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Le blog de Charles Nicolas
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  • Dans une société déchristianisée où les mots perdent leur sens, où l'amour et la vérité s'étiolent, où même les prédicateurs doutent de ce qu'ils doivent annoncer, ce blog propose des textes nourris de réflexion biblique et pastorale.
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30 mars 2022

S'équiper pour servir (2)

 

 

L'EPREUVE, UN TERREAU POUR GRANDIR

2 Thessaloniciens 1.3-10

Paul est fier des chrétiens de Thessalonique et il remercie Dieu pour leurs progrès1. On aimerait qu'on puisse en dire autant de nous, n'est-ce pas ? Et pourquoi pas ?! Nous nous jugeons mal, souvent, étant soit trop complaisants, soit trop sévères... Ou les deux. La plupart d'entre nous sommes en train de grandir, et nous ne nous en rendons pas toujours compte. Ne flattons pas les chrétiens, mais encourageons-les !

1. Il y a un repos réservé, mais pas tout de suite

Paul écrit : Il est de la justice de Dieu de vous donner du repos avec nous (1.7). On aimerait que la phrase s'arrête là, mais Paul précise : lorsque le Seigneur Jésus apparaîtra du ciel avec ses anges(1.7). C'est bientôt, mais ce n'est pas forcément tout de suite. C'est pourquoi Paul associe la foi et l'espérance, sans les confondre.

Souvent, nous imaginons que les afflictions vont diminuer, que le repos va s'installer, peu à peu. Moi-même, je me suis longtemps dit : Au début de la vie chrétienne, c'est dur. Mais avec le temps, cela va s'apaiser. Ce n'est pas certain, frères et sœurs. Certaines choses vont s'apaiser, à cause de la maturité, à cause de la sagesse, c'est vrai. Mais l'opposition face au témoignage de l'Evangile, va-t-elle diminuer ? Rien n'est moins sûr. Certaines épreuves, certains combats peuvent encore survenir qui peuvent être bien rudes, alors même que nos forces (physiques, mais aussi mentales) vont s'amenuiser.

Cependant, nous continuons à grandir. L'être extérieur se détruit, écrit Paul, mais l'être intérieur se renouvelle de jour en jour (2 Co 4.16). Comment est-ce possible ? L'espérance dessine un tableau magnifique, plein de lumière à l'horizon, un tableau sur lequel notre regard peut se fixer, doit se fixer. Il ne suffit pas d'entendre ces choses, il faut les voir, et même les regarder (et même les contempler !) Ceux qui portent leur regard sur ces réalités promises, ceux-là tiendront.

Par le Saint-Esprit, l'espérance nous permet de posséder déjàce qui nous manque encore. Entre l'acharnement et le découragement, l'espérance permet la persévérance. Cette espérance est une ancre de l'âme (Hé 6.19).

On comprend que c'est tout autre chose qu'une morale. C'est plutôt une voie ouverte devant nous (et aussi au dedans de nous). Cette voie porte un nom : c'est le nom de Jésus-Christ !

2. L'épreuve est un terreau

Quand un arbre souffre, généralement sa croissance s'en ressent : au-dessus de 2 000 mètres, la végétation est plus basse. Mais concernant la foi, l'amour et l'espérance, il semble que ce soit le contraire. Paul le dit : Nous sommes fiers de vous à cause de votre persévérance et de votre foi au milieu de toutes les persécutions et les tribulations que vous avez à supporter (1.4). Il ne dit pas : Votre foi et votre amour ont grandi avant les épreuves, ou : malgré les épreuves, ou encore après ; mais il dit :au milieu de toutes les persécutions et des tribulations que vous avez à supporter. Et il parle au présent.

Dans sa première lettre, Paul avait loué les Thessaloniciens pour leur foi, leur amour et leur espérance (1.3). Puis, il les encourage à marcher, à cet égard, de progrès en progrès (4.1, 10). Dans sa deuxième lettre, Paul écrit : Votre foi fait de grands progrès et l'amour de chacun augmente de plus en plus (1.3). C'est donc possible !

Paul ne dit pas que c'est facile. Il dit que c'est une preuve que la foi, l'amour et la persévérance ne sont pas d'origine humaine.

C'est aussi une question de maturité. Je pense au début du Psaume 75 qui exprime la prière mature : - Seigneur, la terre peut trembler avec tous ses habitants, c'est toi qui la maintiens sur ses bases (v. 4). La prière immature dit :- Seigneur, fais que tout aille bien, que la terre ne tremble pas, ni ses habitants !

L'épreuve est un terreau pour grandir. Nous passons beaucoup de temps à demander à Dieu d'éloigner les épreuves. En un sens, c'est normal. Or, c'est au travers des épreuves que nous grandissons. Cela crée un dilemme...

Que devrions-nous préférer ? Où est notre priorité ?

Que dire, pastoralement ?

a. L'Eglise n'est pas un hôpital, ni une ONG humanitaire. Mais les personnes vulnérables, fragilisées, éprouvées (la veuve et l'orphelin, les personnes âgées, malades, seules, démunies), sont l'objet d'une grande attention, on le voit tout au long de l'Ecriture. L'enjeu, c'est la communion, l'unité spirituelle, la maturité de la communauté (Ac 6 ; Ep 4). Paul parle de division parce que certains membres sont négligés (1 Co 12.25). C'est là, je crois, un des engagements principaux des diacres dans l'Eglise : l'assistance destinée au saints (Ro 12.13 ; 2 Co 9.1, 12). Il ne s'agit pas de social.

b. Le Saint-Esprit est appelé consolateur. Toute souffrance est prise en compte, quelle que soit sa nature. Par exemple : si je suis malade, si j'ai un enfant difficile, si je perds un être cher, si je perds mon travail... Ce sont les souffrances de tout le monde, si on peut dire. Dieu ne les regarde pas de haut. Il console. Mais ce n'est pas seulement consoler. Le mot traduit pas consolateur (paraklet) peut aussi se traduire par avocat, défenseur.

Le mot épreuve (peïrasmos) peut aussi se traduire par tentation. Toute épreuve est accompagnée d'une tentation (ou de plusieurs) et toute tentation est une épreuve ! Derrière tout cela, le Tentateur rôde (Ac 20.29), qui guette les plus vulnérables...

c. L'épreuve a sa place dans le parcours du chrétien. Le mot témoin se dit martyrios. Sitôt après la conversion de Paul, Dieu dit : Je lui montrerai ce qu'il doit souffrir pour mon nom (Ac 9.15-16). On n'est pas chrétien pour moins souffrir. On est chrétien pour souffrir pour d'autres raisons (1 Pi 3.17 ; 4.15). Cela devrait être dit assez souvent, y compris aux enfants.

d. J'ai évoqué les souffrances de tout le monde qui touchent aussi les chrétiens. Il y a en plus les souffrances à cause de l'Evangile. Les termes utilisés par Paul dans notre passage (persécutions et tribulations) évoquent plus précisément des souffrances causées par l'opposition de personnes hostiles à la foi. C'est autre chose2. Pierre écrit : Ne soyez pas surpris, comme d'une chose étrange qui vous arrive, de la fournaise qui est au milieu de vous pour vous éprouver. Réjouissez-vous au contraire de la part que vous avez aux souffrance de Christ (1 Pi 4. 12-13)3.

Notre comportement de chrétiens, même si nous ne disons rien, accuse les non-chrétiens dans leur conscience et leur enlève leur tranquillité ; et ils peuvent nous le faire payer. C'est ce qui est arrivé à Jésus. L'apôtre Pierre écrit, dans ce sens : Ayez devant les païens une bonne conduite afin que là même où ils vous calomnient comme si vous étiez des malfaiteurs, ils remarquent vos bonnes actions (1 Pi 2.12. Cf. 2 Tm 2.9).

* Quelques remarques sur le thème de la persécution :

C'est comme le jeûne ou le retour du Seigneur : il n'est pas nécessaire d'en parler tous les jours ! Mais il serait anormal de n'en parler jamais, car la Bible en parle comme d'une réalité inhérente à la marche chrétienne. Si je devais résumer, je dirais : Attention de n'être pas persécutés à cause de vos mauvaises actions (1 Pi 3.17). Mais si vous marchez selon ce qui est juste, vous serez nécessairement persécutés (2 Tm 3.12).

La difficulté, pour ce qui nous concerne, me semble liée au fait que le premier objectif des hommes et des femmes de nos pays est de ne pas souffrir. En un sens, c'est naturel, direz-vous. Mais pas forcément au point que cela devienne la priorité absolue de l'existence. On se dispute dans le couple, on se sépare ; les enfants sont fatigants, on les fait garder. Le rêve d'accéder à une vie sans souffrance nourrit le syndrome de victimisation qui finit par devenir une prison...

Une chrétienne ayant vécu sous le régime communiste en Hongrie dit : A présent, dans une liberté et une prospérité relatives, les rejetons de la dernière génération communiste sont tombés dans une tyrannie plus subtile qui leur martèle que tout ce qu'ils trouvent difficile est une forme d'oppression. Un sondage pour le Wall Street Journal en 2019 révélait que quatre jeunes adultes sur cinq estiment que l'épanouissement personnel est le secret d'une vie réussie. Rod Dreher – auteur du livre : Comment être chrétien dans un monde qui ne l'est plus – commente ce sondage ainsi : Voilà la génération qui se livrera au soft totalitarisme. Les jeunes chrétiens n'ont pas la capacité d'y résister parce qu'on leur a répété que pour réussir sa vie, il fallait vivre sans souffrir. La seule foi qu'ils ont apprise est un christianisme sans larmes4.

Rod Dreher cite le pasteur baptiste Yuri Sipko qui a enduré le totalitarisme soviétique : S'il n'y a pas la volonté de souffrir, et même de mourir pour le Christ, tout n'est qu'hypocrisie, tout n'est que recherche de réconfort. Quand je rencontre des frères dans la foi, en particulier des jeunes, je leur demande de me citer trois valeurs chrétiennes pour lesquelles ils sont prêts à mourir. C'est là que vous pouvez tracer une ligne entre ceux qui sont sérieux au sujet de leur foi et ceux qui ne le sont pas5.

Je cite enfin Alexandre Soljenitsyne : Il y a toujours cette fausse croyance : « Ici, cela n'arrivera pas ; de telles choses sont impossibles chez nous. » Hélas, il n'y a pas un endroit sur terre où les horreurs du XXème siècle soient impossibles6.

e. Si je demeure fidèle dans ces épreuves, elles vont faire grandir en moi la dimension du Royaume de Dieu résumée par ces 3 mots :foi, amour, persévérance. La joie est aussi une dimension du Royaume de Dieu et le Nouveau Testament associe plusieurs fois l'épreuve et la joie (Ac 5.41 ; Jc 1.2-4), sans nier la tristesse (1 Pi 1.6-7). Je pense à ce chrétien âgé, visité peu avant son décès, qui m'a dit, au moment où je partais : Ne priez pas pour que j'aille mieux, priez pour que je sois fidèle. C'est la maturité de la foi.

Dietrich Bonhoeffer a vécu pendant trois ans dans un camp de concentration allemand avant d'être pendu par les nazi. Son ami Payne Best écrit : Bonhoeffer avait toujours craint de ne pas être assez fort pour faire face à une telle épreuve, mais maintenant il savait qu'il n'y avait rien dans la vie dont on ne devait avoir peur, rien.(Lettre de Payne BEST à la sœur de Dietrich, Sabine).

3. Dieu s'occupera lui-même des méchant 

Je lis dans notre passage : Il est de la justice de Dieu de rendre l'affliction à ceux qui vous affligent (2 Th 1.6). La vie chrétienne est indissociable d'une forme d'affliction. On ne le dit pas souvent, et cela peut constituer une difficulté pour certains.

Je vois plusieurs implications à cela :

a. Nous ne devrions jamais annoncer l'Evangile en disant : Si tu crois en Jésus-Christ, tu seras tous les jours heureux. On ne présente pas l'Evangile comme des vendeurs ! Nous devrions dire : Si tu deviens chrétien, tu auras des difficultés que tu n'avais pas auparavant ! En précisant, bien sûr : Tu auras aussi une joie que tu n'avais pas auparavant !

b. Toute opposition que nous rencontrons peut provoquer en nous de mauvais sentiments comme du trouble, du découragement, ou encore de la colère et un désir de vengeance. C'est-à-dire que, au mal que nous subissons nous pouvons ajouter le mal que nous commettons, qui est pire ! La Parole de Dieu nous délivre de cette tentation en nous assurant que justice sera faite un jour, mais que cela appartient à Dieu7. Il est de la justice de Dieu de rendre l'affliction à ceux qui vous affligent (2 Th 1.6)8.

c. Quand sera-ce ? Un jour, cela est certain. Je lis : Dieu a fixé un jour où il jugera le monde selon la justice, par l'homme qu'il a désigné, ce dont il a donné à tous une preuve certaine en le ressuscitant des morts (Ac 17.31). Dans notre passage, je lis : … de vous donner, à vous qui souffrez, du repos avec nous lorsque le Seigneur Jésus apparaîtra du ciel avec les anges de sa puissance, au milieu d'une flamme de feu, pour punir ceux qui ne connaissent pas Dieu et ceux qui n'obéissent pas à l'Evangile de notre Seigneur Jésus-Christ. Ils auront pour châtiment une ruine éternelle, loin de la face du Seigneur (2 Th 1.8-9). Cela fait partie de notre espérance. Qu'allons-nous ajouter à cela ? Il ne nous appartient pas du tout de savoir quand, ni de quelle manière.

Nous allégerons considérablement notre peine si nous acceptons cela9.

______________

 Notes :

1Notons qu'il rend grâce également pour l'église de Corinthe !

2L'expression 'porter sa croix', d'ailleurs, ne correspond qu'à ces souffrances-là.

3Noter que le mot épreuve a le sens de test. Ce n'est pas gratuit, c'est pour quelque chose.

4Rod Dreher, Résister au mensonge. Ed. Artège, 2021, p. 193-94.

5Résister au mensonge, p. 195.

6Citation tirée de l'introduction à l'édition américaine de L'Archipel du Goulag (1983).

7 Nous connaissons ces paroles : A moi la vengeance, à moi la rétribution, dit le Seigneur (Ro 12.19).

8 On se souvient que ce que l'on fait à un chrétien, en bien ou en mal, c'est à Christ qu'on le fait (Ac 9.5).

9Nous réjouissons-nous de la rétribution des méchants ? Oui et non. Oui, car il est juste que justice soit faite, et ce sera le cas. Non, car de nature nous ne sommes pas meilleurs que ceux qui seront châtiés. Nous ne devons notre salut qu'à la grâce souveraine de Dieu. Remarquons que ce passage interdit de croire que tous les hommes seront sauvés.

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Commentaires
D
Merci beaucoup pour ce message.<br /> <br /> C'est tellement juste! Je me demande si les chrétiens aujourd'hui ne sont pas plus portés à une recherche de bien-être qu'à la recherche de leur sanctification.<br /> <br /> Ceci dit, je suis la première concernée: cela fait 71 ans que je vis dans le confort, que j'ai tout ce dont j'ai besoin et même plus et il m'arrive souvent de me demander si je serai capable de supporter les privations dont nous sommes aujourd'hui menacés.<br /> <br /> Que le Seigneur nous aide à nous préparer, à nous fortifier pour ces temps.<br /> <br /> Soyez béni<br /> <br /> Daniele
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