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Le blog de Charles Nicolas
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  • Dans une société déchristianisée où les mots perdent leur sens, où l'amour et la vérité s'étiolent, où même les prédicateurs doutent de ce qu'ils doivent annoncer, ce blog propose des textes nourris de réflexion biblique et pastorale.
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6 mai 2022

Psaume 119 (2)

 

 

Etude biblique : le Psaume 119 commenté par Ch. Nicolas

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2. Dieu et sa Parole

Le Psaume 119 mentionne pratiquement à chaque verset la parole écrite de Dieu.

Mais le verset 89 mentionne la Parole éternelle de Dieu, comme le fait le tout début de l'Evangile de Jean (Au commencement était la Parole...).

La Parole éternelle, c'est la parole créatrice, incarnée en Jésus-Christ, par qui et pour qui sont toutes choses (Co 1.16). La parole écrite, c'est “la loi et les prophètes”, c'est le testament de l'Alliance de Dieu avec son peuple. Pour notre foi, les deux sont essentiels et inséparables, mais on ne peut pas les confondre pour autant.

Cela est important, car certains pourraient être tentés par une sorte de bibliolâtrie, une vénération excessive des Ecritures ; on pourrait dire : de la lettre des Ecritures. C'est le reproche que fait Jésus aux Juifs de son temps : Vous sondez les Ecritures, elles parlent de moi, et vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie éternelle (Jn 5.39-40).

En d'autres termes, je pourrais connaître la Bible par cœur sans vivre ce qu'elle dit ! C'est ce qu'a déjà exprimé l'auteur de l'Imitation de Jésus-Christ, au XIIIème siècle : Il vaut mieux plaire au Saint-Esprit que d'en connaître la définition. Aussi importante que soit l'Ecriture sainte, elle nous oriente vers la personne de Jésus qui nous sauve.

Mais ce Jésus, durant son ministère terrestre, a cité lui-même l'Ecriture à de très nombreux reprises, dans sa lutte contre le Tentateur par exemple, avec cette formule : Il est écrit ! - ou quand il parle avec les disciples d'Emmaüs. Puis, il leur ouvre l'esprit pour qu'ils comprennent les Ecritures (Lc 24.27, 44-45).

Dans le Psaume 119, le psalmiste parle bien de l'Ecriture sainte, du texte sacré avec chacun de ses versets : De mes lèvres j'énumère toutes les sentences de ta bouche (v. 13) ; mais c'est à Dieu qu'il s'adresse et qu'il dit : les sentences de ta bouche ! Constamment on observe cela : Heureux ceux qui gardent ses préceptes, qui le cherchent de tout leur cœur (v. 2) ; Je veux garder tes statuts ; ne m'abandonne pas entièrement ! (v. 8). Quand il écrit : Je fais mes délices de tes commandements, je les aime(v. 47), c'est Dieu qu'il aime, en fait. Le verset 102 le montre : Je ne m'écarte pas de tes lois, car c'est toi qui m'enseignes. Le verset 117 aussi : Sois mon appui pour que je sois sauvé, et que je m'occupe sans cesse de tes statuts !

On pourrait le dire ainsi : le croyant ne confond pas Dieu et sa parole écrite ; mais il ne les sépare pas non plus. Les confondre, ce serait s'exposer au perfectionnisme, au légalisme ; les séparer, ce serait ouvrir la porte au relativisme, au mysticisme. Le lien fort entre le Seigneur et sa parole écrite est exprimé par cette parole de Jésus : Celui qui m'aime, c'est celui qui a mes commandements et qui les garde (Jn 14.21)1.

 

3. Parler à Dieu, écouter Dieu

Il y a un lien très important entre parler à Dieu et écouter Dieu. Ces deux types de communication utilisent le même “chemin”, si on peut dire. Quand j'ouvre la bouche avec sincérité – que ce soit pour confesser ma foi ou pour appeler à l'aide – mon cœur s'ouvre et se dispose à écouter ce que Dieu me dit. Une bouche close, c'est un cœur fermé2. Tant que je me suis tu, mes os se consumaient, je gémissais toute la journée. Je t'ai fait connaître mon péché, et tu as effacé la peine de mon péché (Ps 32.3, 5).

Le verset 108 du Psaume 119 le dit : Agrée, ô Eternel, les sentiments que ma bouche exprime, et enseigne-moi tes lois ! Ce verset ne parle pas seulement de sons proférés et d'activité cérébrale ; il parle du cœur, de l'esprit du croyant qui est instruit par l'Esprit de Dieu. Le Psaume 27 témoigne aussi de cela : Mon cœur dit de ta part : Cherchez ma face ! Je cherche ta face, ô Eternel ! (v. 8).

Cela est en lien avec l'expression étonnante : Crier à l'Eternel. Quand un malheureux crie, l'Eternel entend et le sauve de sa détresse (Ps 34.7). On comprend que si le malheureux ne crie pas, la délivrance attendra peut-être. Mais pourquoi donc faut-il que le malheureux crie ? Parce que le fait de 'crier à Dieu' opère un brisement et ouvre un accès jusqu'au cœur de celui ou celle qui crie, et cet accès permet de recevoir le secours. En six versets, le Psaume 13 illustre cela d'une manière remarquable.

Malgré la tonalité résolument positive du Psaume 119, la dimension de la supplication n'est pas absente. Mon âme est attachée à la poussière : rends-moi la vie selon ta parole ! Mon âme pleure de chagrin : relève-moi selon ta parole ! Mes yeux languissent après ta promesse. Je dis : Quand me consoleras-tu ? Je suis à toi : sauve-moi ! (vv. 25, 28, 82, 94). Ce sont là les plaintes de quelqu'un qui connaît le Seigneur et qui l'aime. Simplement, il ne fait pas semblant. Quand il est dérouté, il le dit ; quand il ne comprend pas, il le dit ; quand il n'en peut plus, il le dit.

Ce qui est vrai pour l'appel au secours l'est aussi pour la proclamation de la foi. Je m'écrie : Loué soit l'Eternel, et je suis délivré de mes ennemis ! (Ps 18.4). En un sens, Jésus dit cela aussi : Quiconque me confessera devant les hommes, je le confesserai aussi devant mon Père qui est dans les cieux (Mt 10.32). L'apôtre Paul affirme, lui aussi, ce lien direct entre la bouche et l'expérience du salut : C'est en confessant de la bouche qu'on parvient au salut3 (Ro 10.10). Le Psaume 119 se situe dans ce registre :Je parlerai de tes préceptes devant les rois, je ne rougirai pas. Je fais mes délices de tes commandements, je les aime (v. 46-47). Que mes lèvres publient ta louange ! Car tu m'enseignes tes statuts (v. 171).

Ainsi, la prière s'exprime et écoute (cf. Ps 75.2-4 ; Pr 28.9 ; 1 Jn 5.14-15)4.Les deux !

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Notes :  

1 Dans ce sens, Jean donne trois signes clairs de la nouvelle naissance : croire en Jésus-Christ, aimer les frères et sœurs dans la foi et garder les commandements (1 Jn 3.23-24). Si un des trois manque, il y a un problème...

2C'est peut-être là le problème de beaucoup d'hommes, qui s'expriment moins spontanément que les femmes...

3Le mot salut n'est pas forcément à entendre dans le sens du salut éternel, ici, mais aussi dans le sens du secours reçu.

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4 Voir l'étude suivante sur la nécessité d'accorder nos paroles et notre conduite (Pr 28.5 ; Mt 7.21).

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