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Le blog de Charles Nicolas
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  • Dans une société déchristianisée où les mots perdent leur sens, où l'amour et la vérité s'étiolent, où même les prédicateurs doutent de ce qu'ils doivent annoncer, ce blog propose des textes nourris de réflexion biblique et pastorale.
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24 février 2014

Rencontrer la personne qui souffre (1)

 

 

Rencontrer la personne qui souffre (1)



La plupart d'entre nous avons déjà atteint l'âge mûr et nous avons appris autrement que dans les livres que la vie est faite de beaux moments mais aussi de moments ou de périodes difficiles, voire très difficiles. Même en dehors des hôpitaux. Un des amis de Job n'a-t-il pas dit : « L'homme naît pour souffrir comme l'étincelle pour voler ! »1 Mais alors, si la vie ressemble plus d'une fois à un combat astreignant, où toutes nos ressources sont sollicitées pour poursuivre la marche pas après pas, que dire quand, EN PLUS, la santé est défaillante, la douleur persistante, l'inquiétude 'tenaillante' ? Déjà aller chez le médecin... Mais quand il dit : Je crois qu'il faut envisager une hospitalisation…

Plusieurs d'entre nous avons vécu cela, et nous savons qu'à ce moment-là, quelque chose vacille, le centre de gravité, les priorités, les projets, les relations, l'horizon, la vie et même la mort, tout est bousculé. Tout ce que l'on a patiemment mis en place est soudain voilé, comme suspendu à un fil. Les plus forts se raccrochent encore à quelque chose ; les plus fragiles ont l'impression que la vie leur glisse entre les doigts...


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1. La souffrance, une expérience en lien avec le sacré



Imaginez le vocabulaire qu'on entend soudain : prise de sang, scanner, prélèvement, ponction, traitement, effets secondaires, surveillance médicale, perfusion, examen, anesthésie, bloc opératoire, détresse respiratoire, biopsie, tumeur, résultats d'analyses... Tous ces mots dessinent un paysage de fiction où l'on en vient à se demander si ce n'est pas la santé qui est une fiction. On a toujours pensé que c'était pour les autres. Quand il semble que c'est pour moi, le premier réflexe est de songer à une erreur. « Ils se sont trompés. Ce n'est pas possible ». On parle alors d'un temps de 'sidération', presque un état second. Le médecin dit : « Ce que vous avez est sérieux » et le malade répète à sa famille : « Il a dit que ce n'est rien ». La mort elle-même se profile peut-être, la mort occultée partout, sauf à la télévision (mais c'est un écran ! ) ; la mort cachée dans l'hôpital ; cachée même à l'hôpital.

Songez seulement à cela : dans nos églises autrefois, presque tous les cantiques avaient une strophe pour évoquer le grand passage, le terme de notre temps sur la terre, le moment de rejoindre le Seigneur. « Si nous devons bientôt quitter ces lieux bénis, nous nous retrouverons là-haut pour toujours réunis ! ». Les enfants entendaient cela dès leur plus jeune âge. Ces strophes ont pratiquement toutes disparues aujourd'hui. C'est à dire que même dans le milieu chrétien, la mort est occultée. Or, cela affecte notre attitude tout entière par rapport à la vie, à la souffrance, à Dieu.


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La technique à l'hôpital prend une place de plus en plus grande, avec des appareils et des outils de plus en plus performants mais de plus en plus envahissants aussi, avec un risque de déshumanisation qui ne doit pas être négligé. Suis-je encore une personne véritable, ou suis-je devenu un cas sur lequel on se penche ?

Cicely Saunders (1918-2005), une chrétienne anglaise qui a été une des pionnières des soins palliatifs, a parlé de 'douleur totale' (total pain en anglais) quand, la douleur physique et la souffrance morale se conjuguant, la personne tout entière est submergée, comme dépossédée d'elle-même.


A partir de ce moment-là, un temps différent s'ouvre, un chemin singulier se dessine, une perception nouvelle de ce qui nous entoure, de ceux qui nous entourent aussi. Un temps où certaines choses importantes ne comptent plus du tout et où les moindres détails se mettent à parler. Un regard, un sourire, un mot, un sourcil qui se lève, un front qui se fronce, un geste de la main, des pas dans le couloir.

Les soins palliatifs ont beaucoup fait pour introduire la notion de la globalité de la personne. On ne soigne pas une maladie ou un corps mais une personne. Ce n'est pas si évident et on a beau le rappeler, le risque existe toujours... Ce qui est significatif aujourd'hui, c'est qu'après avoir intégré la dimension du psychique (j'ai l'impression qu'un tiers des maladies sont causées par les médicaments et qu'un autre tiers relève du psychosomatique), le corps médical prend conscience maintenant de l'importance de la dimension spirituelle. Oh, ils ne vont pas la définir nécessairement comme nous le ferons nous-mêmes en tant que chrétiens, mais quand-même... A l'heure où même les aumôneries (!) sont tentées de réduire leur discours à un niveau simplement humain (psychologique), pour mieux passer, un rappel nous est adressé ainsi. L'apôtre Paul n'a-t-il pas écrit, déjà : « Que tout votre être (notion globale de la personne !), l'esprit, l'âme et le corps, soit conservé irrépréhensible lors de l'avènement de notre Seigneur Jésus-Christ » ? (1 Th 5.23)


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Devant la promotion d'élèves aide-soignants, nous établissons le contact en leur demandant de dire les mots qui viennent à leur esprit quand ils entendent le mot aumônerie. La moisson est riche, à la fois prévisible et surprenante : maladie, souffrance, rencontre, douleur, inquiétude, soins, écoute, attente, détresse, solitude, recueillement, reconnaissance, angoisse, fin de vie, prière, respect,  joie... Oui, sur le tableau j'ai écrit détresse, et un peu plus loin joie. Tout y était.

Il y a quelques jours, nous avons reçu le témoignage de B., encore jeune. Elle a perdu ses cheveux, sa maladie est sérieuse. Elle se prépare à toute éventualité, passant par des moments de joie et des moments d'angoisse. Des moments de joie ? Il faut dire qu'il y a six mois, lors d'un précédent séjour, alors qu'elle apprenait sa maladie, elle nous avait confié le fardeau qui pesait sur son cœur : un pardon à accorder depuis 40 ans, qui ne voulait pas venir. Plusieurs échanges, prière. Après un week-end de larmes, le pardon est venu comme une délivrance. Son témoignage commence par ces mots : Apaisement, joie, délivrance. Je me dis que quand je rentrerai chez moi, ce soir, je ne croiserai probablement aucune personne sur le boulevard qui sera aussi heureuse qu'elle, malgré son cancer.

Toute maladie, même bénigne est porteuse du rappel de la mort possible, sinon prochaine. C'est ce qui en fait une expérience qui s'apparente au domaine du sacré.

On peut considérer que chaque être humain porte en lui une souffrance liée à l'approche de la fin de vie : elle est seulement enfouie, couverte, niée ou encore lentement apprivoisée selon les étapes de la vie, au gré des épreuves qui, toutes, annoncent l'épreuve finale que constitue la confrontation avec sa propre mort. « Tant que l'homme se saura mortel, a dit Woody Allen, il ne sera jamais vraiment décontracté ». Le nombre important des suicides – comme aussi le développement de toutes les addictions – confirme cet immense désarroi latent dans le cœur de tant de nos contemporains.

Ainsi, nous pouvons regarder l'hôpital comme un lieu où se retrouve – en condensé – la diversité des souffrances humaines avec les questions qui en découlent, notamment (mais pas seulement) dans la perspective de fin de vie. Ainsi, les leçons apprises à l'hôpital, les attitudes et aptitudes développées dans ce milieu seront-elles instructives d'une manière plus générale.


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Je propose de prolonger notre réflexion avec deux questions, pas forcément très faciles mais importantes, en rapport avec l'accompagnement des personnes malades. La première est celle-ci :



2. Y a-t-il un accompagnement différent  pour une personne malade ?



Remettre en cause la différence de statut entre la personne malade et la personne en bonne santé peut passer aux yeux de beaucoup comme très inconvenant, irrespectueux. Nous pouvons le comprendre. C'est comme si on disait qu'entre une personne handicapée et une personne disposant de tous ses moyens, il n'y avait pas vraiment de différence. C'est insultant !

Nous pourrons voir une autre fois ce qui relève de cette différence de situation, avec les précautions qui s'imposent. Mais aujourd'hui, je fais une proposition différente : fondamentalement, la situation des uns et des autres est la même. Pour ce qui est de la grâce, du péché, du pardon, de la foi, du Saint-Esprit, de l'Evangile, de l'espérance, de l'amour, il n'y a pas de différence. En conséquence, l'accompagnement devrait être fondamentalement le même. L'injustice serait même d'établir une différence (sinon dans la manière de dire les choses).

Y a-t-il un Evangile pour les enfants et un pour les adultes ? Un pour les riches et un pour les pauvres ? Un pour les français et un pour les étrangers ? Un pour les personnes malades et un pour les personnes bien portantes ? Non. De ce point de vue, la Parole de Dieu est égalitariste !

Dans une société qui vit sans espérance, les conditions de vie présentes (le statut social, les diplômes, le pouvoir d'achat, la réussite professionnelle, la santé, l'âge de la retraite, la durée de la vie...) prennent une immense importance. De ce fait, les malades – comme d'ailleurs les pauvres, ou les étrangers – acquièrent aux yeux de beaucoup une sorte de statut privilégié qui est sensé les dispenser de certaines responsabilités, de certaines démarches propres à tous les hommes. Nous avons entendu mille fois ce genre d'évangile présenté à partir de la parabole du jugement des nations, en Matthieu 25. Avec une logique du même ordre – le salut par la souffrance ou par le statut social -  la personne malade peut aussi être regardée comme étant au bénéfice d'une sorte d'exonération : ne devrait-elle pas d'emblée être aimée, pardonnée, acceptée, sauvée ? N'a-t-elle pas déjà assez souffert comme ça ? Dès lors, l'accompagnement pastoral se définira sur le registre de l'écoute, de la compassion, de la consolation, de la chaleur humaine. Cela correspond à un mouvement qu'on appelle le « care », aujourd'hui : le « prendre soin ».

Nous voyons cela au travers d'un phénomène que l'on nomme aujourd'hui le syndrome de  victimisation, bien repéré dans le milieu judiciaire notamment. Les personnes victimes d'une catastrophe, d'un attentat, d'un licenciement, etc. s'associent pour revendiquer des droits (peut-être légitimes, d'ailleurs, jusqu'à un certain point), mais de telle sorte qu'elles s'installent dans une identité de victime de laquelle elles ne peuvent plus sortir ensuite. Entretenir ce sentiment de victime n'aide pas, que cela concerne des personnes ou des pays.

La définition de l'accompagnement spirituel ou pastoral que la Bible nous propose impose d'avoir une préoccupation identique pour tous, sur la base de critères invariables. Il n'y a pas un accompagnement spirituel différent, il y a seulement un accompagnement spirituel adapté pour les malades et pour les personnes âgées, et même pour chaque malade comme pour chaque personne âgée.
La seconde question que je voudrais proposer, avant de terminer, est celle-ci :



3. Y a-t-il un accompagnement spécifique
pour les chrétiens malades ou en fin de vie ?



Comme pour la première question, je répondrai par oui et par non.
Par non d'abord. En effet, un chrétien malade ou en fin de vie ressemble beaucoup à un non chrétien malade ou en fin de vie ! De même un pauvre ou une veuve peuvent bien être regardés de la même manière, qu'ils soient chrétiens ou pas ! Cela est vrai d'un point de vue humain, technique, social, et ce n'est pas rien.

Cependant, du point de vue de la foi, du point de vue de la marche chrétienne, du point de vue de la communauté de l'Eglise, des différences existent qui ne doivent pas être atténuées. Un siècle de laïcité a fait croire aux chrétiens (alors que la loi ne le leur demandait pas) que le regard de la foi devait se cantonner au culte du dimanche matin... Quelle démission ! Quelle trahison !

Pour de nombreuses personnes aujourd'hui, le fait d'établir une différence de statut entre un chrétien et un non-chrétien pose problème. La citoyenneté républicaine prime, semble-t-il, au mépris des promesses et de l'espérance chrétiennes. César l'emporte sur Dieu ! Le contexte humaniste dans lequel nous évoluons (l'Evangile des Droits de l'homme) impose ses présupposés. Même dans l'Eglise. La conception qui prévaut tend à devenir celle-ci : L'Evangile, c'est la fin de toutes les discriminations, avec pour slogan cette formule rendue célèbre par Gandhi : Tous les hommes sont frères. Evidemment, c'est consensuel. Mais la Bible ne dit jamais cela !


Le mot 'tous' dans le Nouveau Testament s'applique quasiment toujours aux chrétiens et à eux seuls, de même d'ailleurs que l'expression 'les uns les autres'. Lire par exemple  Jean 13.34-35 ; 17.9, 20-21 ; 1 Co 12.13, 26 ; Ph 4.21-23 ; 1 Pi 1.22...

Je voudrais rappeler rapidement quelques principes bibliques qui, je l'espère, vont nous aider à préciser notre pensée.

a. La Bible n'est pas anthropocentrique, elle est christocentrique. Le christocentrisme biblique implique logiquement une focalisation sur l'Eglise, non pas en tant qu'institution mais en tant que Corps de Christ. En un sens, l'Eglise est la seule et unique préoccupation de la révélation biblique (Jn 17 ; 1 Co 6.1-4 ; 15.22-23. Cf. Gn 12.3). On attribue à Jeanne d'arc, je crois, cette formule : « Christ et l'Eglise, c'est tout un ! ». Elle trouve une confirmation dans de nombreux passages du Nouveau-Testament, parmi lesquels celui-ci, particulièrement éloquent : « Je suis Jésus que tu persécutes » dit le Christ ressuscité à Saul qui persécute des chrétiens ! (Cf. Ac 9.5).

Cela met en évidence un principe qui se retrouve tout au long de l'Ecriture et qui constitue, à mes yeux,  une clé d'interprétation :
Ce que l'ont fait au peuple de Dieu (en bien ou en mal), on le fait à Dieu (Mal 2.8 ; Hb 6.10).
Ce que l'on fait à un membre du corps de Christ, on le fait à Christ (Mt 10.42 ; 25.40 ; Mc 9.41).

Il y a à cela d'innombrables implications, parmi lesquelles la priorité accordée au soutien des membres les plus fragiles du peuple de Dieu, ce que l'apôtre Paul appelle l'assistance destinée au saints.

b. Une question se pose aujourd'hui : qu'en est-il de l'accompagnement diaconal, si celui-ci a précisément pour objectif « l'assistance destinée aux saints » (Ro 12.13 ; 15.25-26 ; 2 Co 8.4 ; 9.1, 12) ? Le mot 'assistance' dirige notre attention vers les personnes fragiles, vulnérables : les personnes seules, âgées, malades, démunies.


Dans la perspective biblique, il ne s'agit pas là d'action sociale ou humanitaire (bien que ces engagements aient leur valeur aussi, bien entendu). Il s'agit d'œuvrer de telle sorte que les membres les plus fragiles de l'Eglise ne soient pas exposés à l'isolement, au découragement, au doute, et ne se considèrent pas en dehors de la communion de l'Eglise.

Remarquons qu'en 1 Co 12, Paul parle de division dans l'Eglise, non pas pour une raison doctrinale, mais parce qu'on a négligé de prendre soin les uns des autres, et notamment des plus fragiles parmi les membres du corps de Christ (12.24-26). L'enjeu, c'est la communion.  Or, la communion est le propre de ceux qui appartiennent à Christ. Parmi les enjeux de la communion, il y a la présence de Dieu au milieu de son peuple, le témoignage dans ce monde et l'action de grâce qui est proche du culte (2 Co 6.16 ; Jn 13.35 ; 17.23 ; 2 Co 9.12-15).

Les pauvres dont nous parle la Bible, mais aussi les veuves et les orphelins, etc., sont toujours des membres de l'Eglise. (Voir Ac 6.1ss ; 4.34 ; 11.29 à rapprocher de Ga 2.10). Cela est dit textuellement à plusieurs reprises. Je sais que cette compréhension du ministère diaconal passe souvent pour être étroite, fermée. Elle est simplement réaliste. Jésus était-il étroit ?

En un sens donc, il n'y a pas de différence entre l'attention qui est portée à un non chrétien qui souffre et celle qui est apportée à un chrétien qui souffre. Une veuve du monde peut bien être aidée comme une veuve de l'église, si Dieu la place près de moi. Cependant, le mandat explicite que Dieu donne à son Eglise, c'est de prendre soin des veuves au milieu de son peuple. Cela n'est pas une exclusion, cela est un témoignage. Le « Aimez-vous les uns les autres » de Jean 13 concerne les chrétiens et eux seuls. S'ils comprennent et vivent cela, alors « tous sauront » qu'ils sont les disciples du Seigneur.



En réalité, quand j'aime mon frère ou ma sœur chrétiens,
c'est Christ que j'aime au travers de lui,
                               et c'est Christ qui l'aime au travers de moi. C'est grand !

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Silence Hôpital ! La dimension du recueillement, combattue par les postes de télévision dans les chambres, est présente toutefois. Le temps d'hospitalisation, c'est un peu comme le temps du désert où la vie et la mort se côtoient d'une manière inhabituelle. C'est à la fois le temps de la solitude et de la rencontre. Le temps où Dieu semble absent... pour mieux parler au cœur. Le temps où la fragilité, l'incertitude, la dépendance, rendent l'âme plus transparente.

« Dans leur détresse, ils crièrent à l'Eternel, et il les délivra de leurs angoisses » (Ps 107.6).
« Quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme la porte et prie ton Père qui entend dans le secret ». Cela tombe bien : à l'hôpital, c'est plein de chambres !

A l'hôpital on est couché, mais on peut avancer de manière étonnante. A l'hôpital, certaines personnes font plus de chemin en quelques jours que pendant 30, 40 ou 60 années de vie.

L'hôpital est un lieu de souffrance, mais pas seulement !


 Charles NICOLAS

 

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Annexe

Et les autres ?



La question est légitime et il n'est pas si facile d'y répondre simplement. Prenons seulement garde de ne pas quitter le terrain scripturaire pour trouver réponse. Prenons garde à la place que nous accordons à ce que pensent les autres : rappelons-nous qu'à divers égards, la révélation biblique est inacceptable en dehors de la foi. Demandons-nous si la Bible pose cette question et si oui, comment elle y répond.

Nous nous rappelons que Dieu se soucie de tout ce qui vit, ce qu'il a démontré par son alliance avec Noé (Gn 9.8-13 ; Ac 14.16-17). Jésus ne dit-il pas que Dieu sait quand un petit oiseau tombe à terre ? (Mt 10.29).

Nous nous rappelons que tous les hommes, sans exception, sont créés à l'image de Dieu. Ce n'est pas rien. Mais par son alliance avec Abraham, accomplie en Jésus-Christ, Dieu démontre un dessein particulier pour son peuple racheté. Quand Dieu demande de se soucier du bien de la ville où Israël est captif, c'est parce que le bonheur de son peuple dépend de celui de la ville (Jr 29.7) ; quand il demande de prier pour les autorités, c'est pour que son peuple vive une vie paisible et tranquille (1 Tm 2.2). Et les autres ? Tout compte-fait, il en est peu question, me semble-t-il.

Je ne peux allonger cet examen davantage ici, mais renvoie à une affirmation de l'apôtre Paul qui apporte une indication éclairante : « Honorez tout le monde ; aimez les frères ; craignez Dieu ; honorez le roi » (1 Pierre 2.17). Honorer, ce n'est pas rien, nous le savons : c'est reconnaître la valeur. Chaque être humain a une valeur qui dépasse ce que l'on imagine sans doute. Mais le verbe aimer, il me semble, est réservé au peuple de Dieu13, avec des implications concrètes qui sont inapplicables – et donc utopiques – à l'échelle de la cité. Or, l'Evangile est tout sauf une utopie.





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