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Le blog de Charles Nicolas
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  • Dans une société déchristianisée où les mots perdent leur sens, où l'amour et la vérité s'étiolent, où même les prédicateurs doutent de ce qu'ils doivent annoncer, ce blog propose des textes nourris de réflexion biblique et pastorale.
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15 octobre 2014

La Bible est-elle fiable ?

 

La Bible est-elle fiable ?

Simples notes

Ch. Nicolas, oct.14



Je dirais d'abord que la question posée est légitime. La crédulité (croire n'importe quoi) n'est pas la bonne réponse à l'incrédulité. Je remarque avec étonnement que les mêmes personnes peuvent passer assez rapidement de l'une à l'autre... Je note aussi que l'Islam justifie l'autorité du Coran en arguant de la falsification des écrits juifs et chrétiens...

Certains ont remarqué que Jésus lui-même n'a rien écrit (si ce n'est, un jour, sur la poussière du sol !). Mais Moïse nous rapporte que Dieu a écrit, de son doigt, sur des tables de pierre, les 10 paroles qui devaient servir de loi fondamentale au peuple d'Israël (Ex 31.18). Ailleurs, Dieu lui-même demande à ses prophètes d'écrire ce qu'ils ont entendu (Ex 34.27 ; Jér 30.2 ; 36.2).

Cela n'est pas anodin, car le cadre que Dieu donne à sa relation avec son peuple est celui d'une alliance, avec des engagements solennels, des serments dans lesquels "il est impossible que Dieu mente" dit la lettre aux Hébreux (6.18). L'écrit, dans ce contexte, a valeur de testament et lie ceux qui s'y réfèrent. Dans la perspective biblique, Dieu est lié par sa parole ! Sans cela, il n'y a pas de foi possible.

L'écrit a donc une valeur juridique, en quelque sorte. Cela apparaît nettement à plusieurs reprises, par exemple dans la parabole du mauvais riche et du pauvre Lazare où le texte de l'Ancien Testament apparaît comme ayant plus d'autorité que si un mort se relevait pour venir témoigner à ses proches. (Luc 16.31. Voir aussi les chrétiens de Bérée en Actes 17.11 ; Paul en Actes 24.14 ; 26.21-23. Cf. Mt 24.35 ; 2 Pi 3.7).



L'écrit inspiré a aussi la valeur d'une nourriture pour la foi, cela est dit à plusieurs reprises (Mt 4.4 ; Ro 10.17 ; 15.4), et le Psaume 119 en témoigne avec une force peu commune. Pourquoi ? C'est parce que l'Esprit qui a inspiré ces écrits (2 Pi 1.20-21) confirme lui-même ce témoignage dans le coeur de celui qui le lit (ou l'écoute), dès lors que celui-ci y a été rendu sensible. Ce n'est évidemment pas là une preuve pour celui qui ne croit pas, mais c'est une expérience vécue par tous les chrétiens !

Dans le même sens, les prophètes ont annoncé que la loi de Dieu (sa volonté sainte), d'abord écrite sur des tables de pierre, serait ensuite écrite dans les coeurs (Jér 31.33), le coeur de ceux qui auront accepté l'humiliation et la grâce que proclame l'Evangile.

Ainsi, la vie chrétienne n'est pas qu'une expérience (une expérience seule n'est pas probante), mais elle est une expérience conforme à un écrit. Les apôtres eux-mêmes démontrent que Jésus est le Christ en mentionnant sa résurrrection, mais aussi le fait que ces choses se sont passées conformément à ce qui avait été annoncé (Mt 1.15 ; 2.15, 17, 23 ; 3.3 ; 4.14 ; Ac 17.2-3 ; 18.28). Jésus lui-même, après sa résurrection, promet le don du Saint Esprit à ses disciples et "leur ouvre l'esprit pour qu'ils comprennent les Ecritures" (Lc 24.31-32, 44-49; Ac 2.1-4, 42).

C'est la raison pour laquelle un véritable croyant ne perd pas la foi.

Il est légitime, je crois, d'établir une sorte d'équivalence – sans pour autant les confondre – entre la Parole écrite de Dieu et la personne de Jésus-Christ, la Parole éternelle qui a revêtu la condition humaine. Et de parler pour l'une et pour l'autre d'une double nature. Vrai Dieu et vrai homme dit le Symbole de Nicée Constantinople au sujet de Jésus. Pour le texte biblique, on peut dire de même en prenant en compte que Dieu est l'auteur de ces écrits inspirés (quand Jésus cite l'Ancien Testament, il dit souvent : Dieu a dit, équivalent à : Il est écrit). Mais ces écrits ont aussi des auteurs pleinement humains et ils ont écrit dans un langage et un contexte pleinement humains (1 Th 2.13 ; 2 Pi 1.21).

Ainsi, pour les chrétiens évangéliques, cette humanité (de Jésus et des textes bibliques) n'est nullement niée ; pour autant, elle ne contredit pas l'affirmation que Jésus a vécu sans pécher et que le texte biblique est inerrant : il ne comporte pas d'erreur. Il n'induit pas en erreur. Par exemple, quand le livre de la Genèse décrit la création, elle ne dit certes pas tout, mais elle n'induit pas le lecteur en erreur. Bien-sûr, il y a toute la question de l'interprétation, mais cela dépasse le cadre de notre sujet.

Un mot sur les différentes versions. Si je devais m'exprimer en une phrase, je dirais ainsi : Toutes sont fiables ; aucune n'est parfaite. L'idéal est donc, bien-sûr, de pouvoir se référer au texte original.

On dispose pour l'A.T. de manuscrits datés de la période qui va du IIIème s. av. J.C. au XIIème s. apr. J.C. Quand Jésus dit qu'il « ne disparaîtra pas de la loi un seul iota ou un seul trait de lettre » (Mt 5.18), on peut penser que l'expression renvoie aussi aux précautions que les scribes apportaient à la copie des manuscrits, conformément aux recommandations de Dieu lui-même : « Vous n'ajouterez rien à ce que je vous commande et vous n'en retrancherez rien » (Dt 4.2).

On connaît les scrupules qui habitaient les massorètes qui remplacèrent les anciens scribes pendant la période qui s'écoule entre 500 et 1000 apr. J.C. Ce sont eux qui instruisirent, dans le texte consonantique, les voyelles et la ponctuation. Ils ont utilisé de nombreux moyens, parfois lourds et laborieux, pour se prémunir des erreurs de transmission. Si un copiste faisait une erreur sur un mot, la page entière était détruite. On comptait pour chaque page le nombre de lettres et on précisait la lettre centrale. On faisait de même avec les mots du livre...

La découverte des manuscrits de la Mer Morte a rendu possible un saut en arrière de 800 ans avant le travail des massorètes, c'est-à-dire jusqu'à l'ancêtre commun aux grands rouleaux du Temple.

Le N.T. a connu les vicissitudes de la transmission communes à toute la littérature de l'Antiquité. Le support le plus ancien est le papyrus (roseau) qui se conserve très bien dans le sable du désert. Le deuxième support est le parchemin (peau), résistant à toutes sortes de variations climatiques. Il fut utilisé de l'Antiquité à la fin du Moyen-Age. Présenté d'abord sous forme de rouleaux, il l'a été ensuite en codex (pages reliées par la tranche).

Il existe, il est vrai, des variantes entre les meilleurs manuscrits, mais leur superposition permet d'avoir un texte reconnu fiable à quelques rares passages près (par exemple la finale de Marc).

Le Canon de l'A.T. est celui établi dans la religion juive.
Mais comment l'Eglise a-t-elle été conduite à reconnaître les 27 livres du N.T., puisqu'il existe d'autres évangiles, d'autres lettres de la période apostolique et même d'autres textes apocalyptiques.

 

L'Eglise, en effet, est dépendante du texte sacré, mais celui-ci a été lui-même dépendant d'elle pour ce qui est du canon. Cela ne représente pas une difficulté majeure dans le registre de la foi, puisque la promesse de la direction accordée par Dieu concerne la rédaction du texte et la vocation de l'Eglise qui est aussi son oeuvre.

Certaines fractions de l'Eglise ont été plus longues que d'autres à accepter certains textes (quelques courtes lettres : 2 Pierre, 2 et 3 Jean, Jacques, Jude), ainsi que l'Apocalypse. Inversement, certaines Eglises ont accepté pour un temps des livres qui ne le sont plus aujourd'hui (l'épître de Barnabas, le   Pasteur d'Hermas, les épîtres de Clément). C'est vers le début du IIème siècle, apparemment, que se situent les premiers pas vers la constitution d'une liste canonique des écrits du NT.

Le fait d'avoir 4 Evangiles peut paraître à la fois troublant et rassurant. Dans leur grande majorité, les faits et les paroles rapportés concordent. Quelques divergences peuvent apparaître cependant. Ces divergences poseront la question de la chronologie des faits ou de la pointe retenue d'un récit ou d'un événement. Ces imprécisions sont très relatives quand on considère la vocation principale du texte. Elles s'expliquent notamment par l'intention des auteurs qui ne sont pas identiques.

Marc rapporte les événements sans les commenter, de manière sommaire, tandis que Luc a procédé à une enquête minutieuse, avec l'entraînement du médecin grec qu'il était. Matthieu écrit pour ses frères juifs, tandis que Jean écrit son Evangile beaucoup plus tardivement et de manière plus élaborée. Notons que c'est Luc qui écrit également le livre des Actes qui nous donne la trame historique de la période apostolique, mentionnant les églises qui seront destinataires des lettres de Paul.

Les textes du N.T., pas plus que ceux de l'A.T., ne sont là pour rapporter une chronique à la manière d'un historien. Néanmoins, ils ne sont pas « en dehors » de l'histoire, comme en témoignent les généalogies, les nombreuses mentions de lieux ou de personnages historiques. Dans les écrits de l'historien Flavius Josèphe (37 après JC - vers 100), par xemple, on retrouve bon nombre de personnages connus et certains événements cités dans le N.T.

Les récits de miracles pourront poser question à certains. Notons que le texte lui-même nous parle de personnes qui ont été témoins de miracles opérés par Jésus et qui cependant n'ont pas cru en lui. Mais d'autres ont cru. Il en est de même devant le texte biblique.

Le texte biblique frappera sans doute par son réalisme. Y compris quand il relate des faits étonnants. Je mentionne deux exemples liés aux écrits de Paul.

- Au chapitre 15 de sa première lettre aux Corinthiens, il rappelle l'événement de la résurrection de Jésus, événement perceptible seulement par la foi, dit-on. Certes. Mais Paul, dans ce même passage, démontre la rigueur de sa pensée : en rappelant que la foi doit se tenir au récit exact des événements rapportés, « autrement, vous auriez cru en vain » ; et en notant que Jésus ressuscité est apparu à plus de 500 frères à la fois, dont quelques uns sont morts mais dont la plupart sont encore vivants au moment où il écrit.

- Dans sa deuxième lettre aux Corinthiens, Paul relate une expérience étonnante : il a été élevé « jusqu'au troisième ciel et entendit des choses ineffables qu'il n'est pas permis à un homme d'exprimer » (2 Co 12.1-4). Mais cette confidence est suivie d'une autre : « Pour qu'il ne soit pas enflé d'orgueil », une épreuve lui a été imposée par Dieu. Par trois fois, Paul a supplié qu'elle lui fut ôtée. Mais cette épreuve demeura, avec ces paroles de la part de Dieu : « Ma grâce te suffit, car ma puissance s'accomplit dans la faiblesse » (12.9).


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Je termine ces simples notes avec une citation d'Umberto Eco qui rejoint indirectement notre sujet, un peu à la manière du pari de Pascal :

« Si je considère que Dieu n'existe pas, je dois me demander comment une partie de l'humanité a eu assez d'imagination pour inventer un dieu fait homme acceptant de se laisser mourir pour l'amour de  l'humanité. Que l'humanité puisse concevoir une idée aussi sublime, aussi paradoxale, sur laquelle se fonde une telle intimité avec la divinité, me pousse à éprouver une grande estime pour elle. Cette humanité a fait des choses effrayantes, c'est certain, mais elle a su inventer ça ! Auparavant, elle inventait des dieux qui dévoraient leurs fils, des dieux adultères, des divinités mauvaises, boulimiques, qui mangeaient les êtres humains. Et puis elle a conçu l'idée du sacrifice d'amour. Pas mal ! Dans ce sens, l'invention du christianisme est une belle justification de l'existence de notre espèce, de son droit à l'existence» .
(Cité par Antoine Nouis, dans Réforme).


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