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Le blog de Charles Nicolas
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  • Dans une société déchristianisée où les mots perdent leur sens, où l'amour et la vérité s'étiolent, où même les prédicateurs doutent de ce qu'ils doivent annoncer, ce blog propose des textes nourris de réflexion biblique et pastorale.
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4 septembre 2020

Le mal commis et le mal subi

 

Quand Jésus nous enseigne à dire, dans notre prière : Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés, il nous rappelle qu'il existe deux sorte de maux : le mal commis et le mal subi. Le premier peut être appelé mal principal, le second mal secondaire. Bien que souvent mêlés l'un à l'autre, il est utile de les distinguer.

 

1. Pourquoi 'mal principal' ?

Il est presque inévitable d'évoquer le personnage de Job quand on parle du mal. Job était un homme intègre et droit : il craignait Dieu et se détournait du mal (Jb 1.1). Cependant, en une seule journée, Job perdit ses fils, ses filles, ses serviteurs et ses troupeaux. Nous lisons qu'en tout cela, Job ne pécha pas et n'attribua rien d'injuste à Dieu (1.22). Peu après, Job fut frappé d'un ulcère malin, depuis la plante du pied jusqu'au sommet de la tête (2.7-8). Ce qui touche la vie de Job et de son épouse dépasse l'entendement. Non seulement tout ce qui faisait leur joie leur est ôté brutalement, mais cela arrive sans raison apparente. Le mal subi peut être considérable, parfois.

Un des points qui émerge de ce passage, cependant, c'est le mal dont la femme de Job se rend coupable, dans ce contexte. Sa femme lui dit : Tu demeures ferme dans ton intégrité ! Maudis Dieu et meurs ! Mais Job lui répondis : Tu parles comme une femme insensée. En tout cela, Job ne pécha pas par ses lèvres (2.9-10). En un sens, le pire de ce qui arrive, c'est la parole de sa femme. C'est un mal commis.

Bien que Job soit demeuré intègre dans ces circonstances dramatiques, la fin du récit ne fait pas de lui principalement une victime de ces événements. Après que Dieu se soit adressé à lui, Job s'humilie profondément : Je me condamne et je me repens sur la poussière et sur la cendre, dit-il(42.6). On ne peut résumer en deux phrases les leçons du livre de Job, mais il est possible d'affirmer ceci : le mal subi peut être très grand, mais le plus grave, c'est le mal commis.

 

2. Offenser Dieu

Peu après la naissance de Jésus, le roi Hérode ordonna qu'on massacra tous les enfants de moins de trois ans. "Alors s'accomplit ce qui avait été annoncé par Jérémie le prophète : On a entendu des cris à Rama, des pleurs et de grandes lamentations. Rachel pleure ses enfants et n'a pas voulu être consolée parce qu'ils ne sont plus" (Mt 2.16-18). Qu'est-ce qui est mal dans ce récit ? Que des enfants aient été tués, évidemment. Que des mères aient été privées de leur(s) enfant(s), bien sûr. Les pères aussi, d'ailleurs, même si leurs pleurs se sont moins entendus. Le texte n'occulte pas ce mal subi ; il l'évoque même avec des mots très forts.

On peut aussi penser qu'il était mal que Rachel « refusa d'être consolée ». C'était un choix. C'était un autre mal, d'une autre nature, ajouté au premier. Au mal que Rachel a subi s'est ajouté le mal qu'elle a commis. En un sens, ce fut là le pire.

Le mal commis fut également celui qui, dans le cœur du roi Hérode, l'a poussé à donner cet ordre inique : l'orgueil, le désir de puissance, la cruauté. Et par dessus tout, l'opposition à Dieu, car ce roi qui vient de naître et qu'il veut faire disparaître, c'est le Messie annoncé, il le sait (Mt 2.3-4).

Il y a donc, là aussi, du mal subi et du mal commis. La Bible décrit l'un et l'autre. Curieusement, elle indique que ce massacre était annoncé par les prophètes. C'était donc quelque chose d'anormal mais qui n'échappait pas au regard et même à la souveraineté de Dieu – c'est là un point difficile à comprendre, mais qu'on ne doit pas occulter.

La pointe du récit, me semble-t-il, c'est la méchanceté d'Hérode, c'est sa volonté de résister à Dieu, de s'opposer à son plan. La pointe, ce n'est pas le mal subi (même si ce mal-là fut considérable), c'est le mal commis : par Hérode, par les soldats ; et peut-être même par Rachel dont le cœur s'est fermé à la grâce.

 

3. Les conséquences ne seront pas les mêmes

Le regard de Dieu n'ignore pas la mort des enfants, ni les larmes des mamans. On peut aussi s'interroger en disant : Et ces enfants, qu'ont-ils fait pour mourir ainsi ?

On a posé une question semblable à Jésus. Je lis : Quelques personnes qui se trouvaient là racontaient à Jésus ce qui était arrivé à des Galiléens dont Pilate avait mêlé le sang à celui de leurs sacrifices. Il leur répondit : Croyez-vous que ces Galiléens fussent de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens pour avoir souffert de la sorte ? Non, je vous le dis. Mais si vous ne vous repentez, vous périrez tous également. Ou bien, ces dix-huit personnes sur qui est tombée la tour de Siloé et qu'elle a tuées, croyez-vous qu'elles fussent plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem ? Non, je vous le dis. Mais si vous ne vous repentez, vous périrez tous également (Lc 13.1-5).

Comme souvent, la réponse de Jésus est surprenante. Là où ses interlocuteurs s'émeuvent du mal subi par ces Galiléens ou par ces hommes tués par une tour, lui s'émeut du mal commis par ceux qui sont là, devant lui. Cette attitude de Jésus apparaît déjà quand il dit au paralytique qu'on lui amène : Tes péchés te sont pardonnés (Mt 9.2), comme si le principal était là. Cette attitude de Jésus permet d'appeler mal secondaire le mal subi, même s'il est très grand ; et d'appeler mal principal le mal que nous commettons, quel qu'il soit.

Souvenons-nous : chronologiquement, le premier mal survenu sur la terre n'est pas une blessure, c'est une transgression1. Le mal que nous subissons suscite la compassion de Dieu ; le mal que nous pratiquons suscite sa colère. A cette aune, manquer du nécessaire est un mal sérieux ; cependant c'est un mal secondaire. Mais ne pas dire merci pour ce que nous avons et recevons chaque jour est un mal principal. Ce sont deux injustices : une est vécue devant Dieu, l'autre est vécue contre Dieu. La seconde est pire.

 

4. Principalement une victime ?

Dieu est-il insensible ? Loin de là. Il est compatissant. Tant de paroles bibliques prennent en considération la souffrance subie : celle des veuves et des orphelins, celle de personnes fatiguées et chargées. Toutes les souffrances. Le Saint-Esprit n'est-il pas appelé le Consolateur, par Jésus. Le Consolateur !

En parlant de « mal principal », nous ne nions donc pas le mal subi par les hommes, tous les hommes (mais aussi par les animaux et par la création tout entière – Ro 8.20-22). Ce mal-là est immense. Dieu le voit, Dieu l'entend, d'une manière toute particulière, il est vrai, quand il s'agit des son peuple (Ex 3.7), de ses enfants, de ceux qui le craignent (Ps 103.13).

Cependant, le message biblique ne fait pas de l'homme principalement une victime. Aucun mal subi – aussi profond soit-il – ne règle la question du mal commis, du péché qui est dans le cœur des hommes, qui offense Dieu, qui nous cache sa face et l'empêchent de nous écouter (Es 59.2). Je suis un homme pécheur ! s'écrie Pierre quand il découvre la puissance de Jésus (Lc 5.8). Faire croire à un homme, à une femme, qu'il ou elle est essentiellement une victime, c'est lui mentir. Dès lors, est-ce l'aimer ? Celui qui souffre doit-il, lui aussi, demander et recevoir le pardon ? La réponse est oui. Et avec le pardon, le repos.

Charles NICOLAS, Juin 2020

 

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1 Genèse 3.1-8 ; 1 Timothée 2.14 ; 1 Jean 3.4

 

 

 

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