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Le blog de Charles Nicolas
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  • Dans une société déchristianisée où les mots perdent leur sens, où l'amour et la vérité s'étiolent, où même les prédicateurs doutent de ce qu'ils doivent annoncer, ce blog propose des textes nourris de réflexion biblique et pastorale.
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5 juin 2020

Se préparer pour prêcher (3)

 

Annexes du 1er cours

 

1. Les besoins de la communauté

Le prédicateur est inévitablement tenté de choisir des textes en rapport avec ses centres d’intérêt personnels. Dans tous les cas, il doit :

- Veiller à ne pas imposer ses propres préoccupations au texte

- Avoir conscience que ses propres préoccupations ne correspondent pas forcément aux

besoins de la communauté.

Le prédicateur ne peut pas nier son propre vécu. Qu'est-ce qu'il est lui-même en train d'apprendre de Dieu, en ce moment ? Il est probable qu'il doive apporter (témoigner de) quelque chose qu'il a lui-même reçu pour lui, peut-être récemment. En un sens, il est le premier destinataire du message.

Mais il est évident que le prédicateur doit avant tout tenir compte des besoins de la communauté1. Cette aptitude à cerner les besoins "fait" le prédicateur. Les besoins de la communauténe sont accessibles au prédicateur que s’il est proche des membres. Est-il à l'écoute de ce qu'ils ont à dire ? Les rencontre-t-il sur leurs lieux de vie ? Jésus a vécu avec les personnes à qui il s'adressait. Il ne s'est isolé que pour mieux revenir au contact, ensuite.

Les besoins de la communauté seront aussi révélés au prédicateur qui se tient proche de Dieu : où en est cette communauté dans sa marche, où sont les lacunes, où sont les obstacles, où sont les véritables besoins que la plupart ignorent peut-être.

Un pasteur fut témoin d'un réveil suscité un jour par la prédication de Charles Finney. Finney avait prêché sur la loi de Dieu. Ce pasteur revînt chez lui et prêcha sur la loi de Dieu. Comme aucun réveil ne s'ensuivit, il interrogea Finney qui lui répondit : "Là, c'est la grâce qu'il fallait prêcher".

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2. Quel texte choisir ?

Plusieurs pasteurs pourraient confier que le choix du texte biblique pour la prédication est un des exercices les plus difficiles qui soit. Il n'est pas évident que le premier texte qui vient à notre esprit soit le texte qui convient. Comment savoir ?

a. Les Églises anciennes utilisent souvent un lectionnaire lié à un calendrier liturgique. Cette discipline a plusieurs avantages.

b. La prédication thématique peut être pratiquée de temps en temps. Le prédicateur choisit un thème, élabore un plan et étaye les points de son message par différents versets.

c. Certaines églises recommandent la prédication séquentielle ou prédication-exposition qui consiste à prêcher le texte biblique de manière suivie, séquence après séquence. Jean Calvin pratiquait la prédication séquentielle, et de nombreux pasteurs presbytériens considèrent que c'est la seule manière d'annoncer "tout le conseil de Dieu" de manière conséquente (Ac 20.27).

La prédication séquentielle doit demeurer une prédication et pas une étude biblique en s'adressant directement à ses auditeurs de manière aussi pratique que possible.

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3. L'exemple de Jésus

a. Jésus s'assimile aux pécheurs (Mc 1.9-11). Jésus le fils de Dieu a été baptisé du baptême de repentance destiné aux pécheurs. Jésus est entré dans son ministère en se rendant semblable aux pécheurs pour sauver des pécheurs. Le prédicateur, qui va prêcher à des membres de l'église, se considère-t-il aussi comme un membre de l'église ? Ou donne-t-il l'impression d'être d'une espèce différente ? Ainsi, le prédicateur peut dire 'vous', mais souvent il devrait dire 'nous'. Moi qui demande aux autres de confesser leurs péchés, serais-je capable de le faire ? Et si je devais le faire, la liste serait-elle moins longue que celle des autres ?

b. Jésus se soumet à la tentation (Mc 1.12-13). Jésus a été tenté comme les autres, en toutes choses (Hé 4.15). Jésus a connu non seulement notre état, mais aussi nos combats. C'est le Saint-Esprit qui l'a conduit sur ce chemin de la tentation, de la confrontation avec le mal, avec le Malin. Les gens voient le prédicateur le dimanche, bien habillé et souriant. Ils peuvent avoir l'impression qu'il n'est pas tenté comme le reste des hommes, que sa vie est presque idyllique. Si un homme ou une femme en lutte se disent que le prédicateur ne peut pas comprendre ce qu'ils vivent, quelque chose manque dans son ministère.

c. Jésus fait des disciples un à un (Mc 1.16-20). Jésus n'a pas parlé qu'aux foules. Ce passage nous montre l'importance des entretiens personnels. Pour faire des disciples, il faut aussi des groupes plus petits, des contacts un à un. En d'autres termes, le prédicateur ne peut pas n'être qu'un prédicateur. Le soucis de communiquer habite le prédicateur en tous temps. Tout ne se passe pas à la synagogue ou au temple. Tout chrétien est sensé être prêt à parler de Jésus seul à seul, à tout moment. Le prédicateur aussi ! Jésus l'a fait.

d. Jésus confronte personnellement le mal (Mc 1.21-28). Le mal n'est pas une réalité abstraite. Jésus a vécu ce contact personnellement avec des personnes assujetties aux puissances du mal. C'est aussi pour cela qu'il enseignait avec autorité. Ce jour-là, une personnalité démoniaque a pris possession d'une personne, et cela dans une assemblée du peuple de Dieu. Un ennemi est présent dans le camp. Interrompu, Jésus ne poursuit pas sa prédication. C'est le moment d'une confrontation. La prédication ne nous dispense pas de cela. Confrontons-nous personnellement au mal avec les armes de Dieu. Jésus l'a fait.

e. Jésus prend soin des malades (Mc 1.29-34). Les disciples ont eu la liberté d'appeler Jésus auprès d'une femme malade. La compassion et l'autorité de son enseignement devaient se démontrer maintenant dans une maison. Avoir autorité ne dispense jamais de prendre soin (Cf. le centenier de Luc 7). Suis-je abordable comme l'était Jésus ? Ceux qui me voient sont-ils persuadés que je suis une personne compatissante, secourable ? La foule, la notoriété n'ont pas empêché Jésus d'être accessible pour une personne qui se trouve dans sa maison. Jésus ne s'intéresse pas qu'aux foules. Soyons des prédicateurs, mais ne soyons pas que des prédicateurs. Jésus ne l'a pas été.

f. Jésus entretient une vie de prière dans le secret (Mc 1.35-39). Jésus a été proche des hommes et des femmes de son peuple. Mais parmi ses priorités, il y a une proximité qui l'emporte sur toutes les autres : sa proximité avec son Père. La prière vient avant tout le reste. Avant d'instruire, de consoler, d'exhorter les autres, je dois moi-même prendre la place de celui qui reçoit le pardon, la consolation, l'instruction, l'exhortation. Avant d'inviter les autres à adorer Dieu, je dois l'adorer moi-même. Avant d'aimer mes frères, je dois aimer Dieu. Avant d'être un homme qui parle, le prédicateur est un homme qui écoute.

g. Jésus touche les intouchables (Mc 1.40-45). Jésus touche un lépreux que personne ne pouvait toucher. Essayons de dresser une liste de catégories de personnes que nous aimerions ne pas rencontrer, qui nous mettent mal à l'aise, que nous considérons comme dangereuses. Comment réagirais-je si une de ces personnes manifestait quelque intérêt envers le Seigneur Jésus-Christ, sans pour autant déclarer clairement vouloir changer de comportement ? Y a-t-il des catégories de personnes que je préfèrerais ne pas voir dans mon église ? Suis-je prêt à n'écarter aucune catégorie de personnes parmi ceux et celles que Dieu veut toucher ? Jésus l'a fait.

Cette annexe est inspirée du livre de Stuart Olyott : Prêcher comme Jésus (Europresse, 2003).

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4. Caractères et qualités d'un bon prédicateur

selon Martin Luther

"Voici les qualités et caractères que doit avoir un bon prédicateur. Premièrement, être capable d'enseigner les gens avec une belle rigueur et une belle méthode. Deuxièmement, avoir la tête bien faite. Troisièmement, être éloquent. Quatrièmement, avoir une bonne voix. Cinquièmement, une bonne mémoire. Sixièmement, savoir s'arrêter. Septièmement, être sûr de son fait et y mettre tout son zèle. Huitièmement, risquer sa santé et sa vie, son bien et son honneur. Neuvièmement, se laisser tourmenter et tourner en ridicule par n'importe qui" (Propos de table, chapitre 18).

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5. La prière dans la vie du prédicateur

Voici comme Charles SPURGEON s'adressait à ses étudiants :

"Le pasteur prie comme le chrétien ordinaire, au risque de ne pas en être un, et davantage s'il ne veut pas se voir disqualifié pour le ministère. Le pasteur fidèle apporte à son maître toutes ses responsabilités sans exception dans la prière". "Dès qu'il pense à son travail, qu'il y soit engagé ou non sur le moment, il fait monter les flèches de ses saints désirs vers le ciel"

"Les bienfaits d'une formation théologique n'égalent pas la préparation d'une communion régulière avec Dieu. Tout en formant son serviteur sur le tour, le grand Potier le façonne par la prière. Toutes les bibliothèques et toutes les études ne se comparent pas à cette vie personnelle de prière d'où viennent la croissance et la puissance spirituelles"2.

Prier "quand le message est encore sur l'enclume". Dans la prière, la vérité se fait dans le coeur du prédicateur et sur les besoins du peuple de Dieu. Beaucoup de passages bibliques refusent leurs trésors à qui n'utilise pas la clé de la prière.

Prier pendant la prédication. En un sens, si le coeur est prêt, le message le sera aussi. Prier aussi après la prédication, pour éviter la satisfaction facile ou le découragement.

Nous devons réfléchir et faire preuve d'intelligence, mais celui qui attendrit son coeur augmente son intelligence. Les connaissances psychologiques ont leur place, mais celui qui a sondé les profondeurs et les méandres de son propre coeur connaît la nature humaine mieux que personne.

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6. Divers types de prédications

La prédication peut revêtir plusieurs aspects qui ne seront pas tous présents au même moment :

  • elle est une proclamation (kêrygma) : "Il se mit à publier dans toute la Décapole..." (Mc 5.20). "Jésus parcourait la Galilée, enseignant dans les synagogues, prêchant la Bonne nouvelle du Royaume" (Mt 4.23). L'attention est fixée sur le coeur du message.

  • elle est une exhortation (paraklêsis) : "Que celui qui exhorte s'attache à l'exhortation" (Ro 12.8). "Applique-toi à la lecture, à l'exhortation, à l'enseignement" (1 Tm 4.13). L'attention est fixée sur le vécu des auditeurs.

  • elle est un enseignement (didaskalia) : "Ils persévéraient dans l'enseignement des apôtres" (Ac 2.42 ; 1 Tm 4.3). L'attention est fixée sur le fondement et l'équilibre3.

  • elle peut prendre la forme d'un entretien (homilia) dont l'objet est le texte biblique et son implication dans la vie chrétienne. "Paul parla longtemps encore, jusqu'au jour" (Ac 20.11. Cf. 20.20). On voit cette forme prendre place notamment dans de petits groupes, dans les maisons. L'attention est fixée sur le contact, la compréhension personnelle.

Ces quatre dimensions sont importantes et légitimes et ne devraient pas être oubliées. Le prédicateur, le texte, le lieu, les circonstances permettront d'accentuer telle ou telle d'entre elles.

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Notes.

1Voir l'annexe 2 : Quel texte choisir ?

2Charles Spurgeon, Je vous ferai pêcheurs d'hommes. Une sélection des "Causeries à mes étudiants". Europresse, 2002.

 

3Cette dimension là de la prédication implique l'autorité dont Paul parle en 1 Tm 2.12ss.

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Commentaires
J
Merci pour cette belle synthèse qui souligne bien les enjeux de la prédication.
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