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Le blog de Charles Nicolas
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  • Dans une société déchristianisée où les mots perdent leur sens, où l'amour et la vérité s'étiolent, où même les prédicateurs doutent de ce qu'ils doivent annoncer, ce blog propose des textes nourris de réflexion biblique et pastorale.
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2 novembre 2022

Est-ce le temps de jeûner ?

 

Psaume 137.1-6 ; 42.2-3 ; Mt 6.9-10, 16-18

 

Est-ce le temps de jeûner ? Jésus a répondu à cette question en disant que ses disciples jeûneraient quand l'époux leur serait enlevé (Mt 9.15). Le jeûne est la reconnaissance d'une absence, d'un manque que rien d'autre ne peut combler.

Le jeûne, comme la prière, manifeste une faim et une soif de Dieu qui devrait habiter chaque chrétien. Que ton règne vienne ! (Mt 6.10). Viens, Seigneur Jésus ! (Ap 22.20).

 

1. Attention aux bonnes choses !

Le jeûne a pour objectif de dégager de la place, de libérer de l'espace qui revient à Dieu en vue de mieux répondre à sa volonté. En ce sens, il est assez proche de la repentance.

Dans cette recherche de la volonté du Seigneur, la repentance consiste à délaisser définitivement une chose mauvaise (Mt 3.2 ; 4.17 ; Ac 2.38 ; 26.20), tandis que le jeûne consiste à délaisser pour un temps une chose bonne.

Ceci revient à reconnaître que des choses bonnes peuvent aussi constituer des osbtacles à une bonne écoute et une bonne obéissance à la volonté de Dieu.

L'objectif du jeûne est de rétablir l'ordre des priorités dans la perspective du Royaume de Dieu, comme le montrent les trois premières demandes du Notre Père. Jeûner, c'est délaisser un bien pour un meilleur.

 

2. Trois exemples

Le jeûne de travail. Le sabbat (Ex 20.8) est un jeûne de travail. Le travail est une bonne chose (Dieu a travaillé 6 jours), mais aussi bon soit-il, il risque d'accaparer l'attention et le coeur de l'homme et de la femme, avec le risque de mettre en oubli l'amour et la fidélité de Dieu. C'est pourquoi l'Eternel a béni le jour du repos et l'a sanctifié (Ex 20.8, 11).

Le jeûne de pain. C'est une des premières paroles de Jésus : L'homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu (Mt 4.4). Jésus ne dit pas que le pain est mauvais. Lui-même a eu faim (4.2). Lui-même a nourri la foule de pain (14.19). Mais il avertit contre le risque de se focaliser sur cette nourriture (Mt 6.31-34) et d'en être rassasié au point d'oublier que la Parole de Dieu est également une nourriture vitale pour l'homme qui la reçoit.

Le jeûne conjugal. Les relations conjugales sont une belle chose dans le cadre d'un couple fidèle. Cependant cette relation intime peut faire passer au second plan une autre relation intime, celle de la prière. Paul écrit qu'à la fin des temps, les hommes aimeront le plaisir plus que Dieu (2 Tm 3.4). Aux couple, il écrit : Ne vous privez pas l'un de l'autre, si ce n'est d'un commun accord, pour un temps, pour vous attacher à la prière. Puis, retournez ensemble (1 Co 7.5). C'est une forme de jeûne.

3. Quand devrait-on jeûner ?

On pourrait dire : chaque fois que cela s'avère nécessaire ! Chaque fois qu'il paraît important de retrouver une bonne écoute de Dieu. Mes brebis écoutent ma voix... (Jn 10.27). Par exemple, quand la prière de tous les jours ne semble plus en mesure de rattraper le terrain perdu de la communion avec le Seigneur ; quand mon oreille ne parvient plus à être attentive à la voix du Berger (Jn 10.3, 27) ; quand trop de choses ont envahi l'espace entre Dieu et moi (Mt 7.19-21 ; 13.22 ; Mc 10.24 ; Col 3.1). Chaque fois que ma relation avec Dieu doit être éclaircie, libérée, resserrée.

Cela peut s'avérer particulièrement important :

- dans une période de trouble, d'humiliation. Sonde-moi ô Dieu, et connais mon coeur, éprouve-moi et connais mes pensées ; regarde si je suis sur une mauvaise voie (Ps 139.23-24 ; Jug 20.26-28 ; 2 Sam 12.16 ; Est. 4.3 ; Né 1.4 ; Ps 137.3-4 ; Jc 5.13) ;

- dans la perspective d'une période difficile, d'un danger à venir, d'un combat à mener (2 Ch 20.3 ; Esd 8.21-23 ; Mt 17.21) ;

- avant une décision importante ou un engagement nouveau, en vue d'une consécration plus grande, un service plus pur ( Mt 4.1-2 ; Ac 13.2-3).

 

4. Qui peut jeûner ?

Toute personne qui ressent le besoin de (re)donner à Dieu la première place (= sanctifier son Nom), d'ordonner ses affections, ses priorités, de mettre ses pensées en conformité avec la pensée de Dieu (Jn 4.32-34) ; toute personne qui comprend que la conversion n'est pas le but, mais le début d'une vie de disciple. Autant dire que tout chrétien peut se sentir appelé à jeûner, régulièrement ou pas, même un adolescent.

Comme la prière, le jeûne peut être une démarche toute personnelle (2 Sm 12.16 ; Mt 6.6, 16) ou une démarche communautaire qui suppose que l'on s'accorde pour un objectif commun (Jonas 3.5-9 ; 2 Ch 20.3 ; Mt 18.19 ; 1 Jn 5.14-15).

 

5. Attention à la motivation !

Que ta volonté soit faite, et non la mienne ! (Lc 11.2 ; 22.42). Tout comme la prière (Pr 28.9 ; Jc 1.6), le jeûne n'est surtout pas un moyen infaillible d'obtenir ce que l'on veut. En aucun cas il ne peut être comparé à une grève de la faim, à un moyen de faire pression... C'est même le contraire de cela (Ps 119.67 ; 139.23-24). La motivation du jeûne, c'est la faim et la soif de faire la volonté de Dieu, et pour cela d'entendre ce qu'Il veut nous dire (Ps 37.4 ; 119.72), au risque d'être bousculé dans nos projets, notre confort, notre vision personnelle des choses.

Donner pour se faire remarquer, prier pour se faire voir, jeûner pour paraître plus pieux (Mt 6.1-6, 16-18), c'est le contraire de la motivation requise. Le jeûne est l'expression d'un abandon plus grand entre les mains de Dieu pour discerner sa volonté. Le jeûne ne me rend pas plus fort mais plus faible, et donc plus dépendant de Dieu (Mt 4.1-11). Le jeûne ne me rend pas plus joyeux mais plus triste, plus sensible au péché, à la misère. Plus sensible à la voix de l'Esprit, aussi.

 

6. Comment jeûner ?

Il peut être bien de commencer par s'abstenir d'un repas, en consacrant le temps libéré au recueillement et à la prière. C'est déjà une expérience qui peut s'avérer instructive.

On peut facilement jeûner pendant deux repas ou une journée entière. Par exemple en s'abstenant du repas du soir et en reprenant la nourriture le soir suivant. On peut jeûner pendant une période plus longue, mais avec une bonne détermination et quelques précautions.

Le jeûne de nourriture est le plus fréquemment mentionné. Nous nous souvenons que c'est en mangeant qu'Adam et Eve se sont égarés, qu'Esaü perdit son droit d'aînesse (Gn 25.27-34 ; Hé 12.16). C'est pour de la nourriture que les Israëlites murmurèrent dans le désert et désirèrent retourner en Egypte (Nb 11.5 ; Lc 21.34-36 ; Ph 3.19. Comparer avec Jn 4.32-34) et que le Diable tenta Jésus dans le désert (Mt 4.2-4). Prenons conscience de la dépendance affective forte que nous avons souvent à l'égard de la nourriture (Ph 3.19). La Bible parle des excès du manger et du boire comme d'une manifestation caractéristique d'un comportement charnel, insensible à l'Esprit de Dieu, au même titre que les querelles ou l'idolâtrie (Ga 5.19-21).

 

7. Jeûner de quoi ?

Nous avons mentionné le jeûne de travail (Ps 127.1-2 ; Ac 14.16-17).

Nous avons évoqué le jeûne de relations sexuelles dans le couple (Mt 6.21 ; 1 Co 7.5).

On pourrait évoquer, pour ceux qui sont susceptibles de tomber dans un excès, le jeûne de paroles = le silence (Jb 39.37-38 ; Pr 30.32 ; Ecc 5.1 ; Lm 3.28-29 ; Jc 3.2-12), le jeûne de contacts humains = la solitude (Lm 3.28 ; Mt 14.13, 23...) assez souvent pratiquée par Jésus, le jeûne de fête, de rire = le deuil (Jc 4.8-10), de musique (Ps 137.3-4), d'exercice physique (1 Tm 4.8), de télévision, d'Internet...

Il ne s'agit pas de renoncer définitivement à ces choses, à moins que Dieu le demande (le célibat, 1 Co 7.32-33), mais de démontrer – pas en paroles ou en intention seulement – que nous désiront être libres par rapport à ces choses (Jn 8.36 ; 1 Co 6.12-15 ; Ga 5.1, 13). Dans ce sens là, Paul dit : En tout et partout j'ai appris à être rassasié et à avoir faim, à être dans l'abondance et à être dans la disette (Ph 4.12). Quelle maturité ! C'est là la véritable motivation du jeûne.

Curieusement, il semble que Jérémie parle aussi d'un jeûne de prière. Il est bon d'attendre en silence le secours de l'Éternel (Lam 3.26 ; cf. Ps 37.7). Il arrive que Dieu réponde quand on s'arrête de demander. N'a-t-on pas le droit de demander à Dieu ? Mais il y a des prières qui finissent par nourrir l'incrédulité plus que la foi...

Le jeûne est un peu comme un creuset qui rend l'or plus brillant. Ou plutôt plus transparent, pour que paraisse mieux la lumière de Dieu.

Charles Nicolas

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