L'Eglise sceptique (Un peu de sel, s'il vous plaît, n° 13)
L'Eglise sceptique
Le pasteur André Trocmé, celui qui organisa l'accueil des enfants juifs au Chambon-sur-Lignon pendant la dernière guerre mondiale, a écrit : Pourquoi faut-il que l'Eglise devienne sceptique au moment où le monde a soif d'absolu ?
Ma première pensée a été : Ce n'est pas seulement aujourd'hui que l'Eglise est tentée par le scepticisme. Ce constat est à la fois rassurant et inquiétant. Rassurant parce que l'Eglise a survécu à son propre scepticisme, grâce à Dieu. Inquiétant car en cette matière, la notion de progrés est décidemment très relative.
Ma seconde pensée a été : La soif d'absolu du monde existe bel et bien, mais elle demeure trés relative, toutefois. Par ailleurs, la soif d'absolu peut conduire à des drames autant qu'à des prouesses. En d'autres termes, ce n'est pas essentiellement parce que le monde aurait soif d'absolu que l'Eglise devrait avoir un message fort ; c'est plutôt par fidélité à Dieu et à sa Parole. Qu'ils t'écoutent ou qu'ils ne t'écoutent pas, tu leur diras mes paroles (Ez 2.7).
Ma troisième pensée a été : Où sont les prophètes fidèles, aujourd'hui ? Bien-sûr, ce n'est pas seulement une question de volonté humaine. Bien-sûr, c'est Dieu qui les appelle et les envoie. Mais s'il en manque, va-t-on dire que c'est la faute de Dieu ?
Voilà ma dernière pensée : Les prophètes sont en même temps attendus et craints. Crains, surtout.
Ch. N.
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