi avancer celui ou celle qui a déjà beaucoup avancé. L'épreuve est donc pour tous, pour le bon comme pour le méchant (de la même manière que Dieu coupe le sarment stérile... et celui qui porte déjà du fruit ! (Jn 15.2). Ch.N.

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8. L'épreuve, un creuset

Depuis deux mois que Mitia était arrêté, Aliocha avait souvent visité Grouchenka. Elle était tombée gravement malade trois jours après l'arrestation ; elle n'avait pas quitté le lit pendant cinq semaines, elle était même restée huit jours sans connaissance.

Elle avait beaucoup changé, beaucoup maigri et pâli, mais elle n'en était devenue que plus sympathique, au jugement d'Aliocha. Elle avait dans les yeux quelque chose de réfléchi, de résolu ; entre ses sourcils s'était creusé une petite ride verticale qui donnait à son visage charmant une attitude concentrée, presque sévère. Plus de trace de la frivolité de naguère. Pourtant, elle n'avait pas perdu cette joie de la jeunesse ; seulement, la douceur avait succédé à l'orgueil.

 

Dostoïevski, Les Frères Karamazov, tome 2 page 149

Je sens bien que je n'ai jamais mérité ce prodigieux attachement que vous avez pour moi, dit Manon au chevalier des Grieux, alors qu'ils ont dû partir en exil. Je vous ai causé des chagrins, que vous n'avez pu me pardonner sans une bonté extrême. J'ai été légère et volage, et même en vous aimant éperdument, comme je l'ai toujours fait, je n'étais qu'une ingrate. Mais vous ne sauriez croire combien je suis changée. Mes larmes, que vous avez vu couler si souvent depuis notre départ de France, n'ont pas eu une fois mes malheurs pour objet. Je n'ai pleuré que de tendresse et de compassion pour vous. Je ne me console point d'avoir pu vous chagriner un moment dans ma vie. Je ne cesse point de me reprocher mes inconstances et de m'attendrir, en admirant de quoi l'amour vous a rendu capable pour une malheureuse qui n'en était pas digne, et qui ne payerait pas bien de tout son sang la moitié des peines qu'elle vous a causées. (Abbé Prévost, Manon Lescaut, page 144).

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9. Les ''églises thérapeutiques''

Dans son livre Résister au mensonge (Artège, 2021), Rod Dreher dit que les chrétiens occidentaux ne sont pas prêts à affronter les temps de persécutions qui se profilent. Il parle de la multiplication des “églises thérapeutiques”, c'est-à-dire des églises qui visent l'épanouissement personnel, où l'on va principalement pour se faire du bien, pour guérir de nos maux. Des églises qui visent le bien-être plus que la fidélité. L'Evangile qu'ils ont appris, dit-il des chrétiens occidentaux, est un Evangile sans larmes. Tout ce qui menace mon bien-être constitue une forme d'oppression et doit être refusé. On pourrait en parler longtemps.

Je le cite : L'avenir qui se prépare forcera les chrétiens à expérimenter personnellement ce que signifie souffrir pour sa foi. Le pasteur Sipko dit : “S'il n'y a pas la volonté de souffrir, et même de mourir pour le Christ, tout n'est qu'hypocrisie. Tout n'est que recherche de réconfort. Quand je rencontre des frères dans la foi, en particulier des jeunes, je leur demande de me citer trois valeurs chrétiennes pour lesquelles ils sont prêts à mourir. C'est là que vous pouvez tracer une ligne entre ceux qui sont sérieux et ceux qui ne le sont pas”.

L'admirateur [du Christ] aime lui être associé, mais quand les difficultés arrivent, il essaie de mettre de la distance entre lui-même et le Seigneur. L'admirateur recherche le réconfort et les avantages qui vont avec la foi chrétienne, mais que le vent tourne et que la figure du Christ devienne objet de scandale, et il disparaît. L'admirateur est incapable du moindre sacrifice. Il préfère la prudence. S'il est capable de dire, de chanter, de crier sans cesse à quel point il loue le Seigneur, il ne renonce à rien, ne change pas de vie et ne fait pas en sorte que son existence tout entière reflète Celui qu'il admire. “N'ayez pas peur et agissez toujours comme vous pensez que le Christ agirait à votre place dans la situation particulière où vous vous trouvez”, répétait le père Kolakovic.

La foi des martyrs et des confesseurs que nous avons cités ici est bien loin de la religion thérapeutique des sermons politisés, de gauche comme de droite, que l'on entend dans bien des paroisses, et de la théologie de la prospérité professée par certains courants chrétiens évangéliques. Ces expressions de la foi, d'une grande faiblesse, se consumeront instantanément à la moindre persécution.

Le genre de chrétiens que nous serons à l'heure de l'épreuve dépend du genre de chrétiens que nous sommes aujourd'hui. Rien n'est plus important que la construction de la résistance chrétienne au totalitarisme à venir. Cela signifie aussi accepter de passer pour un sauvage aux yeux de la culture contemporaine, même au sein de l'Eglise.

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10. Celui qui ne voulait pas apprendre

Si un homme a un fils indocile et rebelle, n'écoutant ni la voix de son père, ni la voix de sa mère, et ne leur obéissant pas même après qu'ils l'ont châtié, le père et la mère le prendront, et le mèneront vers les anciens de sa ville et à la porte du lieu qu'il habite. Ils diront aux anciens de sa ville : Voici notre fils qui est indocile et rebelle, qui n'écoute pas notre voix, et qui se livre à des excès et à l'ivrognerie. Et tous les hommes de sa ville le lapideront, et il mourra. Tu ôteras ainsi le mal du milieu de toi, afin que tout Israël entende et craigne (Dt 21.18-21).

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11. Le Pavillon des cancéreux

Alexandre Soljénitsyne

Quoi qu'il en soit, dans toute la République, il n'avait maintenant d'autre recours que l'hôpital.

- Je n'ai pas le cancer, n'est-ce pas, docteur ? Ce n'est pas le cancer ? demandait Paul Nikolaïevitch avec espoir.

- Mais non, mais non, bien entendu, lui répondit pour la dixième fois le docteur Dontsova pour le tranquilliser, tout en couvrant de sa large écriture les pages de son dossier de maladie (p. 21).

Son père embrassé (il s'agit de Paul Nikolaïevitch), Alla, pleine d'entrain, leva encore une fois une main aux cinq doigts écartés :

- Allez, papa, combats pour ta santé. Lutte, guéris, rejette cette tumeur – et ne te fais aucun souci – dit-elle en y mettant un sous-entendu évident, absolument tout, tout, tout ira pour le mieux(p. 439).

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Note :

 

1 Un élément capital apparaît ici : la souveraineté de Dieu n'est jamais en défaut.

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