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Le blog de Charles Nicolas
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  • Dans une société déchristianisée où les mots perdent leur sens, où l'amour et la vérité s'étiolent, où même les prédicateurs doutent de ce qu'ils doivent annoncer, ce blog propose des textes nourris de réflexion biblique et pastorale.
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8 octobre 2021

Vaccin obligatoire ? (2)

 

6. La fin et les moyens

Dans son livre L'Insoutenable Légèreté de l'être (1982), l'écrivain tchèqueMilan KUNDERA affirme que “ce qui fait un homme de gauche, c'est la croyance que l'humanité est lancée dans ce qu'on appelle 'la Grande Marche' vers le progrès”. Rod DREHER (Résister au mensonge1) écrit : “Si le progrès est inévitable et que le parti communiste est le chef de file de la Grande Marche de la société vers l'avenir, alors, résister au parti c'est se dresser contre l'avenir – et même carrément contre la réalité. Ceux qui s'opposent au parti s'opposent au progrès et à la liberté et se rangent dans le camp de l'avidité, de l'arriération, du sectarisme et de l'injustice dans toutes ses formes... Ainsi, le mythe du progrès devient-il une justification pour exercer un pouvoir dictatorial et éliminer toute opposition”.

Ce qui s'applique ici au parti communiste peut bien s'appliquer à d'autres, avec en toile de fond d'excellentes raisons généreuses qu'il ne convient pas de contester. Il existe mille moyens de convaincre, sinon d'intimider, sinon de contraindre. Ceux qui résistent sont soit mal informés, soit fous, soit méchants. On a déjà vu cela.

Je me permets de suggérer, sans être un spécialiste de la question, que la démocratie est peut-être un bon système de gouvernement2 tant qu'elle se développe dans un contexte chrétien, c'est-à-dire avec une référence qui se situe en dehors (et au-dessus) d'elle-même. Quand ce n'est plus le cas, elle perd ses limites et devient idolâtre et potentiellement dangereuse3.

Les arguments généralement entendus pour justifier la nécessité d'un pass sanitaire peuvent être entendus mais ne sont pas tous convaincants, loin de là. Le retour à la vie comme avant (notamment les cafés et les cinémas), la simplicité (comme cela tu seras tranquille), le grand nombre (tant de millions de personnes l'ont déjà), les restrictions de liberté (tu ne pourras plus rien faire), le principe d'autorité (c'est la loi), les statistiques (on leur fait dire ce qu'on veut), la protection des plus fragiles (et même l'amour du prochain !)... Oui, tout cela compte, mais quel poids dans la balance ? C'est la question.

 

7. Le principe de précaution

Le confinement des personnes âgées dans les EHPAD a bien mis en évidence les limites du principe de précaution. On peut mourir de tout, mais pas du Covid. Là aussi, l'échelle des valeurs est questionnée : où sont les priorités ? Quelles sont les motivations ? Où se trouve l'équilibre entre le respect des personnes et les contraintes collectives ?

La même question se pose à mon esprit quand on sédate (assez promptement) les personnes en fin de vie, actuellement. Est-ce la paix de la personne qui est en jeu ou celle des familles et des services de soin ? On pourrait en parler longuement.

La lutte contre le communautarisme relève aussi du principe de précaution. Elle révèle surtout une grande fragilité et une crise de l'autorité. Un Etat fort et sain n'a rien à craindre des communautés, dès lors que chacune respecte le code commun de la vie en collectivité. Mais quand cette conviction commune s'étiole, chaque particularité devient menaçante. Au XVIIème siècle, les Protestants n'entendaient pas du tout mettre en cause le roi. Mais ils lisaient la Bible et étaient en relation avec des Protestants d'autres pays. Alors on a fait l'impossible pour les exterminer. Le même phénomène s'est reproduit à la Révolution française. Dans tous ces cas, il y a un franchissement des limites par un pouvoir humain, une forme d'absolu qui, normalement, revient à Dieu seul (pas même à l'Eglise !).

Dans un tel contexte, Martin Luther et Dietrich Bonhoeffer seraient d'emblée taxés d'extrémistes ou de complotistes. Jésus aussi, d'ailleurs.

 

8. La démarche éthique

La démarche éthique est normalement rigoureuse et modeste ; le contraire de ce que l'on observe presque partout. Elle ne décrète pas, elle cherche son chemin, son sentier devrait-on dire, entre des maux et des écueils, en tentant de discerner ce qui est le plus juste, ou le moins injuste. La démarche éthique donne la parole à tous, sans ostracisme, et invite chacun à entrer dans une 'élaboration' personnelle et, si possible, consensuelle. En tout cas, c'est ainsi que les choses devraient se passer. Aujour'd'hui cependant, même dans les groupes de réflexion éthique, il y a des choses que l'on ne peut plus dire.

Bien sûr, il y a des situations qui exigent des décisions. Mais ces décisions ne s'imposent pas. Elles sont éclairées le mieux possible par des avis et se prennent “en conscience”. Il est vrai que tout cela s'inscrit dans un cadre légal, celui de la loi qui balise le chemin. Mais la démarche éthique prend en compte la complexité des situations et la diversité des attendus.

La question de l'interruption de grossesse, par exemple, pose la question de la liberté de la femme mais aussi celle de la vie de l'enfant à naître. On voit ce qui se passe quand on ne retient que l'une des deux. Qui a raison ? Pourquoi l'une vaudrait-elle plus que l'autre ? Qui est le plus fragile dans cette situation ? Quels sont les principes généraux qui devraient s'imposer à tous ? Comment les appliquer de manière juste, équitable ?

La modestie qui devrait prévaloir n'est pas toujours présente. Quand je vois des personnes trop sûres s'appuyer sur des arguments qui ne me convainquent pas, je suis enclin à freiner. Et dans le doute, je préfère m'abstenir. Ces éléments de réflexion impliquent-ils qu'on doive refuser de se faire vacciner ? Je ne le crois pas. Mais ils peuvent expliquer qu'on ne s'y précipite pas.

Le XXème siècle nous a rappelé que le pire n'est jamais sûr ; mais qu'il n'est pas exclu non plus. Et la réalité des drames a d'assez loin dépassé les prévisions les plus pessimistes. On retrouve cela dans les prophéties bibliques. Réalisme de la Bible !

Et la loi ? Le Protestant (le chrétien) n'est pas un révolutionnaire ; il est éventuellement un résistant, quand sa conscience le demande, quel que soit le prix à payer.

Charles NICOLAS

____________________

 

1Rod DREHER, Résister au mensonge, Vivre en chrétiens dissidents, Editions Artège, 2021. L'auteur est de confession orthodoxe.

2 “La démocratie est le pire des systèmes, à l'exclusion de tous les autres” (W. Churchill). Sur ce thème, on peut écouter l'émission Répliques du 4 septembre 2021 sur France-culture, avec A. Finkielkraut : Toqueville éducateur.

3Je me souviens d'un slogan peint au bord de la route pendant la période des Gilets jaunes : Le peuple a élu un dictateur !

 

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Commentaires
P
En d'autres termes vous posez la question de savoir qu'est-ce qu'est le bien et le mal? Pour connaitre la réponse il faut manger le fruit défendu de jardin d'Eden, celui qui a un bel aspect, et qui promet d'ouvrir notre intelligence à tel point que nous serions comme des dieux. En temps que chrétien on devrait accepter de ne pas chercher cette réponse je crois, même si notre intelligence nous séduisant nous y pousse fortement. Si on le fait en effet on deviendra sourd comme Caïn, n'entendant plus le sang de l'innocent qui crie de la terre vers Dieu, celui de son frère innocent dont il a versé le sang. Lui dont les parents connaissent le bien du mal, n'ayant plus de questionnement mais des réponses.<br /> <br /> <br /> <br /> Dietrich Bonhoeffer répond à la question éthique de la façon suivante il me semble, disant qu'à la fin des temps on sera jugé d'une façon déroutante à nos sens par celui qui connait la réponse. Celui-ci nous disant "J'étais nu, et vous m'avez vêtu; j'étais malade, et vous m'avez visité; j'étais en prison, et vous êtes venus vers moi." alors même que nous lui demanderons avec étonnement quand est-ce que nous l'avons fait? Restant donc encire sur un questionnement
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