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Le blog de Charles Nicolas
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  • Dans une société déchristianisée où les mots perdent leur sens, où l'amour et la vérité s'étiolent, où même les prédicateurs doutent de ce qu'ils doivent annoncer, ce blog propose des textes nourris de réflexion biblique et pastorale.
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15 mars 2014

Des pères et des mères

 

 

 

Des pères et des mères



Dans un livre récent sur le rôle des mères, un psychologue a exprimé le constat suivant : aujourd’hui, beaucoup de pères s’occupent de leurs enfants, mais ils le font comme des mères. Ainsi, même quand l’enfant a ses deux parents, c’est le soin maternel qui est prépondérant, caractérisé par le désir de protéger, de répondre aux besoins. Or, pour acquérir sa stature d’adulte, l’enfant a besoin, à côté du soin maternel, d’un accompagnement paternel qui se caractérise par l’appel à la responsabilité.

Il serait insensé d’opposer ces fonctions maternelles et paternelles, ou même de les départager de manière trop absolue. Une maman peut bien faire appel à la responsabilité : C’est à toi, maintenant ; tu peux y arriver tout seul ! Et un papa peut bien se montrer protecteur : Attention, tu vas te faire mal… Dieu lui-même, nettement présenté comme un père dans la Bible, est porteur de dimensions toutes féminines dans ses rapports avec son peuple. Un verset du Psaume 103 le démontre tout particulièrement : « Comme un père a compassion de ses enfants… » (v.13). Or, le mot compassion désigne, en hébreu, les entrailles maternelles, ou le sein qui se penche pour nourrir !

Il n’empêche que ces vocations maternelles et paternelles ne sont pas équivalentes, ni interchangeables. Elles sont complémentaires, et nécessaires toutes les deux. Cela nous parle de l’environnement de l’enfant dans le cadre de la famille. Cela nous parle aussi des ministères dans l’Eglise, cette autre famille où des enfants dans la foi doivent être accueillis et, peu à peu, devenir des adultes dans la foi !

Il est clair que le rôle d’un berger est constitué par les deux dimensions – maternelle et paternelle – dont nous avons parlé : nourrir, protéger, mais aussi donner la direction, faire aller de l’avant. Le verbe ‘paître’, qui en grec a la même racine que le mot berger, exprime à lui seul tout cela. Qu’il est précieux que Jésus se soit attribué cette vocation pour nous, mais aussi qu’il l’ait confiée à ses apôtres, après lui et de sa part. Pas seulement adresser appel, mais aussi protéger, nourrir ; pas seulement consoler, prendre soin, mais aussi exhorter, reprendre !

L’apôtre Paul donne de cette vocation pastorale – reflet de l’attitude du Seigneur lui-même – un très beau témoignage dans sa première lettre aux chrétiens de Thessalonique. « De même qu’une nourrice prend un tendre soin de ses enfants, nous aurions voulu, dans notre vive affection pour vous, non seulement vous donner l’Evangile de Dieu, mais encore nos propres vies, tant vous nous étiez devenus chers » (2.7-8). « Vous savez aussi que nous avons été pour chacun de vous ce qu’un père est pour ses enfants, vous exhortant, vous consolant, vous conjurant de marcher d’une manière digne de Dieu qui vous appelle à son royaume et à sa gloire » (2.11-12).

Il n’est pas très difficile de remarquer que, dans un grand nombre d’églises, l’accompagnement de nature maternelle est devenu clairement prépondérant. Il y a à cela beaucoup de raisons : la préservation de la sphère privée, la crainte, le manque de perspective, la perte des repères, le soupçon qui touche la notion d’autorité, le désir de se démarquer des modèles ‘sectaires’, etc… Une fois de plus, l’Eglise semble être le reflet de son époque, plus que le reflet de son Seigneur.

La psychanalyse a envahi de nombreux champs d’investigation, mettant l’accent sur la subjectivité, la démarche singulière de chacun, la ‘victimisation’, la pluralité des possibles… Tout cela est très bon et répond au besoin de précaution, de respect, de sensibilité dont nous sommes tous porteurs. Le problème, c’est que cette dimension ne prend pas en compte toute la réalité : celle de Dieu d’abord, en qui la patience et la douceur ne contredisent nullement l’autorité et la sainteté ; celle de l’homme ensuite, dont le statut de victime n’abolit pas celui de créature responsable.

Il en résulte ce qu’on pourrait appeler une « féminisation des pratiques » ; disons un déséquilibre. La prédication prend en compte la souffrance, rarement le péché ; elle annonce le pardon, rarement la sainteté ; elle se montre compréhensive, mais elle évite les questions difficiles ; elle est parfois moralisante, mais on entend rarement d’appel à la repentance, à la décision, à l’engagement… Il est de même pour ce qui est de l’accompagnement pastoral qui, quand il existe encore, est bien souvent timide, auto censuré, minimal… (Je parle d’une manière générale, bien-sûr). Dans ce contexte, on comprend l’engouement actuel des églises pour l’engagement humanitaire ou social (faussement appelé diaconat).

Nous l’avons dit : il ne s’agit pas d’opposer les approches. Elles correspondent à des besoins légitimes, à des vocations que Dieu suscite. Dieu agit au travers des mères ; il agit au travers des pères. Dans les maisons comme dans l’Eglise de Jésus-Christ, préservons – retrouvons s’il le faut - l’équilibre que donne l’Ecriture sainte, l’impulsion que donne l’Esprit saint : c’est un Esprit d’amour et de vérité, un Esprit de consolation et de sainteté. Il y va de notre santé, de notre croissance, de notre témoignage.

Charles NICOLAS

 

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