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Le blog de Charles Nicolas
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  • Dans une société déchristianisée où les mots perdent leur sens, où l'amour et la vérité s'étiolent, où même les prédicateurs doutent de ce qu'ils doivent annoncer, ce blog propose des textes nourris de réflexion biblique et pastorale.
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1 décembre 2022

Apprendre en situation de crise (1)

 

 

APPRENDRE EN SITUATION DE CRISE (1)

 

Cette enseignement a été apporté aux aumôniers hospitaliers

et visiteurs d'aumônerie de Drôme-Ardèche le 25 novembre 2022.

Avertissement : Les remarques qui suivent prennent appui sur le texte biblique pour arriver aux situations que nous pouvons vivre et rencontrer. Inspiré des premières pages de la Bible, le présupposé qui les sous-tend est celui-ci : Chronologiquement, le premier mal n'est pas un mal subi, c'est un mal commis. L'homme n'est pas premièrement une victime, c'est un transgresseur1. Evidemment, ce postulat est assez éloigné de la compréhension du monde sans Dieu qui prévaut aujourd'hui2. Ce postulat n'empêche pas de voir aussi les hommes comme des souffrants (cf. Job 5.7).

1. La souffrance, une école

Il y a deux sortes de médecins : ceux qui ont été malades et ceux qui n'ont jamais été malades. On n'apprend pas que dans les livres ; la souffrance est une école. Mais c'est une école qu'on évite tant qu'on peut. La trente-neuvième année de son règne, Asa eut les pieds malades au point d'éprouver de grandes souffrances ; même pendant sa maladie, il ne chercha pas l'Éternel, mais il consulta les médecins (2 Ch 16.12)3. Ce qui est reproché à Asa n'est pas d'avoir consulté les médecins, mais d'avoir oublié de consulter Dieu. Or, il y avait quelque chose à entendre de sa part, à ce moment-là.

Pascal a écrit des pages admirables sur la tentation du divertissement. Les hommes n’ayant pu guérir la mort, la misère, l’ignorance, ils se sont avisés, pour se rendre heureux, de n’y point penser. Nonobstant ces misères, l'homme veut être heureux, et ne veut être qu’heureux. Mais comment s’y prendra-t-il ? Il faudrait, pour bien faire, qu’il se rendît immortel. Mais ne le pouvant, il s’est avisé de s’empêcher d’y penser (B. Pascal, 1623-1662, Pensées, Le divertissement). Je pense à la télévision dans les chambres, à l'hôpital4.

Il est vrai que l'Eglise romaine, à certaines périodes, a pu faire de la souffrance un objectif de vie chrétienne, une manière de payer pour ses fautes, de faire son salut. La Bible ne dit pas cela. Nous sommes sauvés par les souffrances d'un autre ! Nos propres souffrances n'ont aucune valeur expiatoire. C'est d'ailleurs pour cela que les Soins palliatifs, sous l'impulsion de l'infirmière anglicane Cicely Saunders, ont développé la prise en charge de la douleur. On n'est pas sauvé en souffrant.

Jésus ne fait pas que nous sauver : il nous appelle sur un chemin de disciples qui ressemble au sien, sur lequel la souffrance n'est pas écartée. La plupart des forfaits dans le monde ont pour intention d'éviter la souffrance5... Nous devrions y réfléchir6. Quant à Jésus, bien qu'il fut Fils, il a appris l'obéissance par les choses qu'il a souffertes(Hé 5.8). Ce n'était donc pas une punition, c'était une école ! (Cf. Ac 9.15-16).

Un homme d'une cinquantaine d'années atteint d'une maladie dégénérative a confié un jour à une infirmière sa volonté de demander une euthanasie. L'infirmière lui a demandé pourquoi. Je ne veux pas accepter de devenir dépendant. L'infirmière a répondu : Mais nous sommes tous dépendants. Elle l'avait appris7. Faut-il attendre d'avoir 80 ans pour apprendre ce que nous sommes, pour vivre les deuils qui affranchissent ?8

2. La correction, une nécessité

Nous pourrions parcourir la Bible jusqu'à ce soir et trouver des exemples9.

Juste après l'entrée du péché dans le monde, nous voyons la première mention de la souffrance, de l'épreuve. Tu travailleras à la sueur de ton front ; tu feras l'enfant dans la douleur10. Une punition ? Une correction plutôt,dans le sens de mettre une limite à l'égarement, de rectifier : une pédagogie pour retrouver le chemin juste11.

Il s'agit donc d'une grâce, comme le dit aussi le livre des Proverbes : La folie est attachée au cœur de l'enfant ; la baguette de la discipline l'éloignera de lui (Pr 22.15)12. C'est pour un bien, dans le sens que l'on retrouve en Hébreux 12 : Il est vrai que toute correction semble d'abord un sujet de tristesse, et non de joie ; mais elle produit plus tard, pour ceux qui ont été ainsi éprouvés, un fruit paisible de justice (12.11)13.

Deux remarques :

1. Nous vivons aujourd'hui dans le temps court. C'est un des fruits du manque d'espérance. Il faut profiter maintenant, c'est le présent qui compte, et même l'instant. C'est le mangeons et buvons ! dont parle Paul (1 Co 15.32) ; c'est aussi aimer le plaisir plus que Dieu (2 Tm 3.4). Paul, en 2 Co 7.8-10 parle d'une tristesse momentanée qui est suivie de bons fruits, mais là c'est le temps long. Hébreux 12.11 dit la même chose14.

2. La correction est un sujet de tristesse pour celui qui la reçoit et pour celui qui la donne. C'est la raison pour laquelle beaucoup de parents ne corrigent pas leurs enfants : ils s'énervent contre eux quand ils n'en peuvent plus, ce qui est différent. Même pour Dieu, c'est à regret qu'il humilie ou afflige les hommes (Lam 3.32-33). Nous pensons souvent à nos peines, nous oublions celle de Dieu. Penser à la joie et à la peine de Dieu, c'est le cœur de la piété qui est le commencement de la sagesse (1 Th 4.1).

(à suivre)

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Notes :  (Les annexes seront publiés dans les jours qui viennent)

1Dans ce sens, la prédication du Royaume de Dieu, ce n'est pas d'abord la guérison, c'est la repentance (Mt 3.1-2 ; 4.17 ; Ac 2.38 ; 3.19 ; 26.19-20). Dans un autre contexte, Marie de Hennezel écrit : Le malade n'est pas une victime. Il sent ce dont il a besoin, il peut aider les soignants à le soigner, il faut l'écouter (Marie de Hennezel, Le souci de l'autre).

2 Eloigné du wokisme qui prétend “changer le monde par la bienveillance”...

3Jean-Claude Carrière, écrivain : J'ai un mot du médecin. Je ne supporte pas la mort.

Woody Allen, réalisateur, scénariste, écrivain : Tant que l'homme se saura mortel, il ne sera jamais vraiment décontracté.

4 Tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer au repos dans une chambre, a écritPascal.

5Ici pourrait trouver place toute la réflexion éthique sur “l'aide à mourir”.

6Voir l'annexe 1 : Trop aider n'aide pas.

7Voir l'annexe 2 : Nous sommes tous vulnérables et l'annexe 3 : Apprendre à être dépendants.

8Voir l'annexe 4 : La vieillesse, ou les deuils qui font avancer.

9Voir l'annexe 5 : Quelques exemples bibliques.

10Le verbe enfanter, littéralement faire l'enfant, inclut probablement l'éducation de l'enfant et pas seulement sa naissance.

11 Je vois que cette lettre vous a attristés, bien que momentanément. Mais je m'en réjouis à cette heure... (2 Co 7.8-9).

12 Le livre des Proverbes évoque souvent ce sujet. Il méprise son fils celui qui ménage son bâton ; celui qui l'aime cherche à le discipliner (13.24). Celui qui aime la correction aime la science ; celui qui fuit la réprimande est stupide (Pr 12.1)

13Voir les annexe 6 : L'école de la persécution, 7 : L'épreuve et la tentation et 8 : L'épreuve, un creuset.

 

14Voir l'annexe 9 : Les églises thérapeutiques.

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